Le fort de Pasciola, une prison corse de sinistre réputation

Une forteresse construite par les Français

Le fort de Vivario ou fort de Pasciola, en ruines, surplombe les gorges du Vecchio, à plus de 700 mètres d'altitude. Il a été construit en 1771 par les Français, qui venaient d'annexer la Corse un an plus tôt. Son but ? Surveiller la région !

Le fort, du temps de sa splendeur, s'élevait sur 3 étages : chaque niveau pouvait accueillir jusqu'à 100 hommes. Au sous-sol, une grande citerne permettait de stocker l'eau, aux côtés d'un entrepôt de vivres et d'un four à pain. Un magasin à poudre d'une capacité de 80 barils venait, entre autres, compléter l'ensemble.

Bonaparte transforme le fort en prison

Sous le Consulat de Napoléon Bonaparte, dès 1801, le fort devient une prison de sinistre réputation, destinée à enfermer les rebelles à l'autorité française...

Car la France de Louis XV a annexé la Corse en 1769 ! Et sous l'Empire de Napoléon Ier, il est venu le moment de mater les derniers rebelles à l'autorité française...

Bonaparte confie l'administration de l'île au général Joseph Morand (1757-1813).

Celui-ci instaure un régime de terreur, la « ghjustizia morandina. » Au programme, exécutions sommaires et colonnes mobiles dites « infernales », qui répriment les révoltes par la violence.

Fort de Pasciola | ©Marcxosm / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Mauvais traitements à tous les étages !

Cette prison de Pasciola inspire une grande frayeur, sous le « règne » du général Morand, dans le pays. Les bruits courant sur les mauvais traitements infligés aux prisonniers sont tels, qu'une imprécation corse a longtemps dit : Che tu sia della Pasciola... « que tu sois enfermé à la Pasciola » !

De célèbres rebelles corses enfermés à la Pasciola

C'est notamment dans cette prison gérée par Morand que l'on a enfermé, un temps, les rebelles d'Isolaccio di Fiumorbo, en 1808. Histoire tragique que celle de ces rebelles corses à l'autorité française...

Le 6 juin 1808, dans le petit village d'Isolaccio di Fiumorbo, 167 hommes âgés de 15 à 80 ans sont arrêtés dans l'église du village. Napoléon Ier les fait déporter à Embrun, dans les Hautes-Alpes.

17 sont condamnés à morts, 158 sont déportés, 84 meurent en détention. Seuls 35 hommes se voient libérés : aucun ne reviendra jamais vivre en Corse...