Les caves typiques d'Arras
Toutes les maisons de la Grand-Place, ainsi que celle de la place des Héros, possèdent des bôves.
Elles font partie du décor arrageois depuis longtemps, déjà !
Loys Guicchiardini, dans sa Description des Pays-Bas (1641), en dit :
« Les maisons des particuliers y sont fort commodes, et en toutes il y a des caves et celliers voutés et pavés très bien et de grand artifice ; d’autant que les caves sont merveilleusement larges et profondes et les ont exprès faites aussi belles et accommodées pour s’en servir en temps de guerre : d’autant qu’ils prétendent au besoin (ainsi que autrefois leur est advenu), y retirer leur famille et ménage pour les défendre de la furie de la batterie du canon de l’ennemi, et là-dedans, endurer toutes les extrémités que peut causer un long siège. »
Carrières de pierre et refuges
Les bôves tiendraient leur nom du celte bau (caserne) ou de l'espagnol boveda : on mettait les bœufs, dans ce genre de caves creusées dans la roche.
Certaines plongent à 30 mètres sous terre, sur plusieurs étages !
Ce sont d'anciennes carrières de pierre, dont on se servait, entre autres, pour construire les bâtiments de la ville d'Arras.
Pendant les guerres, les sièges, les habitants venaient s'y réfugier avec leurs biens, leurs meubles, y trouvant un refuge de choix contre les projectiles.
Ces « lieux souterrains assez vastes, sans soupiraux voûtés, la plupart sans maçonnerie, mais soutenus par des piliers de pierre, servent à y mettre la bière, le vin. »
Un triste tableau !
Le tome I de Voyage dans les départements de d'Armand-Gaston Camus (1803) rapporte :
« A Arras, les caves sont presque toutes habitées, les portes en sont toujours ouvertes, au grand risque des passants qui s’y précipitent s’ils s’approchent trop près des maisons. L’intérieur est hideux, point d’autre jour que par la porte, point de circulation d’air, un mauvais lit pour coucher toute la famille, une table autour de laquelle on se rassemble pour faire de la dentelle, et qui n’est éclairée le soir que par une triste lampe. »
Attention, danger ! Descente périlleuse
Il y a même des caves d’Arras où l'on trouve des cabarets et des estaminets, voire des « hôtelleries complètes », « dont l’odeur forte se répand au loin. »
On y descendait par une ouverture pratiquée dans la façade.
La police municipale a souvent réglementé et fait surveiller la descente vers ces caves, comme le dit une ordonnance de 1683.
La raison ? Des propriétaires de maison d'Arras ont négligé de refermer les ouvertures de leurs caves et des accidents ont eu lieu !
« Il est ordonné à tous propriétaires des caves qui abordent sur les rues de les fermer ou faire fermer tant aux côtés qu’aux devants et faire en sorte qu’un chacun puisse marcher sur les rues avec toute sureté et sans péril de tomber ou d’autres accidents à cause de l’ouverture desdites caves. »
En 1689, on apprend que la ville fait inspecter chaque cave d’Arras, pour vérifier la présence ou non d'un garde-fou à l'entrée !
Sources
- Adolphe de Cardevacque. Les places d'Arras. 1881.
- Constant Le Gentil. Le vieil Arras. 1877.