On l'appelle aussi aqueduc de Chaponost, situé sur le plateau du même nom.
Il fait partie de l'ensemble aménagé par les Romains pour amener l'eau du Gier (un affluent du Rhône) à Lugdunum, ancienne nom de la ville de Lyon.
À cette époque, la population lyonnaise s'est beaucoup développée.
Les habitants ont plus que besoin d'eau potable : les dirigeants romains décident donc de capter les sources voisines et de les amener jusqu'aux thermes et fontaines de la cité.
On compte 4 aqueducs :
- le premier, celui du Mont-d'Or, ne suffit pas ;
- on construit ensuite ceux de l'Yzeron, de la Brévenne et le dernier, celui du Gier.
Si les 3 premiers datent du milieu du 1er siècle après J.-C. (règne de Claude), celui de Gier remonte au début du 2e siècle après J.-C. (sous le règne d'Hadrien).
Une pierre a d'ailleurs été retrouvée sur le parcours de l'aqueduc, avec une inscription mentionnant le nom d'Hadrien.
La fameuse pierre taillée de Chagnon, découverte en 1887 (que l'on peut toujours voir aujourd'hui).
Haute de près d'1,60 m, elle porte une inscription latine :
« Ex auctoritate imperatoris Caesaris Trajani Hadriani Augusti, nemini arandi, serendi pangendive jus est intra id spatium agri quod tutelae ductus destinatum est »
Ce qui signifie :
« En vertu de l’autorité de l'empereur César Trajan Hadrien Auguste, le droit n'est donné à personne de labourer, de semer ou de planter dans cet espace de terrain qui est destiné à la protection de l'aqueduc. »
En tous cas, l'aqueduc du Gier reste le plus long et le mieux conservé des 4.
En effet, il reste encore 72 magnifiques arches, sur les 90 que l'on comptait autrefois !
L’appareil de pierre qui le compose est appelé parement « réticulé » (opus reticulatum), en raison du dessin particulier de la pierre, qui forme de petits losanges.
Une manière de construire très en vogue chez les Romains, mais très rare chez nous : c'est bien le seul monument que l'on trouve sur notre territoire, qui utilise cette technique.
L'eau partait de l'actuelle commune de Saint-Chamond et arrivait 85 km plus loin, sur la colline de Fourvière, à Lyon.
Une des caractéristiques de cet aqueduc est que l'on trouve sur son trajet plusieurs ponts-siphons bien conservés.
Qu'est-ce qu'un pont-siphon ? Une construction permettant à l'eau de circuler quel que soit le relief du terrain qu'elle traverse, notamment dans les endroits creux, comme les vallées.
En amont, on a un réservoir de chasse ; en aval, un réservoir de fuite ; entre les deux, des tuyaux en plomb et un pont-siphon construit plus bas que les deux réservoirs.
Ainsi, la grande pression de l'eau est canalisée et on n'a aucune perte de débit. Une grande prouesse technique !
Les aqueducs se terminaient par une sorte de grand réservoir, très profond et voûté.
Sources
- Armand Desbat. La datation de l'aqueduc du Gier, à Lyon : état d’une question controversée. Revue archéologique de l’Est (tome 60). 2011.
- Catherine Coquidé, Ghislaine Macabéo. Les aqueducs antiques de Lyon : l’apport de l’archéologie préventive (1991-2007). Revue archéologique de l’Est. 2010.
- Auguste Allmer. Musée de Lyon : inscriptions antiques (tome 2). 1889.