Une statue et sa place
On y voit la petite église de la confrérie des Pénitents Bleus (ordre fondé en 1431) : la chapelle du Saint-Sépulcre, élevée en 1543. Une vraie place à la mode italienne !
De forme carrée, avec ses maisons à arcades, elle est aménagée à la fin du 18e siècle, sur le même plan que les places de Turin, en Italie.
En 1869, on transforme la place en un grand square, détruit en 1891 pour y placer la statue de Garibaldi.
Justement, parlons-en, de celle-là ! Un concours commence en 1885.
Plusieurs sculpteurs proposent leur projet : Antonio Pandiani, Fabio Stecchi...
On leur préfère le Parisien Antoine Étex.
Les bas-reliefs sur l'arc de Triomphe de Paris, c'est lui ! Tout comme le tombeau de Géricault au Père-Lachaise ou la statue de saint Louis sur l'une des colonnes de la place du Trône.
Étex commence donc la commande, mais il n'est plus tout jeune : il désigne donc dans son testament l'Ardennais Jean-Baptiste Deloye, pour lui succéder dans son travail.
Voyons un peu ce qu'on a là : la statue en marbre blanc de Carrare de Garibaldi, debout sur son piédestal.
On distingue une proue de bateau (Garibaldi est fils de marin) et le blason de la ville de Nice, « d'argent à une aigle de gueule posée sur trois coupeaux. »
Sous la statue, un petit enfant dans son berceau : Garibaldi qui rapproche les allégories de la France et de l'Italie !
De chaque côté du piédestal, deux lions rappellent les campagnes menées en 1860 (expédition des Mille) et en 1870 (bataille de Dijon).
La statue est inaugurée en 1891.
Mais revenons à la place ! C'est l'ancien campus Martius des Romains ou Camas, le « champ de Mars. »
Elle devient ensuite place Victor, place de la République puis place Napoléon.
Boulets de canon, Bonaparte et compagnie
Tiens, en parlant de Napoléon...
Saviez-vous que sur cette place, le Corse, en route pour l'Italie en mai 1796, déclare cette phrase célèbre :
« Soldats, vous êtes nus, mal nourris ! Le Gouvernement vous doit beaucoup, il ne peut rien vous donner. Je vous conduirai dans les plus fertiles plaines du monde. De riches provinces, de grandes villes seront votre partage... »
C'est là aussi que le 12 septembre 1860, le maire de Nice, monsieur Malaussena, remet les clefs de la ville à Napoléon III et l'impératrice Eugénie, dans le cadre de l'annexion du comté de Nice à la France !
À noter encore un petit détail amusant : on voit un boulet de canon, accroché à l'un des murs de la place !
Un boulet turc lancé pendant le siège de la ville, en 1543...
Sources
- Notice Promenade d'un curieux dans Nice : la place Garibaldi. Annales de la Société des lettres, sciences et arts des Alpes-Maritimes (tome 14). 1894.
- Gazette des architectes et du bâtiment (2e série, 15e année). 1886.
- Robert Corvol. La Côte d'Azur à la Belle Époque. 1958.
- Charles Brainne. Monaco et ses environs. 1863.
- Stéphen Liégeard. La Côte d'Azur. 1891.
- Guide des étrangers à Nice. 1827.