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Les petites histoires du château d'Argy

Le château | Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Château Animaux Miracle Légende Château d'Argy

Argy et son château

Petits seigneurs de l'Indre

Argy est mentionné dès le tout début du 12e siècle.

À l'époque, Archambaut d'Argy vient de fonder l'abbaye du Landais (36).

Ce sont de petits seigneurs, les d'Argy, qui participent aux croisades et restent fidèles au roi de France.

Ils sont aussi seigneurs de Palluau et vassaux des sires de Buzançais.

De leur petite forteresse, il ne reste rien aujourd'hui...

Ensuite, au tout début du 16e siècle arrivent les Brillac. Père, fils et petit-fils font construire le château que l'on voit aujourd'hui.

Pierre le paternel fait construire le donjon carré et Charles le fils la tour ronde et la galerie Renaissance.

Une galerie qui à l'époque est fermée : on compte alors 4 pans !

Renaissance italienne en Berry

Charles de Brillac, c'est le maître-d'hôtel de Louis XI.

Louis XI à l'époque vit la majeure partie du temps à Loches.

Et il n'hésite pas à sonner Charles à tout moment !

Alors, pour être plus facilement disponible, celui-ci décide de s'installer à Argy.

Oui, car Loches est située à seulement une journée de cheval à l'époque ! Plus pratique pour tout le monde...

Charles a fait les guerres en Italie avec son roi, Louis XII : il a vu les beaux palais Renaissance, là-bas... Ce qu'il fait ? Il copie en Berry ce qu'il a vu en Italie ! D'où la galerie italianisante...

Les grenouilles d'Argy

Une église dans la cour

Le donjon conserve autour de sa grosse porte en bois des rainures, traces de l'ancien pont-levis.

Car à l'endroit où il y a aujourd'hui un chemin de terre se trouvaient... les douves en eau !

Le château à l'époque se compose d'une basse-cour et d'une haute-cour.

Une basse-cour si grande, que jusqu'en 1860 l'église paroissiale se trouve à l'intérieur de l'enceinte !

On la déménage à cette date dans le village...

La légende des grenouilles

On dit de cette église connue sous le vocable de Saint-Martin qu'elle a reçu la visite de saint Martin de Tours !

Parti en pèlerinage à Levroux, il s’arrête à Argy pour donner la messe.

Soudain, des grenouilles se mettent à coasser, coasser, mais de plus en plus fort !

Martin demande alors à son ami Brice d'aller calmer les vilaines rainettes, en leur volant leur voix.

Une fois la messe finie, Martin s'en repart vers Levroux.

Mais à mi-chemin, le voilà qui repense aux grenouilles.

Il demande à Brice de retourner leur redonner leur voix.

Lui, pendant ce temps, pique un petit roupillon sous un arbre.

Brice plante son bâton de pèlerin près de Martin et s'en va.

Il intime aux grenouilles de reprendre leurs coassements, mais aucune n'a jamais voulu...

Le vrai miracle, il était là : près de saint Martin, au bout du bâton planté, avait poussé un bel arbre qui le protégeait du soleil !

Hermines et fleurs de lys

Initiales de pierre

Jacques, le fils de Charles, fait ajouter l'étage au-dessus de la galerie, vers 1510.

La façade est très richement décorée : se mêlent des initiales, des hermines, des fleurs de lys et des coquilles.

Les fleurs de lys, pour le roi Louis XII.

Les hermines, pour Anne de Bretagne, épouse du roi de France.

Et les initiales entrelacées ? Le K de Karolus (Charles) ; le R de Renée, fille de Charles ; le L de Louise de Balzac d'Entraigues ; le J de Jacques, le fils de Charles.

Au moins, on sait à qui appartient le château...

Même qu'au 19e siècle, les nouveaux propriétaires ont eux aussi voulu ajouter leurs initiales : vous voyez cette fenêtre flanquée de ses deux chiens assis ?

Elle date de cette époque...

Coquille pour un fils ?

Manquent les coquilles flanquées d'une besace et d'un bâton, rappel du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle.

Parce qu'Argy se trouve sur le chemin et accueille des pèlerins ? Peut-être parce que Charles de Brillac a lui-même fait le pèlerinage ?

Il l'aurait fait pour avoir un héritier mâle de sa nouvelle épouse...

Il faut dire que sa première épouse était morte en couche peu après son mariage et que sa fille était morte née...

Il aura un fils, qu'il appellera... Jacques !

La vie de château

Argy passe ensuite à plusieurs propriétaires : les Crevant, les Bouthillier de Chavigny au 17e siècle, les Beauvilliers...

En 1828, voilà un nouveau venu : un ancien notaire prend possession du château, monsieur Lamotte !

Un riche notable qui rêvait de devenir noble... Il achète Argy et un titre qui va avec, devenant monsieur le comte d'Argy !

En 1834, une société belge rachète le château avec dans l'idée de le transformer en appartements.

L'idée ne prend pas ! C'est un agriculteur qui rachète finalement Argy.

Lui, ce qui l’intéresse, ce sont ses vastes terres ! Le château il s'en fiche. Alors, il va se dégrader.

En 1960, le Club du Vieux-Manoir le rachète pour une bouchée de pain.

L'agriculteur, lui, conserve ses terres et fait même poser un muret pour délimiter sa terre de celle du château !

Le Club, aidé de jeunes bénévoles, refait tous : les toitures, les façades, les planchers...

Une fois tout beau tout neuf, Argy essuie en 1968 une terrible tempête de grêle : des grêlons d'1,2 kg s’abattent sur les toitures neuves ! Tout est à refaire...

Argy est aujourd’hui le siège du Club, qui restaure des monuments dans la France entière.

La visite d’Argy

Curiosités et loggia

Au 1er étage du donjon, une pièce renferme un « cabinet de curiosité. » Quelques beaux objets très curieux au programme !

Ensuite, on passe par la « loggia » au-dessus de la galerie Renaissance.

Les poutres sont d'époque et devaient être polychromes, comme les murs de la galerie.

Elles ont été réalisées sur place, au millimètre près, pour s'emboîter à la perfection.

Du grand art ! On remarque des gouttières au sol : une première aussi ! Oui, la Renaissance, c'est bien, mais on n’est pas en Italie ; en Berry le temps est nettement moins clément !

Les rigoles et le sol en pente sont là pour évacuer l'eau de pluie.

On termine par le corps de logis du 19e siècle : changement de décor ! Le notaire a tout refait. Il fait même installer l'électricité chez lui !

Un grande première quand on sait que les dernières maisons du Berry ont eu l’électricité... en 1970.

Le columbarium d’Argy

Ne partez pas sans avoir vu dans la grange le columbarium reconstitué des Archives Nationales de Paris.

Columbarium ? À la base, c'est là où l'on conserve les urnes funéraires.

Par analogie de forme, c'est l'endroit où l'on conservait, aux Archives, les plans roulés dans leur petit compartiment !

Construit en 1862, le columbarium de Paris devient obsolète et sacrément encombrant, en cette fin de 20e siècle.

Sur les 11 columbariums des Archives, seul celui d'Argy a survécu. Tous les autres ont été détruits !

Escaliers, mezzanine, rayonnages, tout est là : on murmure même que les décors en fer ont été réalisés par la maison Eiffel...

Mais pour en savoir plus sur le déménagement et la reconstruction de ce splendide columbarium à Argy, pourquoi ne pas venir sur place ?

Émerveillement garanti !

Sources

  • La visite guidée du château.
  • Encyclopédie Châteaux Passion. Éditions Atlas, 2001.
  • Jean-Robert Masson. Guide du Val de Loire mystérieux. Éditions Tchou, 1968.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !