Les mains mutilées de Gargas
La découverte des mains date du tout début du 20e siècle. Plutôt récent !
Pourtant, la grotte avait été fouillée, plusieurs fois : en 1865, le docteur Garrigou et son ami De Chastaigner explorent Gargas pour la première fois.
Viennent ensuite Félix Régnault puis le célèbre archéologue, l'abbé Breuil, au cours du 20e siècle...
En 1906, Félix Régnault découvre des empreintes de mains visibles sur des draperies.
230 mains de couleurs rouge ou noire, datant de -25 000 ans avant notre ère.
Oh, il en existe des semblables, dans la grotte de Bédeilhac, vous vous souvenez ?
La technique
La technique consiste à appliquer sa main sur la paroi et à souffler la couleur dessus : une préparation à base d'ocre jaune ou d'oxyde de fer (le rouge).
La main laisse sur la paroi son empreinte entourée par la couleur.
Oui, mais sauf qu'ici, on compte une centaine de ces empreintes.
Et à presque tous les coups, c'est la main gauche que l'on voit représentée.
Les doigts sont bien visibles, mais curieusement, certains sont repliés ou mutilés.
En tous cas, manquants...
L'horreur ! On a des mains d'enfants et d'adultes, soit privées d'un ou plusieurs doigts ou d'une ou plusieurs phalanges.
Rite mystérieux, froid extrême ?
On a avancé plusieurs théories : un rite étrange ? Le froid extrême qui aurait provoqué des gelures ?
Une pathologie comme la lèpre ou la maladie de Raynaud, qui ronge les phalanges mais laisse entier le pouce, comme c'est le cas ici ?
Ou peut-être est-ce voulu : ceux qui ont appliqué leurs mains ont volontairement replié un de leurs doigts ?
Vous pensez bien que l'on a vérifié la dernière hypothèse : non, pas de doute, les peintures ont été faites par soufflage sur des mains réellement amputées...
L'abbé Breuil et son confrère Cartailhac disent que Gargas est la seule grotte d'Europe qui montre des mains mutilées de la sorte.
Il en existe beaucoup dans des grottes ornées d'Australie, des mutilations « ethniques. »
Mais en définitive, ici, ce serait bien la combinaison du froid, du manque de nourriture, de blessures mal soignées qui seraient la cause de ces étranges mains mutilées...
Sources
- C. Barrière. Article La grotte de Gargas (Hautes-Pyrénées). Quaternaire, 1975.
- A. Leroi-Gourhan. Article Les mains de Gargas : essai pour une étude d'ensemble. Bulletin de la Société préhistorique française, 1967.