La tour dite du Prisonnier, construite par Philippe Auguste à la fin du 12e siècle, a servi de geôle à un mystérieux individu...
Il en a fait couler de l’encre, celui-là ! Mais qui est-ce ?
Deux amants royaux
Le prisonnier de Gisors aurait-il vécu à la toute fin du 14e siècle ? Deux hommes, à cette époque, peuvent correspondre :
- l’amant anonyme de Blanche d’Évreux, 20 ans, veuve de Philippe VI de Valois ? Mis en prison avec un coffre rempli de richesse ;
- le beau d’Aulnay, l’amant de Marguerite de Bourgogne, emprisonnée à 50 km de là au Château-Gaillard.
Wolfang de Poulhain
L.-N. Blangis claironne dans son Prisonnier de la tour de Gisors (1872) qu'il a découvert l'identité du fameux prisonnier !
Ce serait un certain Wolfang de Poulhain (ou Poulham), attaché au service de la duchesse Marie de Bourgogne.
L'homme se retrouve enfermé à Gisors après avoir été fait prisonnier à la bataille de Guinegatte, en 1513...
Nicolas Poulain
Nicolas Poulain, lieutenant du prévôt de l’Ile-de-France, se retrouve entre les quatre sombres murs du château de Gisors en 1575, enfermé sur ordre des Guises, pour complot.
C'est ce que raconte Histoire de la ville de Gisors (P. F. D. Hersan, 1858)...
Le détail qui met le feu aux poudres ? Des inscriptions gravées sur le mur de la tour, dans le cachot du bas.
Des graffitis religieux et profanes bien étranges, ouverts à toutes les interprétations !
En particulier le tracé maladroit d'une église et de cœurs flanqués de fleurs de lys, accompagnés de la phrase latine O Mater Dei, Memento Mei : « Ô mère de Dieu, souviens-toi de moi. »
Plus une signature... Poulain !
Les cœurs et les lys seraient les emblèmes de l'attachement de Poulain pour Henri III, puis Henri IV.
L'inscription, elle, rappelle l'attachement à la foi chrétienne dans la période troublée des guerres de Religion.
Conclusion !
L'inconnu de la tour du Prisonnier serait bien Nicolas Poulain.
Les éléments concordent : son nom gravé dans la pierre, l'inscription et les emblèmes royaux rappelant les guerres de Religion.
D'autant que les premières hypothèses proposées au début de cet article font de notre prisonnier un homme du 14e ou du tout début du 16e siècle : or, les éléments architecturaux de la tour datent de bien après ces deux époques !