Qu'est-ce que le Crédit municipal ?
Un mont-de-piété ? Un établissement de prêt sur gage !
A l’origine du nom, il y a le Monte di Pietà italien, créé en 1462 par le moine Barnabé de Terni, pour lutter contre l’usure.
En France, le premier mont-de-piété voit le jour à Paris en 1637, grâce à Théophraste Renaudot.
Le connaissez-vous ? Il s’agit du célèbre fondateur de la presse française ! Son but ? Le même que son ancêtre italien, la lutte contre l'usure !
Le Parlement met fin à cette institution en 1644, jusqu’à ce que Louis XVI la rétablisse en 1777, sur proposition du lieutenant général de police de Paris Jean-Charles Lenoir.
Transformé en Crédit municipal, il a eu son siège rue des Blancs-Manteaux, avant de déménager à son emplacement actuel, rue des Francs-Bourgeois (quartier du Marais).
A l'origine de l'expression : la montre du prince de Joinville
Le démon du jeu
Le Crédit Municipal a longtemps été surnommé « Ma tante », très familièrement.
Sans forcément savoir d’où venait ce nom presque affectueux !
On le doit à cet homme : François d’Orléans, prince de Joinville. L’un des nombreux fils du roi des Français Louis-Philippe Ier.
Celui que l’on dit possédé par le démon du jeu se retrouve un jour à devoir éponger une dette. Il est à sec ! Comment faire ?
Mettre en gage la montre à gousset que sa mère lui avait offerte ? Par exemple !
Quoi, quelle montre ?!
Sauf qu’un jour, ladite maman, la reine Marie-Amélie, au détour d’une conversation, s’étonne de l’absence de la montre dans la poche de son fils…
On ne cache rien à une mère !
Tout confus, Joinville répond en bredouillant qu’il l’a oubliée chez sa tante.
La sœur de son père, quoi : Madame Adélaïde.
Marie-Amélie (pas folle, la guêpe) donne l’ordre d’aller chercher la montre de son fils chez sa belle-sœur.
Un surnom affectueux
Ah ! Évidement, pas moyen de mettre la main dessus ! Joinville, tout honteux, doit avouer la vérité : il a mis sa montre en gage !
Et voilà comment sa tante Adélaïde d’Orléans laissa son nom au mont-de-piété !
Un surnom passé dans le langage courant, qui montre bien la place particulière de cette institution ô combien importante, dans la vie de nombreux Parisiens.
P.S. : François d’Orléans repose dans la chapelle royale de Dreux, où l’on peut voir son gisant.
Sources
- Houda Laroussi. Le prêt sur gage au Crédit municipal de Paris. Éditions Karthala, 2012.
- Michel de Decker. Napoléon III ou l'empire des sens. Belfond, 2010.