Les mystères de l'Annonciation de Barthélémy d'Eyck

Retable de l'AnnonciationRetable de l'Annonciation | ©Jean-Pierre Remy / CC-BY-SA

Autrefois placé dans la cathédrale Saint-Sauveur puis transféré dans l'église de la Madeleine, il se trouve depuis 2006 au Saint-Esprit. Le panneau central se trouve ici à Aix. Les autres morceaux (les prophètes Isaïe et Jérémie) ont été dispersés dans des musées européens.


Daté de 1445, on l'attribue au Flamand Barthélémy d'Eyck ou au Dijonnais Guillaume Dombet, installé à Aix à cette époque.

On a souvent parlé des détails « bizarres » de cette peinture. Qu'en est-il vraiment ? La scène se passe vraisemblablement dans une des églises aixoises.


L'ange Gabriel, à genoux, dit à la Vierge : Ave gracia plena, Dominus tecum qui veut dire « Je vous salue Marie pleine de grâce, le Seigneur est avec vous. » Marie reçoit le message, un peu étonnée. En haut à gauche, Dieu envoie un rayon de lumière sur elle : un petit singe lève la tête vers ce rayon divin. Que cherche-t-il à faire ?


Plus étonnant encore : regardez au milieu du rai de lumière. Vous voyez, cette forme quasi humaine ? On dirait bien un Jésus à l'état de fœtus, portant une croix, envoyé par Dieu en personne : oui, la fameuse conception... immaculée. Surprenant, non ?


Au premier plan, regardez ce vase rempli de fleurs. Il pose des questions : pourquoi lui avoir donné tant d'importance ? Et les fleurs qu'il contient, pourraient-elles avoir un sens ? Certains pensent que oui : dans le Guide de la Provence mystérieuse, on peut lire qu'il s'agirait de belladone et de digitale, plantes considérées comme diaboliques, à l'époque médiévale !


Diaboliques, comme ces étranges chauves-souris au-dessus de la tête de Gabriel : un Gabriel qui a des ailes... en plumes de chouette, oiseau maudit par excellence !


Alors, oui : la perspective est superbe, les drapés magnifiques, les visages sereins. Mais tous ces petits détails troublants aiguisent notre curiosité ! La légende veut que le peintre, chichement payé par le commanditaire du retable, se soit vengé en intégrant des éléments inquiétants et très peu chrétiens, dans son œuvre.

Source

  • Jean-Paul Clébert. Guide de la Provence mystérieuse. Éditions Tchou, 1968.