Stanislas pose la première pierre
L'ex-roi de Pologne débarque pour la première fois à Nancy, en 1737. La vue de Notre-Dame, toute délabrée, le frappe ! Il veut la faire reconstruire, lui redonner son cachet. Alors le 14 août 1738, la première pierre de la nouvelle église est posée. Stanislas dépose le sceptre et la couronne avec lesquels il avait été sacré roi de Pologne...
Mais ce chambardement ne plaît pas à tout le monde : on s'offusque, on râle même ! Détruire d'un claquement de doigt la plus vénérable des églises de Nancy...
Tout pour Stanislas
Pourtant, il faut s'y faire : en septembre 1741, les travaux s'achèvent. Stanislas a réuni les meilleurs artistes du moment : l'architecte Emmanuel Héré s'occupe des plans, le serrurier Jean Lamour forge les grilles, Provençal peint le plafond...
Sur la façade, deux niches abritent les statues des fondateurs, saint Stanislas et sainte Catherine, détruites à la Révolution puis remplacées en 1850 par Jorné Viard. Au-dessus, les armes de Stanislas et de la famille Leszcinski, restaurées après la Révolution.
L'intérieur, digne de l'esprit des Lumières, de pur style rococo, abrite les tombeaux des Leszcinski. Car Stanislas veut reposer ici aux côtés de sa famille !
Le monument de madame
La première à rejoindre le caveau de Bonsecours, c'est Catherine, le 21 mars 1747. On doit son tombeau monumental à Nicolas-Sébastien Adam : il a représenté Catherine appuyée contre une pyramide, à genoux.
Un ange l'entraîne vers le ciel. Le sceptre et la couronne royale gisent au pied de la reine. Tout en haut, les armes de Pologne et des Opalinska (une barque).
On voit aussi l'aigle de Pologne avec cette inscription : Manus domini confortavit te et ideo eris benedicta in aeternum (« La main de Dieu vous a rendu plus fort, c'est pourquoi vous serez béni pour l'éternité. »)
Le 6 janvier 1756, vient s'ajouter le corps de la duchesse Ossolinka, cousine de Stanislas, puis 5 mois après, son mari le duc d'Ossolinki et comte de Tenczin.
Le tombeau de Stanislas
Stanislas vient les rejoindre le 23 février 1766. C'est Louis XV qui commande son tombeau au sculpteur Louis-Claude Vassé.
Stanislas se tient contre une pyramide, lui aussi. Il est étendu, son sceptre posé près de lui, l'allégorie de la Lorraine éplorée et de la Charité à ses côtés. L'inscription dit :
Hic jacet Stanislaus I. cognomine beneficus, Per varias sortis humanae vices jactatus, non fractus, Ingens orbi spectaculum, Ubique, vel in exilio, Rex, beandis populis natus, Ludovici XV generi complexu exceptus, Lotharingiam, palris, non Domini ritu, rexit, fovit, exornavit. Hunc pauperes quos aluit, urbes quas instauravit, religio Quam exemplis instituit, scriptis etiam tutatus est, Insolabiliter luxere. Obiit 23 Febr. An. 1766, aetat 88.
Soit :
« Ici repose Stanislas le bienfaisant, roi en exil qui a nourri les pauvres, réparé les villes. Décédé le 23 février 1766 à l'âge de 88 ans. »
Diderot critique le tombeau, en parlant de la maigreur de l'ensemble et du mauvais effet du triangle formé par les 3 personnages !
Le cœur de Marie
Leur fille Marie, l'épouse de Louis XV, demande à ce que son cœur soit déposé dans l'église après sa mort, près de ses parents. Le moment venu, en 1768, Louis XV demande le monument à Vassé : il représente la reine dans un médaillon, avec de petits génies éplorés. L’inscription dit :
D. O. M. Mariae Sophiae, Ludovici XV uxoris, Stanislas filiae, Regno, patre, coelo dignissimae, Cor ex testamento. Obiit Versaliis, 24 junii 1768.
Soit :
« Marie-Sophie, femme de Louis XV, fille du roi Stanislas digne du ciel, son cœur repose ici selon son testament, 24 juin 1768. »
Os en balade entre France et Russie
Au moment de la Révolution, on fond les cloches, on sort les corps de leurs tombeaux, pour les mettre dans une fosse commune. En 1814, le comte polonais Michel Sokolincki se rend dans l'église, donner une messe à la mémoire de Stanislas.
La rumeur à l'époque dit que le comte a emmené des restes de Stanislas, quelques os et un morceau de sa robe de chambre ! On racontait même dans les chaumières que le roi se trouvait enterré tout entier quelque part en Pologne ou en Russie... Inquiète, la ville fait ouvrir le tombeau pour se rendre compte qu'il ne manque rien !
Source
- Christian Pfister. Histoire de Nancy. 1909.