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Les Granvelle : ascension fulgurante... et palais 4 étoiles

Quand : 1534 - 1540

La cour | Concierge.2C / CC-BY-SA
Festivités Hôtel particulier Palais Granvelle

Le fils du forgeron

Le palais Granvelle porte le nom de celui qui le fait construire, de 1534 à 1540 : Nicolas Perrenot de Granvelle, garde des sceaux de Charles Quint.

Ça alors : le petit-fils d'un forgeron d'Ornans, qui se fait remarquer par Charles Quint ! Incroyable !

Nicolas devient pourtant son plus proche conseiller : Charles Quint l'appelle son « lit de repos », c'est vous dire !

Mais Nicolas n'est pas noble. Pas encore. Pour ça, il achète une petite terre en Franche-Comté, devenant ainsi Nicolas de Granvelle.

C'est mieux, mais pas encore assez : il va accumuler une grande fortune, si grande, qu'il peut se faire élever le plus beau des palais, à Besançon.

Il aura 14 enfants, dont 5 fils, tous avec des postes importants à la cour.

D'ailleurs son fils Antoine va lui succéder... sous le nom de cardinal de Granvelle !

Il sera conseiller du successeur de Charles Quint, Philippe II, mais aussi premier ministre des Pays-Bas et vice-roi de Naples...

En 1564, Antoine retourne sur sa terre natale et devient archevêque de Besançon. Il a près de 70 ans...

Mais revenons à Perrenot senior : quand Nicolas meurt, on rapatrie son corps à Besançon. C'est qu'il veut être enterré dans sa chapelle privée !

Oui, mais celle-ci est encore en chantier...

On laisse donc son corps dans une salle basse du palais, pendant une année entière...

C'est le plus long séjour fait par Granvelle, dans son palais !

Nicolas Perrenot

Nicolas Perrenot | ©Art Gallery ErgsArt / Public domain

Fête au palais

Le temps que dure le chantier, c'est la femme de Nicolas, Nicole Bonvalot, qui surveille les travaux.

Il faut dire que son mari est toujours en mission à droite, à gauche...

Mais lorsqu'il revient à Besançon, la maison est prête. On lui fait une entrée triomphale :

« Ce jourd'hui sur la nuit est arrivé en ceste cité de Besançon illustre et magnifique seigneur Messire Nicolas Perrenot chevalier seigneur de Granvelle baron d'Aspremond, etc, premier conseiller d’État et garde des sceaux de très sacré et très victorieux prince Charles, empereur des romains toujours auguste et juge en ladite cité pour Sa Majesté comme comte de Bourgogne. »

On ne lésine pas sur les cadeaux, pour son arrivée : des tonneaux de vin blanc sur un char, des barils d'avoine sur 8 ânes, de l'hypocras « tant blanc que clairet », sur 3 chevaux, 8 énormes boites de dragées, 3 douzaines de torches « pesant chacune 5 quarterons. »

Le clou du spectacle :

« Et le soir environ les 8 et 9 heures, pour la bienvenue dudit seigneur de Granvelle, l'on a tiré impétueusement et fait sonner copieusement en l’hôtel l'artillerie y étant. »

Cerfs en plâtre et ducs allemands

Vous ne trouvez pas au bâtiment un petit air de palais italien, avec son rez-de-chaussée à fines arcades ?

Regardez ces motifs sculptés de fleurs, d'anges, de dauphins, avec la devise ronflante des Granvelle : Sic visum superis (« Ainsi l'ont voulu les dieux. »)

À l'époque de sa construction, il faut imaginer à l'intérieur des meubles magnifiques, des tableaux de maîtres, des manuscrits rares...

Tenez : sous Henri III, on peut librement visiter le palais. Et voilà ce que l'on trouve dedans :

« Près de là du côté gauche un énorme loup était suspendu à une poutre : sa longueur était presque de trois aunes, son poil rude de couleur fauve.
« J'ai vu dans un beau salon sur une cheminée un cerf en plâtre de grandeur naturelle artistement travaillé et dont la couleur imitait parfaitement la nature.
« De sa tête s'élançaient de grandes cornes à quatre perches. Il y avait aussi d'autres cornes de cerfs, de daims et de chevreuils d'une grandeur prodigieuse et de différentes espèces.
« Dans d'autres chambres agréables et spacieuses, on voyait des peintures de grand mérite : c'étaient les portraits de quelques ducs d'Allemagne, surtout ceux des ducs de Bavière...
« Il y avait en outre à visiter dans le même palais une écurie pour les chevaux, écurie voûtée et très vaste. On voyait des pressoirs arrangés avec art et d'énormes cuves où l'on jette les raisins pour les fouler aux pieds.
« On admire également dans le palais magnifique de M. de Granvelle un jardin très agréable. À
l'entrée du jardin a été disposé ingénieusement un jet d'eau à deux becs : quand on les ouvre l'eau s'élève en l'air et l'on peut ainsi arroser facilement ceux qui se tiennent autour.
« Dans ce même jardin on trouve des simples et des plantes diverses. Il y avait de l'autre côté du jardin un pré embelli par divers arbres fruitiers : une eau provenant d'une autre fontaine pouvait être conduite en tous sens dans ce pré. »

Source

  • Auguste Castan. Monographie du palais Granvelle à Besançon. 1867.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !