Les petites histoires de Saint-Seurin de Bordeaux

Saint-SeurinSaint-Seurin | ©Clara.blanchard / CC-BY-SA

Saint-Séverin et sa crypte

On a là une église construite à plusieurs époques : le porche occidental et le clocher datent du 11e siècle.

Le porche méridional, flanqué de ses deux statues, date du 13e siècle.

La chapelle de Notre-Dame-des-Roses date du 15e siècle.

Un des clochers détruit par la foudre en 1822 a été remplacé, sans compter qu'en 1855, de grands travaux de restauration ont largement modifié son aménagement intérieur...

Saint-Seurin (ou Séverin) a été construit sur deux anciennes chapelles : l'église Saint-Étienne consacrée par saint Martial (où l'évêque Amand a fait inhumer saint Seurin, son prédécesseur) et l'église Saint-Sauveur fondée par sainte Véronique.

Saint-Sauveur s'agrandit à la fin du 4e siècle, avant de prendre le nom de Saint-Seurin au 6e ou au 7e siècle.

On aménage alors la crypte, dans laquelle les chrétiens viennent vénérer les reliques de saint Fort : à cette époque, Clovis fait restaurer l'église Saint-Sauveur et offre des tombeaux richement décorés pour les saints inhumés là.

On appelle la crypte, au 12e siècle, le Sépulcre ; deux siècles plus tard, c'est le caveau ou la cave de saint Fort.

Martial, Fort et Cie

Le bâton de pluie

Qui est ce Fort, d'abord ? Et l'identité de tous ces saints enterrés là ?

On trouve dans la crypte de l'église de nombreux tombeaux, ceux de :

  • saintes Véronique et Bénédicte, natives de Gironde ;
  • ceux de saint Amand et de son prédécesseur l'évêque saint Seurin ;
  • celui de saint Martial, patron de l'Aquitaine : son bâton légendaire qui accomplit des miracles et fait tomber la pluie faisait partie du trésor de l'église ! On le portait en pèlerinage dans la cité, tous les ans.
Tombeau de saint Fort, Saint-Seurin (1900-1910)Tombeau de saint Fort, Saint-Seurin (1900-1910) | ©Public domain

Super Fort !

Mais on organise également une grande fête en l'honneur de saint Fort, dans l'église : mentionnée pour la première fois au milieu du 14e siècle, elle se célèbre le 16 mai.

Toute la ville est en liesse, pour célébrer l'évêque bordelais saint Fort, martyrisé au 6e siècle.

On venait entre autres « jurer sur le fort », comme on disait, c'est-à-dire prêter serment sur la châsse contenant les reliques de saint Fort.

Les maires de Bordeaux se plient à cette coutume, au moment de leur élection : le célèbre Montaigne, maire de la ville en 1580, se prête lui aussi à cette cérémonie !

La tradition voulait aussi que les femmes y amènent leurs enfants malades, pour qu'ils retrouvent toute leur force...

Aujourd'hui, le sarcophage primitif de saint Fort, en pierre brute, a été flanqué d'un cénotaphe à colonnes, au 17e siècle.

Le cor de Roland

Une autre légende, maintenant : la tradition rapporte que l'olifant du célèbre Roland, rempli d'or, a été déposé dans l'église, après sa mort à la bataille de Roncevaux !

Théroulde, dans son poème médiéval la Chanson de Roland, mentionne ce fait :

« Les Français arrivent à Bordeaux, la belle ville. C'est ici que sur l'autel du baron saint Séverin, Charlemagne dépose l'olifant de Roland qu'il avait rempli d'or et de mangons (ancienne monnaie d'or), que les pèlerins peuvent encore voir. »

Détail du siège épiscopalDétail du siège épiscopal | ©Reinhardhauke / CC-BY-SA

Assieds-toi, l'évêque !

Ne partez pas sans avoir vu le magnifique siège épiscopal en pierre, du 14e ou 15e siècle. De la dentelle !

La tradition voulait que l'archevêque possède sa « chaire d'honneur » à Saint-Seurin, lorsqu'il venait en visite à Bordeaux.

Jusqu'au 16e siècle, c'est à Saint-Seurin que les archevêques bordelais font leur entrée solennelle, une fois élus.

Viollet-le-Duc, dans son Dictionnaire raisonné d'architecture, en dit :

« Au centre du dais, sur le devant, entre les deux gâbles, est sculptée une mitre d'évêque soutenue par deux anges. Le siège et les accoudoirs sont délicatement ajourés. Les quatre pieds droits qui supportent le dais étaient autrefois décorés de statuettes, aujourd'hui détruites. Deux autres figures devaient être placées également sur deux consoles incrustées dans la muraille, sous le dais, au-dessus du dossier. Cette chaire est aujourd'hui déplacée ; elle était autrefois fixée au fond du sanctuaire, suivant l'usage. »

Dans le chœur aussi, ne pas oublier le grand retable en albâtre, qui en 14 scènes, nous raconte la vie de saint Seurin, ou le retable de Notre-Dame-de-la-Rose (15e siècle), avec 12 scènes sur la vie de la Vierge...

Sources

  • Article Église Saint-Seurin. La Mosaïque du Midi (2e année). 1838.
  • Article de l'encyclopédie en ligne Wikipédia. Basilique Saint-Seurin de Bordeaux.
  • Claude Marionneau. Description des œuvres d'art qui décorent les édifices publics de la ville de Bordeaux. 1861.