Aujourd’hui, rien de plus simple que d’ouvrir un robinet pour voir l’eau couler.
Mais au 18e siècle... l’accès à l’eau potable est un grand problème !
On se met alors à construire des machines hydrauliques, pour amener l’eau de la Seine dans des conduits alimentant les fontaines publiques.
Les plus connues ? La pompe de la Samaritaine, sur le Pont-Neuf... et celle du pont Notre-Dame.
Élever l'eau de la Seine, toujours plus
La pompe dite de Notre-Dame vient se greffer sur le pont du même nom dès 1676, pour alimenter les fontaines de Paris en eau : elle y reste jusqu’à sa destruction en 1853.
On lit dans Les merveilles de l'industrie, vol 3 (Louis Figuier, 1873) que sur la 3e arche, on a un moulin à blé qui fonctionne avec le courant du fleuve.
Daniel Jolly, chargé de la pompe de la Samaritaine sur le pont Neuf, fait construire une pompe sur ce moulin : il promet d’élever 30 à 40 pouces d’eau de la rivière, pour la jolie somme de 20 000 livres. Marché conclu !
Mais arrive ensuite l’ingénieur Jacques Demance, qui propose un 2e projet : une autre machine sur le même pont, mais lui promet d’élever 50 pouces d’eau pour 40 000 livres.
Tope-la ! Dès 1760, la machine de Demance remplit ses promesses. Jolly termine la sienne en 1671, mais elle n’élève que 25 pouces d'eau...
Grâce à ces deux machines, près de 25 fontaines parisiennes se font alimenter.
Énorme ! Le volume des eaux de Paris se trouvant augmenté de 80 pouces !
On reconstruit finalement le pont au 19e siècle, puis l’actuel en métal en 1912 : la pompe, en ruine, avait déjà disparu depuis 1861...
Un peu de poésie !
Ces pompes se trouvent dissimulées dans un bâtiment flanqué d'une porte grandiose.
On y voyait une sculpture de naïade et une allégorie de la Seine, par Goujon (crème de la crème des sculpteurs de la Renaissance).
Le tout surmonté d’un médaillon de Louis XIV et de vers en latin, traduit par Corneille :
« Que le dieu de la Seine a d’amour pour Paris ! Dès qu’il en peut baiser les rivages chéris, De ses flots suspendus la descente plus douce Laisse douter aux yeux s’il avance ou rebrousse. Lui-même à son canal il dérobe ses eaux, Qu’il y fait rejaillir par de secrètes veines Et le plaisir qu’il prend à voir des lieux si beaux De grand fleuve qu’il est le transforme en fontaines. »
Source
- Histoire de Paris depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours (tome 4). 1865.