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Le jour où Louis XIV humilie le doge de Gênes

Quand : 15 mai 1685

Réception du doge de Gênes à Versailles (Claude-Guy Hallé, 1710) | ©Wikimedia Commons
Château Louis XIV Château de Versailles

Galerie des Glaces. 15 mai 1685.

Nous allons assister à l'une des plus grandioses réceptions organisées à Versailles par Louis XIV, le roi Soleil alors au maximum de sa puissance.

Plus puissant, vous ne trouverez pas ! Personne ne rivalise avec son Altesse.

Surtout pas le doge de la République de Gênes, qui vient exprimer « l’extrême regret qu’elle a d’avoir déplu à sa Majesté »...

Mais que s'est-il donc passé ? Explications !

Gênes... et la France

La République de Gênes a été la plus énorme puissance maritime et commerciale italienne, depuis le 11e siècle. Mais plus au 17e siècle.

Alors, pour tenir la tête hors de l’eau face à la France, elle s'est alliée à l’Espagne, qui lui construit quatre grosses galères.

Provocation pour la France !

En plus, la République a refusé de laisser passer des troupes françaises sur son territoire...

Une moutarde sacrément épicée est montée au très noble nez du puissant Louis XIV.

Un terrible déluge de feu

Un Louis XIV qui demande les excuses les plus plates. Des excuses ici à Versailles, hop, et la remise des quatre galères !

Vous savez quoi ? Gênes refuse.

Terribles représailles, vous pensez !

La France bombarde la République de boulets de canons pendant 10 interminables jours.

14 000 boulets, qui détruisent la moitié de la cité, qui finit par abdiquer !

Bombardement de Gênes en 1684

Bombardement de Gênes en 1684 | ©Rijksmuseum / CC0

Le doge s'humilie dans la galerie des Glaces

Mais n'allez pas croire que l'histoire se finit comme cela !

Louis XIV remet le couvert : il ordonne que le doge vienne, en personne, s’excuser à Versailles.

Les lois de la République interdisent qu’on laisse partir le doge de Gênes sous peine de déchéance ? Louis s’en tamponne !

Il fait plier Gênes, qui, finalement, laisse partir son doge, Francesco Maria Lercari, suivi d'une cour immense.

Voilà comment le 15 mai 1585, dans la galerie des Glaces, le doge accompagné de 4 sénateurs s’inclinent devant le roi.

Un Louis XIV entouré d'une kyrielle de courtisans, grimpé sur son estrade, gros coq bien fat juché sur ses petits ergots.

Le doge doit littéralement s’humilier devant lui. Ramper, petit cancrelat insignifiant devant un Dieu vivant...

Enfin, avant, il a dû batailler pour avancer parmi une foule compacte de courtisans, pressés là pour tenter d’apercevoir les visiteurs !

Le doge Francesco Maria Lercari

Le doge Francesco Maria Lercari | ©Rijksmuseum / CC0

Des meubles en argent

Pour en mettre plein la vue au doge, Louis XIV a étalé tout son mobilier en argent massif ! Mazette...

Un mobilier d'argent que l’on finit par fondre en 1689, guerre oblige.

Car ça y est, la France fait peur. Trop puissante ! Une partie de l’Europe se ligue contre elle : c'est la Ligue d’Augsbourg.

Voilà comment Louis a dû sacrifier ses meubles en métal précieux, afin de soutenir l'effort de guerre...

« Moi, ici ! »

Le doge reste 10 jours à Versailles. Il visite tout !

Il raconte : « Il y a un an, nous étions en enfer, aujourd’hui nous sortons du paradis ! »

Et quand le duc de Luynes lui demande ce qui l’a impressionné le plus, pendant son séjour, il répond : « Moi, ici ! »

Sources

  • Lucien Bély. Dictionnaire Louis XIV. Robert Laffont, 2015..
  • Article en ligne sur le site officiel du château de Versailles. Réception du doge de Gênes, 15 mai 1685.
  • Bruzen de La Martinière. Histoire de la vie et du règne de Louis XIV (tome 4). 1742.
  • Jean-Jacques Aillagon. Versailles en 50 dates. Albin Michel, 2012.
  • Mémoires et journal du marquis de Dangeau. 1830.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !