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Les petites histoires du gouffre de Proumeyssac

Quand : 1775 - 1950

L'intérieur | TwoWings / Public domain
Cavité naturelle Accident Exploration Gouffre de Proumeyssac

Le gouffre de tous les dangers

Truands, suicides et accidents

Dans le coin, on l'appelle le Trou-de-Promeissat, « trou de Promeyssac. »

Un gouffre auréolé de mystères, de légendes terribles...

Légendes, car on dit que brigands et truands de tous poils venaient cacher leur butin ou faire disparaître leurs malheureuses victimes...

Sorciers, esprits en tout genre, âmes errantes peuplent ses profondeurs...

Ce qui est sûr, c'est que ce gouffre a fait bien des victimes, suicides ou accidents !

Avec tout cela, on décide de faire fermer le trou à l'aide d'une voûte.

Mais mal construite, elle s'effondre plusieurs fois... sans que l'on ne la refasse jamais !

Canards à la broche ?

On ne l'avait jamais encore exploré, ce gouffre. On ne sait pas ce qu'il cache.

Si, on sait juste que des vapeurs en sortent, des émanations plus ou moins toxiques...

Du coup, les gens le regardent comme le cratère d'un ancien volcan...

Des petits génies en herbe se lancent dans des expériences farfelues : ils avaient jeté deux canards vivants dans le gouffre.

Les pauvres oiseaux étaient ressortis après un long moment à Perdigat, à l’entrée d'une cavité qui déversait les eaux d'une source, les ailes complètement carbonisées !

Voyage... au centre de la terre

En 1775, un habitant du coin descend dans le gouffre. Téméraire, le gars !

Dans une main, il tient une corde reliée à une petite cloche, en haut.

Comme cela, s'il lui arrivait un pépin, il pouvait se faire remonter immédiatement !

Il ne peut pas descendre très bas, l'air devenant irrespirable.

Une fois remonté, il explique ce qu'il a vu, « de grandes cavités d'où s'exhalait une vapeur étouffante. »

Mhhh, cela ressemble à l'entrée de l'Enfer, ce trou-là !

Plus sérieusement, un certain Latapie, inspecteur des manufactures, tente l'expédition en 1778. Il écrit dans son carnet de voyages :

« Il y a un trou, fameux dans le pays par la quantité de personnes qui y ont péri, les unes par accident, les autres volontairement. On l'appelle le Trou de Proumeyssac. En jetant de la paille enflammée qui a achevé de brûler au fond, et à diverses reprises, j'ai vu sensiblement la base de ce trou mais il est couvert de cailloux qu'on y a jetés. Ce trou, comme je l'ai dit, est fameux dans ce pays-ci à cause de la quantité de personnes qui y ont péri. La plus connue de ces victimes est un seigneur de Limeuil du dernier siècle, qui y fut précipité par quelques-uns de ses vassaux las de ses barbaries. Les voisins font des vœux pour que ce trou soit bouché, mais on pourrait du moins éviter les accidents involontaires en en couvrant l'entrée par des planches ou de la maçonnerie sur soliveaux de traverse. Je crois que ce trou a été formé par la chute subite de quelques parties faibles de la voûte d'une des grolles que j'y suppose avec fondement, la plupart de ces montagnes-ci étant creusées par les eaux, parce qu'elles sont formées de pierres tendres peu liées entre elles. »

La peur au ventre !

Le gouffre ne se fait vraiment explorer pour la première fois qu'en 1907. On ne tarde pas à l'ouvrir au public.

Aaah, le souvenir impérissable que devait leur laisser la visite dans les entrailles du gouffre...

Pourquoi ? Parce qu'encore, en 1950, les touristes descendaient à l'aide de petites et fragiles nacelles suspendues dans le vide !

Seul moyen d'arriver jusqu'en bas...

Aarghh, l'angoisse : imaginez un peu, plus de 50 m de « voyage » dans le noir, dans un machin qui bouge avec un treuil mû par un cheval pas toujours coopérant, je vous laisse imaginer la frayeur des pauvres touristes !

La visite de Proumeyssac

La visite dure en moyenne 45 min à 1 h.

Un passage par le tunnel percé à même la colline et nous voilà dans la cathédrale de Cristal, gigantesque salle aux belles concrétions pures et cristallines.

Elle porte bien son nom, pas vrai ?

D'autant plus qu'un très beau jeu d'éclairage souligne sa finesse.

Je vous parlais du système archaïque permettant aux premiers touristes de descendre dans le gouffre.

Hé bien, bonne nouvelle : la même nacelle a été remise en place ! Sensations garanties !

Elle tourne à 360° sur près de 50 m...

Sources

  • Pierre Minvielle. Guide de la France souterraine. Éditions Tchou, 1970.
  • M. L. Dessalles. Histoire du Bugue. 1857.
  • Archives historiques du département de la Gironde.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !