L'orme médiéval de Saint-Gervais-Saint-Protais
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Quand : 1300 - 1789
Le mieux, pour voir la belle façade classique de l’église (XVIIe s), c’est encore la place Saint-Gervais. Célèbre pour son grand orme qui s’épanouit là...
Bon, l’arbre actuel date du XXe s. Mais saviez-vous que le précédent datait du Moyen Age ?
Attendre sous l'orme !
Notre orme est mentionné en tant qu’ourmeciau dans le Dit des rues de Paris, le récit de Guillot, au tout début du XIVe s.
On plantait un orme devant une église, la maison du seigneur ou à un carrefour, au Moyen Age.
Car c’est sous l’orme, à l’époque, qu'on rend la justice.
Que les marchands parlent affaire, après la messe.
Que les gens viennent se retrouver pour payer des redevances.
Tenez : en 1443, les archives mentionnent que les propriétaires de vignes de la Bastille « devaient payer la rente à l’orme Saint-Gervais, le jour de la saint Rémi et à la saint Martin. »
C’est sous l’orme que se réunissent les juges pédanés ou « juges de dessous l’orme ».
Pédanés ? Le mot désigne des juges de villages n’ayant pas de siège d’audience particulier, dit le dictionnaire le Littré !
D’où l’expression « attendre sous l’orme » ?
A moins que ce ne soit un autre orme, celui du château de Gisors ?

L'orme de Saint-Gervais | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Palmiers et ormes
En fait, planter un orme devant une église viendrait d’une très ancienne tradition.
Les premiers chrétiens gravaient une palme sur le tombeau de leurs saints martyrs, comme symbole de la victoire.
Et on allait planter des palmiers et des ormes devant les églises dédiées à ces martyrs.
En tous cas, l’orme de Saint-Gervais-Saint-Protais a été abattu à la Révolution, pour fabriquer des affûts de canon.
Mais ouvrez l’œil : on le retrouve aujourd’hui immortalisé sur les miséricordes des stalles de l’église !

L'orme sur une des stalles | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Sources
- J.-B. de Saint-Victor. Tableau historique et pittoresque de Paris. 1809.
- J. de Gaulle. Nouvelle histoire de Paris et de ses environs. 1839.
- J.A. Dulaure. Histoire physique civile et morale de Paris. 1857.
- Les églises de Paris. Martinet & Mathieu, 1843.