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Le mariage d'Édouard II d'Angleterre et d'Isabelle de France, le désespoir d'une reine

Quand : 25 janvier 1308 - 1358

Mariage d'Edouard II et d'Isabelle de France | ©The British Library / Public domain
Basilique Mariage Basilique Notre-Dame de Boulogne-sur-Mer

Un mariage dans la basilique de Boulogne-sur-Mer ? Tout juste !

Celui d’Édouard II d’Angleterre et d’Isabelle de France, le 25 janvier 1308.

Assistez-y comme si vous y étiez, et découvrez les sombres dessous de ce mariage royal !

Le mariage dans la basilique

Du beau monde

« Jamais mariage ne fut célébré d’une manière plus pompeuse. Et jamais église ne se vit remplie à la fois de tant de rois et de princes. »

Le ton est donné ! Regardez : chaque futur marié arrive avec son escorte.

Isabelle, d'abord. Elle a 12 ans, l'air grave, avec à ses côtés ses oncles, mais aussi les ducs de Bretagne et de Bourgogne, les comtes du Nord de la France et de Belgique, Henri le roi germanique, Charles le roi de Sicile...

Sans oublier son paternel, Philippe le Bel.

Vous la reconnaissez, maintenant ? La fière Isabelle, fille du célébrissime Roi Maudit !

On l’a rencontrée au sujet de l’affaire de la tour de Nesle.

Édouard II, lui, arrive de Douvres en compagnie de la sœur de Philippe le Bel, Marguerite. La veuve du roi Édouard Ier...

Les fêtes durent une semaine entière : Boulogne-sur-Mer n'a jamais vu cela !

Et immédiatement après le mariage, le couple embarque pour l’Angleterre.

Ah, Isabelle, si tu savais... Ta vie s’annonce bien malheureuse !

Le reliquaire du Saint-Sang, souvenir de la noce

On conserve un précieux souvenir du mariage !

La crypte de la basilique de Boulogne-sur-Mer abrite le reliquaire du Saint-Sang : un superbe objet offert par le roi Philippe le Bel, pour l’occasion !

Tout en or et argent, le boîtier s’orne d’un petit œilleton, au milieu.

Il permettait autrefois d’y voir quelques gouttes du sang de Jésus, ramenées de croisade par Godefroy de Bouillon, en 1100...

Les malheurs d'Isabelle de France

La dure réalité, outre-Manche

Les noces sont loin derrière, maintenant. Finies les paillettes, finis les sourires forcés comme des masques hideux.

Reste l’aigreur. L’immense tristesse d’un mariage mal assorti. Fade comme le ciel anglais sous lequel on force Isabelle à vivre.

Elle voudrait mourir, si vous saviez... Mais une reine anglaise ne meurt pas !

Elle subit. Subit un mari, Édouard II, faible et insipide, aveuglé par ses deux favoris, ces deux escogriffes de Hugues Le Dispenser et Pierre Gaveston.

Qu’on se le dise : Édouard préfère les hommes.

Il fait 5 enfants à la pauvre Isabelle, allez savoir comment... il la délaisse sans arrêt pour aller vivre sa relation exclusive avec Gaveston, alors que toute la cour se moque d’elle !

Elle, la femme blessée, ne connaît que les immensités glacées des vieux châteaux anglais, où on la laisse moisir...

Cela va changer, oh oui. Elle le jure !

Édouard et ses amants

Édouard II, Gaveston et Dispenser ? Oh, on vous dirait qu'ils forment un trio infernal. Un amour frisant la folie.

Pourtant... Le rude paternel d’Édouard le forme tôt, au boulot de roi. Mais le prince, influençable et faible, s’en moque. Il n’a aucun talent militaire.

Quand il entame son règne en 1307, il n’a qu’une préoccupation en tête : Pierre Gaveston.

Alors, quand on le marie avec Isabelle de France, la belle, la forte tête, son monde s’écroule.

Une fois, deux fois, 10 fois Gaveston se fait exiler face à la grogne des nobles. Mais Édouard le rappelle toujours.

Jusqu’en juin 1312, où le favori se fait arrêter, puis exécuter.

Déjà qu’Édouard ne s’occupait pas des affaires du royaume, là, il devient fou. Laisse tout tomber.

Il garde les restes de son Pierre avec lui et refuse qu’on l’enterre. Avant de se trouver un nouveau favori, Hugues Le Dispenser, son neveu par alliance...

Édouard anéanti

1325. Isabelle commence à entrevoir les bribes brumeuses d’une vengeance implacable... avec son amant, Roger Mortimer. Isabelle et Mortimer main dans la main.

Elle n’est qu’humiliation, et tout son être crie vengeance !

Les deux âmes noires s’allient pour anéantir Édouard.

Ils lèvent une armée contre lui.

Tout le pays hait Édouard, c’est donc sans souci que les gens se rallient à la cause d’Isabelle...

Édouard prend la fuite avec Hugues. Tous l’ont abandonné...

Quelques mois plus tard, Édouard et son amant se font arrêter. Hugues sera pendu, émasculé et écartelé.

Reconnu incompétent et indigne de la couronne, Édouard doit abdiquer, en janvier 1327.

Isabelle prendra les rênes du royaume... et fera tuer son mari.

Mais comme assassiner un roi, même, incompétent, reste un crime, il faut que ça ne laisse pas de marques.

Alors, au château de Berkeley, le 21 septembre 1327, Isabelle donne le signal : qu’Édouard soit « tué par là où il a péché »...

Ses geôliers attaquent Édouard dans son sommeil la nuit, lui introduisent un fer chauffé au rouge dans les « parties secrètes »...

Édouard meurt sur le coup.

Conclusion

Le fils d'Isabelle et d’Édouard, devenu Édouard III, fait assassiner Mortimer.

Sa mère ne s’en sort que parce qu’elle est fille de roi...

Loin de cette sombre cour anglaise, Isabelle finit sa vie exilée en 1358, dans le comté de Norfolk.

Sources

  • Daniel Haigneré. Histoire de Notre-Dame de Boulogne. 1857.
  • Alain Dag'Naud. Le grand bêtisier de l'Histoire de France. Larousse, 2022.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !