Pétain | ©Musée de Bretagne / Public domainAllons à la rencontre du maréchal Pétain, prisonnier 4 mois dans le sombre fort du Portalet, après son procès...
Qu'est-ce que le Portalet ?
Le fort du Portalet a été construit entre 1865 et 1870, à la suite d’un décret signé par Louis-Philippe en 1842, pour protéger la frontière espagnole.
Il n’a jamais affronté la moindre balle, le moindre boulet de canon, la moindre guerre !
Brièvement, il héberge une partie du 18e Régiment d’infanterie de Pau, qui se plaignait de l’inconfort sinistre et de l’humidité.
On y monte par un escalier de 506 marches, depuis la route nationale : impossible d’accéder par-derrière, la montagne est abrupte, sans aucun chemin, et de toutes façons, les environs sont impraticables, de novembre à mai, à cause de l’enneigement.
Le fort se trouve perché à 1060 m d’altitude.
Fort du Portalet | ©Myrabella / Wikimedia Commons / CC BY-SAPétain au Portalet
Des remords ?
En 1940 déjà, Pétain lui-même désigne le fort comme lieu d’internement, pour ceux qu’il considère comme responsable de la défaite de 1940 : les sieurs Blum, Mandel, Daladier et Reynaud, plus tard emprisonnés au château auvergnat de Chazeron.
Se doutait-il qu’un jour, il finirait lui aussi par aller goûter l’air humide et frais de la sombre forteresse pyrénéenne ?
En tous cas, pour la petite histoire, Pétain aurait été pris de remords à son arrivée au fort, en pensant qu’il avait fait enfermer Blum et les autres dans un endroit pareil, raconte la revue Pyrénées : organe officiel du Musée pyrénéen du Château-fort de Lourdes (n°146, 1986)...
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Le départ pour le Portalet
Combat : organe du Mouvement de libération française (16/08/1945) rapporte sur le départ de Pétain, ce 16 août 1945 :
« Hier matin à 8 heures un avion atterrissait à l’aérodrome de Pont-Long aux environs de Pau. Pétain, accompagné de policiers, en descendait. Les dépêches assurent qu’il était « souriant ». Vers 8h30, il prenait place dans une automobile que précédaient et suivaient des voitures de police. Des gardes mobiles à motocyclette l'encadraient. Le cortège prenait immédiatement la route de Camfranc et arrivait au fort du Portalet vers 11 heures. Le secret le plus absolu avait été gardé sur l'arrivée de Pétain à Pau, et le cortège qui traversa la ville, passa presque inaperçu. Tout au long du parcours, sur la route, le service d'ordre était assuré, par la gendarmerie et les forces de police du département. »
Pétain avait quitté le palais de Justice de Paris à l’aube, pour partir à 5h40 de Villacoublay.
Juste après la fin de son procès...
Retour sur le procès
« Vraiment, ils ne sont pas bien méchants », dit simplement Pétain à l’annonce du verdict.
Qui dit quoi ? Que s’est-il passé ? Le procès du maréchal, 89 ans, s’ouvre à Paris en juillet 1945.
Philippe Pétain, héros de la première Guerre après la victoire de Verdun, chef de l’État français pendant l’Occupation allemande, est jugé pour complot contre la sûreté de l’État et intelligence avec l’ennemi.
Condamné à mort, sa peine est commuée en prison à perpétuité, au fort du Portalet, puis à l’île d’Yeu.
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La cellule de Pétain au Portalet
Cellule n°6. Pétain occupe la cellule de Mandel, au Portalet !
Le quotidien France-Soir du 10/10/1945 raconte le quotidien du maréchal :
« Pétain se lève vers 8 heures, fait lui-même son lit et sa toilette, mange sa soupe, puis se met à lire. À 9h30, il reçoit la visite de ses docteurs. Puis c’est l’heure de la promenade dans la cour supérieure de la forteresse. Le plus souvent, Pétain monte les 107 marches qui mènent à cette cour allégrement et se moque de ses docteurs, qui s’essoufflent plus vite de que lui. Puis il regagne sa cellule pour lire et déjeuner (il partage le menu de ses surveillants). Ensuite il reste à sommeiller. À 15h30, il refait une promenade, souvent en compagnie du curé d’Urdos. C’est à nouveau sa cellule où il lit encore. Il dîne de deux assiettées de soupe et de légumes et se couche aussitôt après. »
France-Soir raconte avec des photos comment « longuement, chaque jour, le prisonnier se promène en méditant… Remords ou projets ? Mais il éprouve souvent le besoin de bavarder. Alors, il interpelle son surveillant. »
Ou encore : « Pétain se porte comme un charme et, aux hommes qui veillent sur sa santé, il donne, goguenard, de bonnes recettes de longévité. »
12 gardes assurent la surveillance du prisonnier. 60 autres gardent le fort.
En tout, 400 fonctionnaires veillent au grain, rapporte le France-Soir du 10/10/1945. Avec une patrouille de zouaves tunisiens et un peloton de gardes mobiles, aux environs.
Conclusion
Après ces 4 mois au Portalet, Pétain se fait transférer dans sa dernière demeure, le 16 novembre 1945 : l’île d’Yeu.
Encore une autre histoire !