Les dieux révolutionnaires de la cathédrale de Rodez

Le clocherLe clocher | ©BUFO88 / CC-BY-SA

Le clocher dû à Antoine Salvan date de 1513, et c'est toujours celui que l'on voit aujourd'hui.

Figurez-vous que lorsque la Révolution éclate, on décide d'y mettre... les dieux de la Révolution !

Le clocher de Rodez en danger !

1794. La cathédrale de Rodez court un grand danger !

Comme partout ailleurs en France : églises, cathédrales, abbayes se font livrer à la fureur du peuple, qui venait tout saccager et anéantir jusqu’au dernier souvenir de religion chrétienne et de royauté.

À Rodez, donc, itou.

On a déjà tout planifié : destructions des croix et de toutes choses ostentatoires.

Tout objet en matière précieuse pris et envoyé à la Monnaie de Paris, pour être fondu.

Enlèvement des tableaux et boiseries, envoyés pour la fabrication de salpêtre (toutes les églises se faisaient alors transformer en usine de salpêtre)...

Attention, le beau clocher va aussi en pâtir !

Les Montagnards en colère

Quelques voix, pourtant, commencent à gronder. Qui ?

Les Montagnards (ceux en faveur la République, contrairement aux Girondins) de Rodez.

Détruire le clocher, vraiment ? Le plus beau de cette partie de la France, en plus ?

C’est là que leur vient l’idée folle qui va sauver la cathédrale : pas de démolition, on va remplacer les statues des quatre évangélistes par des figures révolutionnaires célèbres… et on dédiera Notre-Dame à Marat.

Marat ! Le Montagnard, longtemps accusé du sang versé pendant la Terreur...

Assassiné à cause de cela dans sa baignoire par Charlotte Corday.

Histoire de la cathédrale de Rodez (1875) résume :

« Le 10 janvier 1794, 21 nivôse an 11, la société populaire de Rodez députe à la commune plusieurs de ses membres pour l’inviter à donner un exemple salutaire aux autres districts, en faisant abattre les clochers de Rodez. Ce fut alors qu’un membre de l’Assemblée, Régis Ytié, fit observer que la tour de la cathédrale était un beau monument des arts, et qu’elle pouvait devenir un monument national, en substituant à la Vierge la statue de la Liberté, et remplaçant les quatre Évangélistes par les grandes figures de Marat, Lepelletier et autres martyrs de la Révolution. Cette motion fut goûtée, et l’on dut à son auteur la conservation du monument. »

Source

  • L. Bion de Marlavagne. Histoire de la cathédrale de Rodez. 1875.