A la découverte de l'abbaye de Cruas

L'abbatialeL'abbatiale | ©GFreihalter / CC-BY-SA

Petite histoire de l'abbaye

L’église romane actuelle de Cruas date de la moitié du 11e siècle.

On a là le seul vestige de la grande abbaye bénédictine fondée en 804, à la demande du comte du Vivarais Eribert, sur un lieu désert et inhospitalier...

Le 11e siècle, donc. A cette époque, les moines construisent les bâtiments monastiques sur un rocher, bien à l’abri.

Aujourd’hui, on voit toujours le « château des moines », un gros donjon fortifié. A l’abri de quoi ?

Des inondations causées par la Crûle ! Oui, la Crûle, ce petit ruisseau, là, qui traverse Cruas ! Méfiez-vous de l’eau qui dort...

Imaginez un peu : au 19e siècle, on parle de dépôts accumulés par les eaux autour de l'église s'élevant à plus de 6 mètres, au-dessus des fondations ! Et à 2 mètres au-dessus du sol de l'église.

La crypteLa crypte | ©Toutaitanous / CC-BY-SA

La crypte

Ne manquez pas la visite de la crypte de l'église de Cruas.

Un petit bijou décoré de superbes chapiteaux romans : frustres, primitifs, si mystérieux !

Et vous savez quoi ? Cette crypte servait autrefois à exposer les reliques de saint Torquat et saint Josserand aux pèlerins de passage.

Torquat, évêque de Saint-Paul-les-Trois-Châteaux, meurt en 321.

C’est tout ce qu’on sait de lui. La légende dit que l'herbe ne repoussa jamais, là où les protestants brûlèrent leur corps...

Oui, Cruas a bien dégusté, pendant les guerres de Religion. La place, majoritairement catholique, se fait prendre par les protestants.

Ils ne savent pas sur qui ils sont tombés !

Les moines de l'abbaye les mettent en déroute, fissa, avec à leur tête leur abbé Étienne Déodel.

Les moines se défendent si bien que les protestants sont obligés de se retirer, en ayant perdu un grand nombre d'entre eux !

La tribune monastiqueLa tribune monastique | ©Toutaitanous / CC-BY-SA

La tribune, une rareté !

Ne pas manquer la très rare tribune monastique (12e siècle) !

Il en reste deux en France : ici à Cruas et au prieuré de Serrabone (66).

C’est une séparation entre laïc et religieux. Pourquoi est-elle aussi bien préservée ?

Les moines avaient construit un mur de protection tout autour pour la protéger des crues...

Détail des mosaïques : HénochDétail des mosaïques : Hénoch | ©Toutaitanous / CC-BY-SA

Les mosaïques byzantines

Venez voir dans l’abside : l’abbatiale abrite de superbes mosaïques byzantines !

Découverte en 1849, elles auraient été consacrées lors de la venue du pape Urbain II en France, pour le concile de Clermont, à la toute fin du 11e siècle.

En témoigne l'inscription gravée sur la mosaïque URBANUS DECORAT TEMPLUM QUO FAEPIUS ORAT ANNI MXCV, « Urbain décore le temple où il vient prier, an 1095. »

Elles représentent deux grandes figures en pied, les prophètes Élie et Hénoch.

Hénoch (homonyme du petit-fils d'Adam), c’est l’arrière-grand-père de Noé, le père de Mathusalem (celui qui a vécu super longtemps).

Hénoch aussi a vécu 3 plombes : il n'est pas mort à proprement parler, Dieu l'a attrapé pour l'emmener au Ciel avec lui…

Même chose pour Élie. Ces deux-là sont considérés, dans le christianisme, comme les annonciateurs de la fin des Temps.

Quand ils se pointeront, le Jugement Dernier sera proche !

Sources

  • Brochure en ligne Focus : Abbatiale Sainte-Marie (Cruas), édité par le label Pays d'art et d'histoire du Vivarais méridional.
  • Eugène Arnaud. Histoire des protestants du Vivarais et du Velay. 1888.
  • Abbé Guérin. Les petits bollandistes. 1888.
  • La France littéraire, artistique, scientifique (volume 8). 1864.
  • Francis Salet. Pavements de mosaïque de Cruas [compte-rendu]. In Bulletin Monumental. 1964.
  • Voyage littéraire de deux religieux bénédictins de la congregation de Saint Maur. 1717.
  • Ovide de Valgorge. Souvenirs de l'Ardèche. 1846.