La « mangeuse d'hommes »
On la surnomme le « Machu Picchu des Pyrénées », pour sa ressemblance avec le célèbre site péruvien. En effet, nous sommes ici entre 2400 et 2700 mètres d'altitude, sur la Mail de Bulard, sommet frontalier des Pyrénées !
On la surnomme aussi la « mangeuse d'hommes », tant les accidents mortels et les conditions de travail y sont terribles. Elle a pourtant été la plus haute mine d'Europe ! D'impressionnants vestiges accrochés au-dessus du vide subsistent encore, pour qui trouve assez de courage pour grimper là-haut...
Les mines de la vallée du Biros
L'histoire de l'exploitation de la mine du Bulard commence au milieu du 19e siècle. La vallée du Biros, en Ariège, regorge de mines de zinc et de plomb argentifère. L'Homme va les exploiter jusqu’au milieu du 20e siècle. Parmi les plus connues figurent les mines de Bentaillou et de la Mail de Bulard. C'est bien cette dernière qui nous intéresse !
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Un incroyable filon
L'exploitation des mines du Bulard a duré quelques années, entre 1902 et 1918 : en 1890, un filon de plomb et de zinc avait été découvert sur un versant escarpé de la Mail de Bulard. Un minerai réputé d'une pureté sans pareil !
Alors, escarpé, oui, c'est peu de le dire... l'accès au filon est compliqué, terriblement dangereux ! Il va donc falloir creuser un chemin d'accès pour les 150 mineurs, français comme espagnols, qui vont venir travailler ici, du printemps à l'automne.
Un chemin vertigineux taillé dans la roche, seulement praticable 5 mois par an, large d'un mètre et au-dessus d'un à-pic... de 200 mètres.
De terribles conditions de travail
Les conditions de travail, même si la mine du Mail du Bulard reste la mieux payée des Pyrénées, sont abominables. Ces centaines de mineurs vont passer ces 17 années d'enfer sur terre, à risquer leur vie à arracher de la montagne près de 80 000 tonnes de minerai, au total.
Il leur faut d'abord endurer les rigueurs du climat pyrénéen, logés dans des cabanes spartiates, accrochées à un piton rocheux.
Il y a aussi bien sûr le vide et ses dangers, comme les chutes depuis le chemin d'accès (affreusement glissant avec la neige) ; les blessés à cause des explosions ; les maladies mortelles liées au plomb.
La cadence de travail est infernale, à raison d'un cycle quotidien de 2x12h. De nombreuses grèves permettront de le baisser à 10 heures par jour.
Et alors que pour d'autres mines voisines, la descente du précieux minerai se faisait à l'aide de chevaux ou de câbles, ici, il ne faut compter que sur des câbles aériens.
Ce n'est pas la Première Guerre Mondiale qui a raison de la mine du Bulard, mais le filon qui s'était progressivement tari. Les derniers mineurs partis en 1919, il reste aujourd'hui ces impressionnants vestiges solitaires et silencieux, pour raconter l'histoire de la mine ariégeoise...
Sources
Arnaud PaulLes mangeuses d'hommesLa Dépêche, ladepeche.fr, 9/2/2015
Michel31La mine de BulardTracteurs et Motoculteurs d'Antan, mototracteurs.forumactif.com, 4/9/2024