Les petites histoires du beffroi de Dun-sur-Auron

De 1092 à 1794

Le beffroiLe beffroi | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Pour la défense de Dun !

Ce beffroi de 6 étages du 13e siècle avec sa charpente de 1490 est impressionnant !

Il a tout du donjon médiéval... avec ses meurtrières, sa herse en bois, son assommoir d'où les soldats lançaient d'énormes cailloux attachés à des chaînes ou de l'huile bouillante...

Appelé aussi tour de l'horloge, c'est un élément de la seconde enceinte de la ville.

On y installe l'horloge publique dès le début du 15e siècle, puis la 3e enceinte se construit : la tour se retrouve englobée au cœur de la ville.

Par une petite porte se trouvant sur le côté du beffroi, on pouvait accéder aux remparts de la ville.

Des remparts avec des murs hauts de 12 m !

Le tout protégé par un fossé d'une vingtaine de mètres de large.

La vue depuis le beffroi permettait de contrôler toute la vallée de l'Auron, où se trouvait l’ancienne et importante voie gallo-romaine reliant Bourges à Lyon.

Si vous vous étonnez de trouver un aussi gros beffroi pourvu d'un système défensif aussi sophistiqué, dans une si petite ville, allez voir l'histoire du château de Dun-le-Roi, ancien Dun-sur-Auron...

Vous comprendrez mieux l'importance de la petite cité dans l'Histoire de France !

Un croisé berrichon

Eudes Arpin, seigneur de Dun

La tour en elle-même se compose d'une partie en pierre de 17 m, surmontée d'une portion en bois de 20 m.

Ajoutez à cela la flèche de 5 m de haut... le tout culmine à 42 m !

Pour accéder aux étages, on emprunte un escalier à vis du 15e siècle.

Et voilà le 1er étage, avec sa salle du Trésor !

On y conservait précieusement les archives de la ville.

C'est dans cette pièce qu'on en apprend plus sur l'histoire de Dun et le croisé Eudes Arpin, célébré de son temps par les trouvères, pour sa bravoure au combat !

Eudes, c'est le fils de Humbaud, seigneur de Dun.

Il avait épousé Mahaut, la fille de Gilon seigneur de Sully et de la Chapelle-d'Angillon en 1092.

Il devient donc grâce à cette union vicomte de Bourges.

Mais n'oublions pas qu'Eudes, c'est un guerrier, le dernier vicomte de Bourges et le seigneur de Dun.

Un chevalier dont le sang bouillonne à l'évocation de combats !

En croisade !

Nous voilà en 1100 : Eudes ne tient plus. La guerre l'appelle !

Il vend alors ses terres de Bourges au roi Philippe Ier pour la somme de 60 000 sous d'or, pour aller guerroyer en Terre Sainte.

C'est que ça coûte cher, la croisade !

Un an plus tard, le voilà parti avec ses hommes.

Il est fait prisonnier à la bataille de Rama en 1102, mais obtient la vie sauve de l'empereur de Constantinople Alexis.

Une fois libéré, il se retire à la Charité-sur-Loire en 1107, où il devient prieur de ce monastère clunisien.

La mort le cueille en 1130 : il n'aura jamais remis les pieds sur un champ de bataille...

Au pied du beffroi de Dun

Grippe au coin de la rue

Au pied du beffroi, vous aurez peut-être remarqué l'inscription « Ici se donne le gris ». Mystère !

S'agit-il de l'endroit où se donnait le sel gris ?

Ou encore de l'endroit, particulièrement venteux, où il ne fallait pas traîner, si l'on ne voulait pas attraper froid (gris = grippe) ?

On cherche encore le sens de cette phrase !

De quoi perdre la boule

Vous savez quoi ?

Un certain Edme Laperche, vigneron en 1794, perd la tête sur la guillotine en bas du beffroi pour « actes révolutionnaires »...

Sources

  • La visite guidée du beffroi
  • Paul Moreau. Histoire de Dun-le-Roi. 1895.