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Le mariage de Louis IX dans la cathédrale de Sens

Quand : 27 mai 1234

Mariage de Louis IX (église de Villemomble) | ©GFreihalter / CC-BY-SA
Cathédrale Festivités Mariage Louis IX Marguerite de Provence Cathédrale Saint-Étienne de Sens

Anneaux, couronne... et dépenses

27 mai 1234. Saint-Étienne de Sens. La bénédiction nuptiale vient d'être donnée aux deux fiancés.

Regardez, la voilà ! Marguerite a 12 ans, elle apporte la Provence à la couronne de France !

Louis, 20 ans, s'apprête à mettre au doigt de Marguerite une bague d’or émaillée de lys et de marguerites séparés par un saphir, surmonté par un crucifix, avec cette inscription tout autour : « Hors cet anel, pourrions-nous trouver amour ? »

Marguerite, elle, prend pour l'occasion comme devise une marguerite, avec cette légende en latin roman : Roigna de par terrae, ancilha de Coely, « reine de la terre, servante du ciel. »

Voici ce que raconte Vie de saint Louis (Le Nain de Tillemont, 1847) :

« Marguerite fut ointe et couronnée avec beaucoup de solennité par Gauthier, archevêque de cette ville, le dimanche 28 de mai, dans l’église de Saint-Étienne, devant laquelle le roi fit dresser des échafauds pour 27 livres. La couronne de la reine, qui était d’or, coûta 58 livres. Il paraît que saint Louis y porta aussi la couronne. La dépense qui se fit au festin et au reste de cette solennité se monta à 2526 livres, compris 236 livres qu’on donna à l’évêque de Valence et sa suite, et 112 livres que coûtèrent les ménétriers. Il y avait une coupe et deux cuillers d’or. Le bouteiller eut la coupe qui avait coûté 62 livres. On amena au roi, à Sens, des malades d’écrouelles, pour lesquels il donna 20 livres. Le cheval d’un pauvre homme, ayant été tué dans cette confusion, le roi lui donna 40 livres. »

Les dépenses ? Des robes de soie à 314 livres, le pain à 98 livres, le pain du roi à 20 livres, le vin à 307 livres, la cuisine à 667 livres, la cire à 50 livres !

Cathédrale de Sens

Cathédrale de Sens | ©Parsifall / CC-BY-SA

Ménage à trois

Le couple semble heureux. Un ciel bleu sans nuages, ou presque... car jusque-là, Blanche de Castille régentait la vie de son fils.

Elle ne supporte pas qu’une autre prenne sa place, dans le cœur de Louis.

Après le mariage à Sens, Blanche oblige le jeune homme à passer sa nuit de noces et les deux suivantes en prière, dans une chapelle. Fichtre !

Le chroniqueur Jean de Joinville raconte que le jeune couple doit se voir en secret, pour avoir un peu d’intimité et fuir la surveillance de Blanche.

Voyez un peu par vous-même la ruse bien huilée mise en place par les jeunes mariés :

« Les logis là où il plaisait le mieux de demeurer, pour le roi et la reine, c’était à Pontoise, parce que la chambre du roi était au-dessus et la chambre de la reine au-dessous. Et ils avaient ainsi accordé leur besogne, qu'ils tenaient leur parlement dans un escalier tournant, qui descendait d'une chambre dans l'autre et ils avoient leur besogne si bien arrangée, que quand les huissiers voyaient venir la reine dans la chambre du roi son fils, ils frappaient la porte de leurs verges, et le roi s'en venait courant dans sa chambre, pour que sa mère l'y trouvât. Et ainsi faisaient à leur tour les huissiers de la chambre de la reine Marguerite quand la reine Blanche y venait, pour qu'elle y trouvât la reine Marguerite.

Joinville ajoute que les tensions entre les deux femmes sont telles, que Marguerite simule des malaises pour échapper aux griffes de sa belle-mère...

« Une fois le roi était auprès de la reine sa femme, et elle était en très-grand péril de mort, parce qu'elle était blessée d'un enfant qu'elle avait eu. La reine Blanche vint là, et prit son fils par la main, et lui dit « Venez vous-en, « vous ne faites rien ici. Quand la reine Marguerite vit que la mère emmenait le roi, elle s'écria « Hélas ! vous ne me laisserez voir mon seigneur ni morte ni vive. » Et alors elle se pâma, et l'on crut qu'elle était morte ; et le roi, qui crut qu'elle se mourait, revint, et à grand peine on la remit à point. »

Sources

  • Henri Wallon. Saint Louis et son temps. 1875.
  • Le Nain de Tillemont. Vie de saint Louis (tome 2). 1847.
  • Villeneuve-Trans. Histoire de Saint Louis, roi de France (tome 1). 1939.
  • Gustave Demoulin. Les Françaises illustres. 1893.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !