Les petites histoires de Saint-Pierre de Poitiers
Le couronnement d'Aliénor
Après leur mariage dans la cathédrale Saint-André de Bordeaux et une nuit de noces au château de Taillebourg, Aliénor et le roi Louis le Jeune se font couronner ducs d’Aquitaine dans la cathédrale de Poitiers, le 8 août 1137.
Poitiers, capitale des ducs d’Aquitaine...
Oui, Louis peut dire merci à Aliénor : grâce à elle, il compte bien agrandir son petit royaume de France avec les terres qu’elle lui apporte : Poitou, Périgord, Bordelais...
Quelques jours plus tard, dans une ville encore toute en liesse, le couple apprend la nouvelle de la mort du paternel de Louis, le roi de France Louis VI... voilà Louis le Jeune devenu Louis VII.
Aliénor, Henri et Cie
La cathédrale actuelle est construite au milieu du 12e siècle grâce à Aliénor d’Aquitaine et Henri II son mari anglais.
Une construction dans le style gothique angevin ou style Plantagenet, une école très différente du gothique du reste de la France : on le trouve en Poitou et en Anjou, débordant quelquefois dans les régions alentours, comme en Berry.
On la consacre seulement en 1379 : à cette date, les Anglais ont déserté la région, enfin redevenue française.
Voilà le duc Jean de Berry qui vient s’installer à Poitiers : il s’occupe d’achever et d’embellir la cathédrale, peut-être grâce à son fidèle architecte Dammartin.
Les tours ne voient le jour qu’au 16e siècle.
Et tiens, un boulet dans ta façade !
Pendant les guerres de Religion, la cathédrale de Poitiers se fait assiéger par les protestants, très actifs dans la région : oh mais !
Avez-vous vu ? On voit sur le chevet les traces de boulets tirés en 1569 pendant le siège de la ville, par les troupes de l’amiral de Coligny !
En attendant, on stocke les boulets après le siège puis on les oublie... jusqu’en 1793, lorsque France et Angleterre se mettent en guerre.
On ressort près de 700 boulets, que l’on envoie aux armées françaises, qui vont se faire un plaisir de couler la flotte anglaise avec ça !
La foudre frappe
Pire que les protestants, il y a la colère du ciel : la foudre. Oui, car elle arrive toujours à ses fins...
Figurez-vous qu’il existait une grande flèche, au sommet de la cathédrale, frappée par un gros orage en 1713...
Et dire que dedans se trouvaient justement des cloches protectrices, censées sonner pour éloigner l’orage...
Cela n’a pas marché... sur quoi on démolit la flèche.
On marie même les prêtres !
1793. Aaaah, la Révolution et son cortège de changements !
Pagaille chez les curés, avec la nouvelle loi (constitution civile du clergé) qui abolit les privilèges liés à leur « classe » : on détruit les symboles royaux, les symboles divins.
L’Église catholique en prend un coup, se retrouvant affaiblie !
Ne pouvant plus exercer légalement, le nombre de prêtres réfractaires augmente, et un phénomène avec lui : le mariage des curés.
Pas nouveau, comme question... mais là, on passe vraiment à l’acte !
C’est le cas d’un certain Louis-René de Pignonneau, ex-chanoine, qui vient se marier à la cathédrale Saint-Pierre de Poitiers avec une jeune femme, en septembre 1793.
Toute la ville assiste à l’événement...
Sur les portes de la cathédrale, Pignonneau fait cette inscription : « Saint Pierre s’est marié, saint Hilaire s’est marié, Pignonneau les a imités » !