Le jour où la fiancée de Landru se suicide dans les douves du château de Flers

Château de FlersChâteau de Flers | ©Guillaume Baviere / Flickr / CC-BY-SA

Petit rappel... mais qui est Landru ?

Landru ! Henri-Désiré le Barbe-Bleue. Le tueur en série accusé du meurtre de 11 femmes, reconnu coupable et condamné à la guillotine, à l’issue d’un procès qui se déroule entre 1921 et 1922.

Son mobile ? L’argent… il vole les économies de ses « amoureuses » !

Landru l’escroc, déjà coupable de petites arnaques, n’arrive pas à garder un job.

Alors, toutes les fins de mois, même rengaine… ce n’est pas sa femme Marie-Catherine et ses 4 mioches qui vous diront le contraire !

Pour les arnaques, il faut passer un cran au-dessus.

Landru publie donc des petites annonces dans des journaux, se faisant passer pour un veuf bien sous tous rapports.

Les dames s’y trompent, ne décelant pas l’âme perverse derrière l’œil noir malicieux et la petite moustache bien brossée.

Grâce à ces annonces, il rencontre veuves ou célibataires, les séduit, leur promet le mariage et leur demande (gage de confiance) de lui donner procuration sur leur compte en banque.

Et enfin, le rendez-vous pouvait avoir lieu, le tout premier, dans sa maison de campagne francilienne de Gambais (78).

Là, à peine les talons des dames franchissaient le seuil de la coquette bicoque, crac ! Landru les tuait, découpait les corps à la scie et faisait brûler les morceaux dans la cuisinière…

La seule rescapée du monstre !

Landru a pourtant laissé une femme en vie, une. Elle s’appelle Fernande Segret. Elle a 29 ans, au moment de l’arrestation du monstre.

La dame, artiste lyrique de son état, a été la petite amie de Landru. Oui.

La dernière des 12 fiancées du monstre, qui avait échappé au pire !

Elle le rencontre un jour de 1917, dans le bus. La barbichette et les yeux sombres lui ont fait de l’effet, comme aux autres...

Voilà les deux tourtereaux bientôt en couple. Elle ne sait rien des activités macabres de son jules. Elle est vraiment amoureuse.

Elle n’a jamais cru à la culpabilité de celui avec qui elle comptait bien, un jour, se marier. Aussi, elle reste avec lui jusqu’au jour de son procès.

Elle affronte l’humiliation et l'angoisse. Avant de disparaître, après l'exécution de Landru, un long moment à l’étranger, on va le voir...

Château de FlersChâteau de Flers | ©Guillaume Baviere / Flickr / CC-BY-SA

Fernande Segret sort de l’ombre avec Chabrol

En 1963 sort le film signé Chabrol et Sagan, sobrement intitulé Landru, consacré, vous vous en doutez, à la vie du bonhomme.

Fernande Segret, qui jusque-là n’avait pas fait parler d’elle, sort de l’ombre à l’occasion de la sortie du film.

La voilà qui attaque les producteurs !

Pourquoi ? Ils ont utilisé son nom sans son autorisation. Et puis, ils ont fait, selon elle, resurgir une très vieille histoire qu’elle aurait préféré oublier, et qu’elle juge en plus écornée, déformée.

Le 4 octobre 1964, Fernande obtient 10 000 francs de dommages et intérêts.

Puis, en mars 1967, la cour d’appel casse le jugement, arguant que la dame Segret n’avait pas subi de réels préjudices, à cause du film...

Son suicide

Le dimanche 21 janvier 1968, Fernande Segret se suicide, à l’âge de 75 ans, en se noyant dans les douves aux eaux profondes du château de Flers.

Pourquoi Flers ? L’article en ligne du quotidien Ouest France du 25/07/2017 rapporte qu’elle a vécu 40 ans au Liban, avant de revenir en France en 1965.

Elle s’installe à Flers, dans l’Orne. Tout le monde (ou presque) ignore son passé.

Et ce 21 janvier, elle se jette dans les douves glacées. Le jour anniversaire de la demande en mariage faite par Landru.

Très malade, elle a laissé un mot évoquant son départ, « pour mettre fin à ses souffrances. »

On a retrouvé deux photos dans sa chambre : celle de sa mère et celle de Landru.

Mais vous savez quoi ? Une messe était dite tous les ans, le jour anniversaire de la mort du tueur : c’était Fernande qui la faisait dire.

À partir de cette année 1968, il n’y aurait plus personne pour le faire. Oh, en même temps... entre nous : était-ce vraiment bien nécessaire ?

Source

  • Patrice Boussel. Guide de l’Île-de-France mystérieuse. Éditions Tchou, 1969.