Le maréchal Ney, coupable de trahison, vient d'être arrêté, dans le château de Bessonies... retour sur cet épisode lotois !
Le maréchal Ney
Michel Ney ? Duc d’Elchingen, prince de la Moskowa, chevalier de Saint-Louis, grand aigle de la Légion d’honneur, chevalier de la couronne de fer, Grand Croix de l’Ordre du Christ, maréchal d’Empire.
Le « Brave des braves » de l’empereur Napoléon Ier !
Louis XVIII fait arrêter ceux qui ont rejoint Napoléon pendant les Cent-Jours, après son débarquement de l’île d’Elbe, en mars 1815.
Parmi eux, Michel Ney, le premier de la liste… Son crime ? Haute trahison. Dire qu’il avait juré à Louis XVIII de ramener Napoléon « dans une cage de fer »...
Lorrain d’origine, né dans une famille modeste, il n’est pas noble. Il aurait pu être clerc de notaire, non ! Il fera sa voie dans l’armée napoléonienne, où il gagnera tous les honneurs.
Il est de tous les combats, Révolution, puis Empire. Populaire auprès de ses hommes, il devient « L’Infatigable. » C’est un fonceur, un déterminé. Ses combats acharnés lors de la Campagne de Russie lui valent le titre ronflant de prince de la Moskova.
« La mort ne frappe que ceux qui hésitent. Regardez-moi. Elle ne m’atteint pas ! » hurle-t-il un jour en chargeant.
L'arrestation à Bessonies
Le lion en cage
Ney est donc sur la liste des traîtres. La fuite l'attend !
Il compte aller chez une cousine germaine de son épouse, au château de la Bessonies, perdu entre Lot en Cantal, loin de toutes voies de communication.
De quoi cacher un fugitif en toute sécurité…
La baronne de Bessonies a préparé la chambre du rez-de-chaussée, à l’angle nord du château.
Elle existait encore en 1931, elle se compose d’un grand lit drapé de rideaux de serge jaune, une cheminée, une commode, une table et des chaises de paille.
Bref ! La baronne le laisse seul la journée. Elle l’entend marcher de long en large, s’arrêter un instant et recommencer à faire les cent pas.
Un lion en cage…
Un sabre, un homme roux
Un jour, on sonne à la porte du château : des amies venant, comme tous les ans, inviter la baronne à la fête patronale du village voisin.
Embêtée, celle-ci refuse l’invitation. Les visiteuses sentent sa gêne... Elle les reconduit à la porte, lorsque elles aperçoivent le sabre de Ney, posé sur un meuble : un cadeau de l’empereur.
Deux personnes en Europe en possèdent un : Joachim Murat… et Ney.
Quelle imprudence ! Ney a-t-il vraiment laissé traîner son arme ? Ce serait une anecdote créée par la tradition populaire !
Peut-être même que les dames ont bien croisé Ney dans le château, qui ne passait pas inaperçu avec sa grande taille, sa carrure imposante, ses cheveux roux. Peut-être en ont-elles parlé, en rentrant chez elles.
Car le fils d'une des dames, François de La Tour, qui pense que Ney est un ennemi public, veut le dénoncer !
Sa mère le dissuade. Mais La Tour est résolu. Il lance des ordres pour l’arrestation de Ney, on est en juillet 1815.
Trop tard !
Dans la nuit du 2 août 1815, le beau-frère de Mme de Bessonies, le directeur des postes d’Aurillac, galope vers le château, prévenir Ney.
Mais alors qu’il file dans la nuit noire, sa monture butte et chute, laissant le cavalier inconscient et blessé plusieurs heures, sur le bord de la route.
On le découvre le lendemain matin seulement. Cet homme n’a jamais pu prévenir Ney, et s’en voudra toute sa vie...
Car pendant ce temps, le capitaine de gendarmerie d’Assé a gagné le château de Bessonies, au petit matin. C’est un matin clair, déjà tiède, un petit matin radieux comme on en connaît tant, l’été.
Ney, qui ne dormait peut-être pas, a ouvert sa fenêtre et observé les silhouettes de cavaliers approcher, dans la brume violette.
Il prononce ses derniers mots : « Que désirez-vous ? »
On lui répond : « Le maréchal Ney. »
Voilà, le maréchal d'Empire Michel Ney allait être arrêté. Son procès pouvait commencer.
Procès et mort d'un maréchal d'Empire
Pendant son procès, alors qu’on lui lit sa sentence, Ney interrompt l’énumération de ses titres en soufflant : « Passez... Dites : Michel Ney… et bientôt un peu de poussière. »
« C’était une sombre matinée de décembre, le ciel bas et noir, un temps froid et brumeux, une pluie fine pénétrante, glacée tombant sans relâche, détrempant la terre changée en boue et perçant jusqu’aux os les soldats de la garde nationale qui formaient la haie », écrit dans ses Mémoires Ida Saint-Elme.
Ney est amené sur le lieu de son exécution.
A-t-il eu vraiment le temps de dire « Soldats droit au cœur » ou « Français je proteste contre mon jugement » ? En tous cas, il s’écroule touché par 11 balles, dont 6 en pleine poitrine.
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Conclusion
François de La Tour se vante de son acte :
« J’ai pu livrer le maréchal Ney à la justice. Cette action est mon seul titre à la récompense que je sollicite. »
Il n’en aura jamais, de récompense, dépensera toute sa fortune, vendra ses terres et finira ruiné.
Quid des Bessonies, les hôtes de Ney ? Jean-Joseph, garde du corps de Louis XVIII, est arrêté et emprisonné. Il dit qu’il ne savait pas que sa mère avait caché Michel Ney... il est relâché, puis renvoyé.
Source
- Comte de La Bédoyère. Le maréchal Ney. 1901.