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Le grand amour de Flaubert à Trouville

Quand : 1836 - 1853

La statue | ©Crochet.david / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Statue Statue de Gustave Flaubert

Flaubert à Trouville

Un manteau...

Été 1836. Un jeune adolescent de 15 ans à peine passe des vacances à Trouville.

Alors attendez : il ne s’agit pas du tout du Trouville d’aujourd’hui. Point de casino, point de grandes maisons ! Une petite ville tranquille qui vit de la pêche à la crevette.

Un jour, le jeune garçon aperçoit sur la plage un manteau de dame, que la marée allait emportait.

Il attrape ledit manteau, et le dépose plus haut sur le sable sec.

Élisa

Le soir, à l’hôtel, une femme lui dit : « Monsieur, je vous remercie bien de votre galanterie. »

Il se retourne. Une belle dame lui sourit en le dévisageant, les cheveux noirs comme de l’ébène, la peau « comme veloutée avec de l’or. »

Le jeune homme baisse les yeux, gêné.

Elle s’appelle Élisa, elle a 26 ans, son mari Maurice Schlésinger est le directeur de la gazette et revue musicale de Paris.

Voilà. Voilà comment il tombe amoureux : ce grand amour de toute une vie le « dévorera » et le poursuivra toute son existence durant.

Son seul grand et véritable amour.

Le jeune homme ? C'est Gustave Flaubert, qui venait de faire la rencontre d’Élisa, à Trouville !

Oui, Flaubert, Madame Bovary, L’Éducation sentimentale, Dictionnaire des idées reçues

Il a 15 ans, ce Normand pur jus est en vacances avec son père Achille Flaubert, chirurgien à Rouen, et sa mère Anne Fleuriot.

En attentant, pendant cet été si marquant, il reverra Élisa sur la plage, quelques fois. Avant qu’elle ne s’évanouisse de sa vie à jamais.

Un an plus tard, il décrit sa passion dans Mémoires d’un fou.

Plus tard, la dame sera le modèle de Mme Arnoux dans L’Éducation sentimentale.

Nostalgie trouvillaise

Flaubert reviendra à Trouville, souvent.

Comme en 1853, où, alors qu’il travaille comme un fou sur son manuscrit de Madame Bovary, il passe un mois là et vit en ermite, refusant de voir du monde.

Il loge alors chez un pharmacien… qui lui inspire son personnage de M. Homais, le pharmacien d’Yvetot !

Certains traits de caractère du curé l’inspireront aussi pour Madame Bovary.

Décidément ! Il habite alors au-dessus de la pharmacie du 138 boulevard Fernand-Moureaux (adresse vue dans Guide littéraire de la France, 1964).

Il écrit à son amie Louise Colet :

« La pluie tombe. Les voiles des barques sous mes fenêtres sont noires, des paysannes en parapluie passent, des marins crient, je m’ennuie ! Les souvenirs que je rencontre ici à chaque pas sont comme des cailloux qui déboulent par une pente douce vers un grand gouffre d’amertume que je porte en moi. » (Correspondance, Flaubert)

Ou :

« Tous mes souvenirs de ma jeunesse crient sous mes pas, comme les coquilles de la plage. J’entends gronder les jours passés et se presser comme des flots toute l’interminable série des passions disparues. » (Correspondance, Flaubert)

La statue

C’est donc tout naturellement que l’on trouve la belle statue de Flaubert, sur le quai Albert 1er.

La plaque dit justement :

« Ses émotions sentimentales et esthétiques les plus vives furent trouvillaises. »

Source

  • Serge Bertino, Michel Melot. Guide de la mer mystérieuse. Éditions Tchou, 1970.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !