37 incroyables vitraux Renaissance
L’église abrite une incroyable série de 37 vitraux de la seconde moitié du 16e siècle.
L'une des plus belles collections de la Renaissance, en France !
Les plus anciens, dans le chœur, datent de 1543-1544.
Aucune verrière de l’église de Montfort-l’Amaury n’est signée par quelconque peintre-verrier que ce soit : les archives sont muettes à ce sujet.
Quant à leur origine, des historiens de l’art ont penché pour Dreux, Beauvais ou plus généralement l’Île-de-France.
En fait, il a dû coexister plusieurs peintres, issus de différents ateliers !
Une première : la peinture à l'émail
Plusieurs verrières utilisent la peinture à l’émail sur le verre incolore : un procédé expérimenté par les verriers du 16e siècle, permettant plus de finesse dans les détails.
C’est la première fois en France que l’émail bleu et violet est utilisé, en 1543-44. Oui, on a la date exacte !
On voit particulièrement bien ces couleurs dans les vêtements du Christ, dans la baie 15 (l’Ecce Homo), dans le collatéral nord du chœur.
Fragments brisés et plomb neuf
En 1835, l’inspecteur général des Monuments Historiques Prosper Mérimée visite l’église.
Il constate que les vitraux sont dans un état dé-plo-rable !
Il suggère :
- de protéger la dizaine de fenêtres qui le mérite ;
- de réunir en une grande baie les fragments cassés ;
- d’acheter, pour compléter, des verrières à Metz.
Un avis que personne, heureusement, n’a suivi !
Elles sont restaurées entre 1850 et 1858, envoyées dans l’atelier de M. Maréchal, peintre-verrier de Metz : il pose du plomb neuf, mais effectue aussi des retouches sur des morceaux brisés tels que mains, têtes ou parties de vêtements...
Zoom sur les vitraux !
Les sujets représentés sont tirés du Nouveau Testament, complétés par quelques scènes bibliques.
Voici ci-dessous quelques morceaux choisis !
N°3 : l'Agneau mystique
Cette verrière est un assemblage de plusieurs éléments.
Notamment ce détail, qui présente des fragments de scènes relatives à la légende de saint Eustache, et la bannière de l’Agneau mystique.
N°4 : l'Arbre de Jessé
Ce vitrail date de… 1840 ! Il illustre la généalogie de la Vierge Marie.
On le doit au verrier parisien Billard, aux frais d’un certain monsieur Lambin.
C’est lui qui s’est fait représenter aux côtés de son épouse et de ses enfants, en bas du vitrail, en costume du 16e siècle !
N°6 : saints Louis et Henri
Saints Louis et Henri se font face, dans ce vitrail très restauré, au 18e, puis au 19e siècle.
N°7 : la vie de la Vierge
Le détail ci-dessous représente la dormition de la Vierge Marie.
La verrière a été offerte par Claude Tourette, avocat à Montfort, représenté ici avec son épouse et leurs deux filles.
N°9 : saint Paul
Cette verrière date du milieu du 16e siècle.
On a saint Paul se faisant décapiter, au premier plan, sur ordre de Néron : les conseillers de ce dernier apparaissent à l’arrière-plan, en grisaille, sous un portique.
N°11 : la Crucifixion
Cette verrière date du milieu du 16e siècle.
Notez la beauté des détails des costumes représentés !
N°13 : saint Pierre
Ce vitrail date du milieu du 16e siècle.
On voit Pierre condamné par Hérode, puis mené en prison, où un ange le délivre.
Notez le décor d’architectures mêlant monuments romains et ruelles médiévales.
N°15 : Ecce Homo
Cette verrière date de 1544 : sa composition s’inspire d’une gravure de Lucas de Leyde.
C’est ici que le violet et le bleu (peinture à l’émail) sont utilisés pour la première fois en France, en 1543-44 : on les voit sur les vêtements du Christ et ses bourreaux.
L’homme représenté, dans le couple de donateurs, s’appelle Joseph Prévost, conseiller du roi au Châtelet.
N°16 : l’enfance du Christ
Cette verrière date de 1543 (la date est lisible sur le sol de la crèche).
Le détail représente l’Adoration des mages.
De la peinture à l’émail bleu a été utilisé pour les montagnes : encore, une fois, il s’agit d’un des premiers exemples français utilisant cette technique !
N°18 : saint Yves
Cette verrière est consacrée à Yves, saint breton patron des avocats, mort en 1303.
Pourquoi le trouve-t-on là ? Peut-être parce qu’un important tribunal siégeait à Montfort-l’Amaury, au 16e siècle !
Le détail ci-dessous figure la naissance d’Yves : un ange annonce à sa mère, alitée, que l’enfant qui va naître aura une vie sainte, vertueuse !
N° 20 : saint Hubert
La scène représente l’apparition du cerf, une croix lumineuse entre les bois, à saint Hubert, alors en pleine chasse dans la forêt.
On voit près de lui un écuyer tenant son cheval et ses chiens.
N°24 : l’Adoration
Cette Adoration des mages du milieu du 16e siècle est entièrement composée en grisaille, avec des touches de jaune d’argent.
Une verrière mal conservée, d’où son état actuel, vous avez dû le voir : un souci de cuisson, pendant la fabrication.
N°26 : sainte Anne
Une verrière donnée en 1572 par la confrérie Notre-Dame.
On le sait grâce à l’inscription : « L’an 1572, au mois d’août, cette verrière a été donnée des bienfaits des confrères de la Confrérie Notre-Dame. Priez Dieu pour eux. »
Le détail ci-dessous représente la scène de la naissance de la Vierge Marie, la fille d’Anne, « composée comme une scène de genre. »
N°29 : la Charité
Au centre, l’allégorie de la Charité allaitant, entourée d’enfants.
Des scènes de distribution de nourritures et de vêtements encadrent des éléments héraldiques.
Il s’agit de l’une des dernières verrières posées dans l’église, vers 1600 !
Sources
- Collectif. Montfort-L’Amaury : les verrières de l’église paroissiale Saint-Pierre. Itinéraires du Patrimoine, 1994.
- Adolphe de Dion. Montfort-l'Amaury : son église, ses vitraux, son cimetière. 1902.