En 1840, le duc de Luynes Honoré d’Albert appelle l’architecte Félix Duban, pour réaménager les intérieurs.
La grande salle néo-grecque du 1er étage date de cette période.
Et dans cette grande salle, deux peintures d’Ingres devaient se trouver là : l’Âge d’Or et l’Âge de Fer.
L’une d’elle, jamais achevée !
1839. Ingres a 59 ans. Un peintre à l’apogée de sa gloire ! Luynes lui commande alors deux tableaux.
Il lui laisse le choix du thème : quelque chose dans le goût antique, de préférence...
Bien sûr, il sera logé au château : on lui laisse l’aile droite, avec vue sur la cour d’honneur.
Ingres choisit l’Âge d’Or et l’Âge de Fer et choisit de les faire à même le mur.
2 ans s’écoulent : Luynes veut voir les esquisses.
Disons... qu’il se montre très froid et radin en compliments.
Et pendant plusieurs années, Ingres n’avance pas.
Ni lui, ni Luynes ne sont satisfaits du résultat.
En plus, Luynes n’aime pas tous ces corps nus dans sa salle à manger familiale...
Des accrochages apparaissent, le ton monte, pour n’importe quoi : on dit qu’Ingres râle car Luynes ne lui donne pas de voiture pour aller à Paris !
Le duc donne un avancement au peintre, mais les peintures doivent être finies en 1854.
Mais l'épouse de l’artiste meurt en 1849...
Ingres renonce aux peintures. Définitivement.
Pour ne plus jamais remettre les pieds dans ce château de malheur, où il a connu l’enfer de la page blanche, la froideur du duc, la mort de sa moitié et maintenant son absence.
Il s’engage même par écrit à céder à Luynes tous les droits sur le travail commencé.
Même le droit de le détruire, si cela lui chante.
Le duc garde finalement son Âge d’Or, qu’il recouvre d’une lourde tenture de velours rouge...
Source
- Charles Blanc. Ingres, sa vie et ses ouvrages. 1870.