Sacré séjour pour papes et rois
Saint-Just a été la première cathédrale de Lyon.
Savez-vous que beaucoup de choses se sont passées, entre ces 4 murs ?
Des papes, mais aussi des rois de France prennent l'habitude d'y séjourner.
Le pape Clément V y est couronné en 1305 ; Philippe le Bel et sa cour y assiste.
Ce même roi qui fait détruire les remparts qui entourent Saint-Just, après la révolte de l'archevêque de Lyon en place à cette époque, Pierre de Savoie.
Parce que Saint-Just ressemblait à un vrai petit château !
On trouvait un cloître attenant à l'église, au Moyen Âge : une sorte de grosse forteresse avec des remparts crénelés, flanquée d'une vingtaine de tours carrées et plusieurs ponts-levis.
La rose en diamants
Bref... Reprenons la suite des événements : le pape Innocent IV, poursuivi par les persécutions de l'empereur allemand Frédéric II, vient se réfugier dans le cloître pour réunir un concile en 1245. Son but ?
Frapper le Teuton d'excommunication.
Il consacre aussi la nouvelle église et fait don aux chanoines (qui porteront le titre de barons, dorénavant) d'une rose d'or sertie de diamants.
Jolie fleur qui échappe à la fureur des protestants, mais qui disparaît à la Révolution...
La mère pleure son fils
Je vous disais que de nombreux rois et reines viennent séjourner dans le cloître de Saint-Just :
- saint Louis en 1248 en allant à Aigues-Mortes s’embarquer pour les croisades ;
- Louis XI en 1483 ;
- François Ier en 1515 accompagné de la reine Claude et de sa mère Louise de Savoie. C'est ici que celle-ci apprendra la capture de François à Pavie et la mort de son second fils, le duc d'Alençon...
Saccages
Jusqu'à la dernière pierre
Le cloître est saccagé et pillé par les protestants pendant les guerres de Religion, durant la sombre nuit du 30 avril 1562...
Dans les mois qui suivent, ils démolissent les remparts en réquisitionnant les habitants.
On enlève tout ce que l'église compte de trésors, on descend les cloches, on charge deux charpentiers d'emporter jusqu'à la dernière pierre de Saint-Just...
Et il y en avait des trésors, détruits soit par les protestants soit par les révolutionnaires : une châsse dorée offerte par Louis XI ; le buste-reliquaire de saint Just, couvert de pierres précieuses...
Et voilà, plusieurs coups de pioche plus tard, il ne reste plus rien...
Construire, plus loin !
Les chanoines, sans domicile, doivent se résoudre à reconstruire l'église. Mais pas au même endroit !
Trop de mauvais souvenirs hantent encore les lieux.
Mais surtout, ils veulent faire construire, à l'intérieur des remparts de la ville, l’ancienne basilique se trouvant à l'extérieur ! Donc, absolument pas du tout protégée d'éventuels pillards...
Ils font poser les fondations quelques mètres plus loin, dès 1565 : les travaux s'achèvent un siècle plus tard, en 1662.
Au début du 18e siècle, l'église n'a toujours pas de chevet, ni de façade.
L'architecte Delamonce ajoute cette dernière (celle que l'on voit toujours aujourd'hui) en 1705.
Sources
- Léon Boitel. Lyon ancien et moderne (tome 2).
- André Gouilloud. Saint Just, évêque de Lyon. 1886.
- Dominique Meynis. Les anciennes églises paroissiales de Lyon. 1872.
- Achille Raverat. Notre vieux Lyon : promenades historiques et artistiques. 1881.
- Jean-Baptiste Monfalcon. Histoire monumentale de la ville de Lyon. 1866.
- Auguste Bleton. Petite histoire populaire de Lyon. 1885.