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Les 4 petites histoires derrière le reliquaire du coeur d'Anne de Bretagne

Quand : 1514

Le reliquaire du coeur d'Anne de Bretagne | Pymouss / CC-BY-SA
Musée Funérailles Anne de Bretagne Musée Thomas-Dobrée

On a laissé Anne de Bretagne dans la douleur terrible de ses dernières heures, un matin glacial de janvier, au château de Blois. Elle s’éteint à 37 ans de la gravelle, le 9 janvier 1514.

Mais son cœur ! Le cœur de la reine de France, grande duchesse bretonne, bat dans sa ville chérie de Nantes.

Aujourd’hui, le bel écrin doré du cœur d’Anne de Bretagne est exposé au musée Thomas-Dobrée de Nantes.

1 - Un cardiotaphe ?

Un cardiotaphe, c’est l’écrin, le reliquaire qui sert pour le cœur : un monument funéraire à lui tout seul...

Tout en or, celui d’Anne de Bretagne contenait son cœur, lui-même niché dans une boîte en fer et une deuxième en plomb.

Je parle au passé... là, vous vous dites : « Il s'est passé un truc ! »

Tout juste. Car pour ce qui est de l’organe... il a disparu !

L’histoire se déroule pendant la Révolution, quand on se saisit de tous les objets précieux appartenant aux églises : on envoie le cœur à la Monnaie de Nantes, pour y être fondu.

Mais personne n'ose y toucher... alors, le cœur atterrit dans un recoin de la Bibliothèque Nationale, à Paris. Avant d’arriver au musée Dobrée à la fin du 19e siècle...

2 - Une histoire d'or... à 10% près !

De l’or ! Oui : le si beau reliquaire du cœur d’Anne se compose... à 90 % d’or.

Mais quid des 10% restants ? Pourquoi on n’a pas un or 100 % pur ? Surtout pour une reine de France, mince, quoi...

Parce que cela n’existe pas, l’or 100 % pur : à l’état pur, c’est un métal très, très mou ! D’où l’ajout d’un alliage d’argent et de cuivre, pour le durcir et le travailler.

Le reliquaire

Le reliquaire | ©Pymouss / CC-BY-SA

3 - Un cœur en Bretagne, un corps à Saint-Denis

2 jours après le décès d’Anne, les chirurgiens extraient son cœur, selon ses dernières volontés.

Pour partir reposer dans le tombeau de ses parents, François II de Bretagne et Marguerite de Foix, dans la chapelle du couvent des Carmes de Nantes (déménagé depuis au cœur de la cathédrale nantaise). Nantes, ville-capitale de son duché breton...

Son corps, lui, ne restera pas en Bretagne. C’est le roi (veuf) Louis XII qui le dit : Anne a été duchesse bretonne, oui, mais... reine de France, surtout !

Une reine qui doit reposer au cœur de la basilique royale Saint-Denis, aux portes de Paris.

4 - À Nantes, le cortège du cœur vers sa dernière demeure

Vous souvenez-vous des funérailles hors normes d'Anne de Bretagne ? Ces 40 jours de larmes terribles qui frappent toute la France ?

Hé bien, tout Nantes pleure aussi sa duchesse.

Les chroniques décrivent les cérémonies qui se déroulent dans la ville, lorsque l'on porte le cœur de la duchesse jusqu’aux Carmes...

Imaginez un cortège. Qui crapahute sur les pavés irréguliers et glissants des rues boueuses.

Silence de mort. Entrecoupé de sanglots.

On ne voit que les façades des maisons tendues de linge blanc, « signifiant que en humilité voulaient recevoir le cœur de leur souveraine dame. »

Les fenêtres croulent sous le poids des bougies aux armes d'Anne. Un amas de bourgeois, de seigneurs, de prélats, de petites gens, de tout ce que la Bretagne pouvait compter d'âmes vient grossir le flot silencieux du cortège.

Écoutez ! On entend seulement la voix lugubre du crieur en tête, avec sa cloche, qui à chaque carrefour hurle de prier pour la défunte duchesse...

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !