Une partie de l'histoire qui a donné naissance à cette expression tombée dans l'oubli s'est déroulée au château de la Chasse, en forêt de Montmorency !
L’expression : chien ou pas chien ?
Elle est un brin défraîchie, notre expression, plus vraiment usitée, voire plus du tout !
Mais elle reste un de ces trésors du patrimoine, donc, elle mérite bien sa place ici.
Que signifie, alors, l’expression « être comme le chien de Jean de Nivelle (qui s’enfuit quand on l’appelle) » ?
C’est un lâche, un pleutre, un glandu fini ! Pire, quelqu’un qui se sauve, quand on a besoin de lui.
Donc, rien à voir avec le chien, l’animal : Nivelle se fait traiter de chien, comme une injure méprisante.
C’est ce chien de Jean de Nivelle, et non pas un hypothétique clebs, appartenant au pleutre !
Le personnage
L’expression vient de Jean de Nivelle, seigneur du Moyen Âge (15e siècle).
Le fils aîné de Jean I de Montmorency, grand chambellan de France et de Jeanne de Fosseux, riche héritière des Flandres.
Parmi les seigneuries qu’elle possède et donne à son mari se trouve Nivelle, non loin de l’actuelle Bruxelles, en Belgique.
Les faits : l'origine de l'expression
Mais qu’a fait Jean de Nivelle pour mériter cela ?
Quand le roi de France Louis XI va chercher des noises à son ennemi de toujours le duc de Bourgogne Charles le Téméraire, Jean I de Montmorency, fidèle du roi français, demande à ses fils d’aller se battre à ses côtés, contre le Bourguignon.
Les deux rejetons en question, Jean de Nivelle et Louis de Fosseux, sont des vassaux du duc de Bourgogne.
Ah, mince ! Évidemment, ils ne savent pas quoi faire ! Ils se rendent au château d’Écouen causer à leur paternel.
Mais là-bas, à cause d’une histoire d’héritage, les deux frères se brouillent, se sautent à la gorge.
Louis finit par rejoindre la Flandre pour se rallier au duc de Bourgogne, puis son frère le rejoint.
Le père, humilié, déshonoré, trahi, traite Nivelle de chien et déshérite les deux.
La scène se passe au château de la Chasse, non loin d'Écouen, en 1463...
Le dernier mot… pour La Fontaine !
Jean de Nivelle apparaît même dans la fable Le faucon et le chapon :
« Une traîtresse voix bien souvent vous appelle ; Ne vous pressez donc nullement ; Ce n’était pas un sot, non, non, et croyez-m’en, Que le chien de Jean de Nivelle. »