Fiesta pour le roi
Le célébrissime chef Vatel à Chantilly ! On va donner une fête en l’honneur de Louis XIV, qui vient faire une petite visite au Grand Condé, en avril 1671, pour 3 jours.
Le Grand Condé ? Très grand seigneur et propriétaire de Chantilly, à l’époque.
On a tous les détails du festin dans une lettre de Mme de Sévigné.
Le roi débarque un jeudi, il chasse, puis se promène dans le parc à la lueur des lanternes.
Le dîner est servi dans « un lieu tapissé de jonquilles. » Ce soir-là, le cuistot Vatel officie.
Le plus grand cuisinier de son temps, la perfection incarnée ! Il n'y a pas mieux.
Condé l’a nommé « contrôleur général de la Bouche », à Chantilly.
L'humiliation du rôti
Et ce soir-là, Vatel doit servir 3000 personnes, dont le roi ! Non mais, vous imaginez, l’organisation ?
Tout doit être parfait. Au poil près. Mais ce soir-là, rien ne va comme prévu, bizarrement...
Vatel apprend que quelques tables manquent de rôti. Quoi ?! Mais... comment... impossible ! Pour lui : c’est l’humiliation.
Il se sent mal, voit tout tourner... tiens, c’est parce qu’il n’a pas dormi depuis des nuits (12 nuits, dit Mme de Sévigné) !
Bref. Après le dîner et le feu d’artifice (raté à cause des nuages), Condé va féliciter Vatel pour son repas. Le cuisinier bafouille des excuses... non, non, Condé dit que tout a été merveilleux.
La marée fatale
Mais le lendemain, un autre festin s’annonce. Pas le temps de chômer !
Vatel se lève à 4 heures du matin, pour aller attendre la livraison des produits de la mer : c’est vendredi !
On va manger du poisson. Mais malheur !
La livraison n’arrive pas. Retard. Deuxième déshonneur.
Vatel attend jusqu’à 8 h, mais toujours rien. Il a la tête qui tourne.
Il part s’enfermer dans sa chambre, attrape une épée et se la plante dans le cœur, plusieurs fois... jusqu’à tomber raide mort.
On cherche Vatel, partout, pour le retrouver inanimé dans son sang.
Roh, Vatel, c’est ballot : la marée n’avait que du retard, elle vient enfin d’arriver à Chantilly...
Et apparemment, les invités ont mangé une « quantité prodigieuse de poissons, les plus beaux et les mieux apprêtés », nous disent les gazettes de l’époque...