
Ludre et Léocade
Un trésor dans l'église ? Oui ! Par là... Quelques marches, et vous y êtes.
Les 2 cryptes se composent d'une salle unique d'environ 2 m 50 sur 3 m de large.
Elles sont voûtées, et l'une d'elles contient le magnifique sarcophage de saint Ludre, décrit pour la première fois dans les textes de Grégoire de Tours.
Mais Ludre, qui est-ce, au juste ?
Pour évoquer ce saint, on doit d'abord parler de son père, Léocade, sénateur ou proconsul romain au 3e siècle.
L'empereur Auguste l'a envoyé en Berry et en Bourgogne, pour y être gouverneur.
Il s'installe à Déols, où il se serait fait construire un palais.
Il donne sa luxueuse maison de Bourges au premier évêque du Berry, saint Ursin, pour qu'il y construise l'actuelle cathédrale Saint-Étienne, puis...
Léocade devient chrétien avec son baptême et celui de son fils, Ludre, juste avant que celui-ci ne meure.
Les tombeaux
Et voilà ! Ludre et Léocade reposent tous les deux de chaque côté du maître-autel, dans de petites cryptes.
Le sarcophage de Ludre est en marbre blanc.
Une matière quasiment inconnue dans nos contrées à l'époque, ce qui fait penser que la pierre viendrait d'Italie ! Il se compose de 3 parties :
- La base avec sa brèche (ce trou permettait à des enfants malades de se glisser en dessous, parait-il qu'ils guérissaient aussitôt... D'autres râpaient un peu de pierre : avec la poussière obtenue, ils se concoctaient un breuvage souverain ;
- le sarcophage à proprement parler avec son couvercle.
Le devant du tombeau est décoré d'un superbe bas-relief en ronde-bosse, représentant une chasse aux lions, aux cerfs et aux sangliers ; des personnages revêtus de tuniques romaines, à cheval, d'autres à pied, les attaquent, accompagnés par des chiens.
Beaucoup y ont vu une représentation de Léocade, surtout avec ce lion à terre, blessé : leo cadit, « lion tombé » !
Assez proche du prénom de Léocade, non ?
Le tombeau de Léocade est beaucoup moins riche que celui de son fils : réalisé en simple pierre de taille, on ne voit aucun ornement, à part une petite frise de feuillage sur le haut.
Au 17e siècle, les restes du sénateur sont encore dedans : la Révolution les a probablement fait disparaître...
Ludre, qui repose depuis tout ce temps dans sa petite crypte de Déols, est depuis vénéré dans tout le Berry...
Sources
- Daniel Bernard, Bernard Gagnepain. La Champagne berrichonne autrefois : Châteauroux et Issoudun en 1900. Éditions Horvath, 1985.
- Louis Leroy. Histoire des pèlerinages de la sainte Vierge en France (tome 2). 1874.
- Alexandre Du Sommerard. Les arts au Moyen Âge (tome 2). 1840.
- Notice Des sépultures de saint Ludre et de Léocade dans l'église de Déols. Compte-rendu des travaux de la Société du Berry à Paris (année 9). 1862.
- Just Veillat. Pieuses légendes du Berry. 1864.