Le puits des Saints-Forts

Le puits des Saints-FortsLe puits des Saints-Forts | ©Guillaume Piolle / CC BY

Un puits très ancien

L’endroit le plus ancien de la cathédrale de Chartres ? Le puits des Saints-Forts !

Vestige du temple primitif où les premiers chrétiens de la ville venaient prier.

Un puits profond de près de 35 m, où la tradition dit que les Romains du consul Quirinus y jettent les premiers Chartrains convertis au christianisme...

Parmi eux, Modeste, la propre fille du consul.

À noter que l’on retrouve Modeste en statue, sur le portail Nord de la cathédrale...

Notre-Dame-sous-Terre

Ensuite, au Moyen Âge, pèlerins et malades affluent près du puits, appelé « lieu fort. »

On a même créé un hôpital, où les malades peuvent venir prier dans la chapelle souterraine.

C’est là que se trouvait le petit autel dédié à Notre-Dame-sous-Terre, une statue de Vierge noire appelée Virgo paritura, « la Vierge qui doit enfanter. »

La statue primitive ayant été détruite pendant la Révolution française, c’est donc la copie exacte du 20e siècle que l'on voit aujourd’hui.

Caveau et chenil

On trouvait aussi autrefois dans la crypte un caveau pour cacher les reliques de la cathédrale et autres objets précieux, en cas de siège.

Un autre caveau, également, où les habitants rangeaient leurs provisions, lorsqu’ils trouvaient refuge dans la cathédrale, en cas d’attaques.

Un autre, encore, s’appelle le « chenil » : une sorte de niche pour les chiens qu’on lâchait pendant la nuit dans l’église, pour attaquer les voleurs !

Le puits des Saints-FortsLe puits des Saints-Forts | ©Guillaume Piolle / CC BY

La légende de l'enfant de chœur

Une histoire reste associée au puits des Saints-Forts : celui de l’enfant de chœur. Pour cela, remontons le temps jusqu’en 1116...

Lors d’une procession dédiée à Notre-Dame-sous-Terre, la foule vient nombreuse, suivant l’évêque et ses enfants de chœur.

Mais... bizarre. Il en manque un ! Le plus jeune, mais le plus assidu. Fils d’une veuve très pauvre, il avait dédié son petit cœur à la Vierge de Chartres.

Sa maman s’inquiète de ne pas le voir dans les rangs. La procession achevée, il ne revient toujours pas.

La mère hurle, paniquée, prévient tout le monde de sa disparition.

On cherche dans tous les coins, les plus petits renfoncements. Rien !

Soudain, la mère pense au puits profond, dans la crypte. Peut-être… oui ! Elle y court avec une torche, se penche et l’appelle.

Jusqu’à ce qu’elle distingue un pli de vêtement flotter dans la pénombre profonde. Personne ne voit rien... Mais elle s’obstine.

Alors, on descend au fond du puits. On y trouve le petiot... noyé. Froid comme la mort.

Personne n’ose s’approcher de la mère, comme folle. Et quand on remonte le petit corps, elle s’en empare comme une louve et le pose devant la Vierge noire.

Pitié, pleure-t-elle, pitié pour ce petit qui vous aime tant et vous a donné son cœur...

À peine a-t-elle parlé que l’enfant sursaute, crache et revit !

Il murmure que juste avant de prendre place dans la procession, il était passé trop près du puits et avait trébuché dedans.

Mais il n’avait pas eu peur, au fond, non… une jolie dame en blanc l’avait soigné et rassuré.

Sources

  • Collin de Plancy. Légendes des saintes images et des saints. 1861.
  • M. T. Bulteau. Description de la cathédrale de Chartres. 1850.
  • Abbé Sainsot. La cathédrale de Chartres pendant la Terreur. 1886.
  • Marcel Bulteau. Monographie de la cathédrale de Chartres (tome 1). 1887.