Le chef chouan Cadoudal et son mausolée à Auray

Du 25 juin 1804 à 1992

CadoudalCadoudal | ©Musée de Bretagne / Public domain

Biographie express de Cadoudal !

Saviez-vous que Cadoudal veut dire en breton « guerrier aveugle » ? De cado « guerrier » et dal « aveugle ».

Non pas qu’il soit forcément aveugle, mais qu’il ignore la peur… bref !

Ce général chouan, dont les origines sont à Auray et Locoal-Mendon, participe aux guerres contre les Républicains, aux côtés des royalistes, pendant la Révolution.

Il prend part au débarquement des émigrés royalistes à Quiberon, en 1795 (avec pour but de rétablir la monarchie). Un échec !

Cadoudal devient ensuite commandant de l’armée royale du Morbihan.

En attendant, ce Bonaparte et son Directoire, il n’en veut pas ! Dans le but de placer le futur Louis XVIII sur le trône, il participe à l’attentat de la rue Saint-Nicaise, à Paris.

Un attentat qui devait, avec l’explosion d’une machine infernale, tuer le premier consul corse.

Échec ! Cadoudal fomente alors l’enlèvement de Bonaparte, afin de le livrer aux Anglais !

Mais il met trop de temps à exécuter son projet : la police de Fouché découvre le pot aux roses et l’arrête le 9 mars 1804.

Le 25 juin, il est guillotiné...

Arrestation de CadoudalArrestation de Cadoudal | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

La mort de Georges Cadoudal

Demander grâce ?

Jugé et condamné à mort avec 11 autres royalistes, Cadoudal est guillotiné à Paris, place de l’Hôtel-de-Ville, le 25 juin 1804.

Le colosse breton refuse de demander grâce.

Il gronde seulement :

« Ce bougre-là ! Il n’est pas content de me couper la tête, il voudrait encore me déshonorer ! »

Son avocat le priant de demander grâce, il répond :

« Me promettez-vous une plus belle occasion de mourir ? »

Exécution de CadoudalExécution de Cadoudal | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Mourir en dernier

Le chef de bande doit normalement se faire exécuter en dernier : Cadoudal refuse net !

Il dit à Sanson, le célèbre bourreau (celui qui avait tranché la tête de Louis XVI en 1793) :

« Vous saurez que je veux être exécuté le premier. C’est à moi à donner à mes camarades l’exemple du courage et de la résignation ; d’ailleurs, je ne veux pas que l’un d’eux s’en aille de ce monde avec l’idée que je pourrais lui survivre... »

Comment meurent des Bretons

Avant de quitter leur prison de la Conciergerie, pour l’échafaud, Cadoudal avait dit à ses compagnons :

« Nous avions assez souvent battu les Bleus pour avoir droit à la mort de soldats ; mais nous ne devons rien regretter, en nous rappelant que l’échafaud sur lequel nous allons monter a été consacré par le martyr de notre roi ! »

Il dit à ses camarades de l’embrasser, avant de leur murmurer :

« Maintenant, il s’agit de montrer aux Parisiens comment meurent des chrétiens, des royalistes et des Bretons ! »

Cadoudal (anonyme, 1804)Cadoudal (anonyme, 1804) | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

12 exécutions à la suite !

Cadoudal récite une dernière prière, puis monte sur l’échafaud.

Il crie « d’une voix retentissante » : « Camarade ! Je vous rejoins ! Vive le roi ! »... avant que le couperet ne tombe.

Les Mémoires des bourreaux Sanson racontent que l'instant d'après, il y a un « moment de confusion ».

12 exécutions à la suite, c’est beaucoup, on s’est mal organisé !

Le corps de Cadoudal reste plus d’un quart d’heure sur l’échafaud, le temps que le bourreau trouve le temps d’acheter de la toile, pour lui faire un linceul à part.

Dans la foule, un badaud avait noté, en zieutant sa montre, que la série des 12 exécutions avait pris 27 minutes, exactement...

Le mausolée, AurayLe mausolée, Auray | ©Jean-Marie ZANONI / Flickr / Public domain

La dépouille de Cadoudal

Cadoudal est inhumé avec ses 11 collègues au cimetière Sainte-Catherine, près des Gobelins.

Mais alors… comment son squelette a-t-il fini exposé à la faculté de médecine de Paris, pendant tout le premier Empire ?

Hé oui, incroyable ! On dit que le célèbre médecin chirurgien de Napoléon, Larrey, fasciné par la carrure de bœuf de Cadoudal, fait exhumer son corps.

Les chairs séparées des os, le squelette est ensuite reconstitué sur du fil de fer, et finit livré aux étudiants en médecine.

Larrey rend le corps en 1814 à la famille de Cadoudal. L’avait-il en personne dépecé et étudié ? On ne sait pas !

Les proches de Cadoudal apportent le squelette démonté dans un coffret de bois au curé de l’église Saint-Paul-Saint-Louis, à Paris. Un curé étonné, qui ne sait pas bien quoi faire de ces reliques...

On lui conseille de les inhumer dans le lopin de terre attenant à son église… ce qu’il fait !

Maison natale de Cadoudal, AurayMaison natale de Cadoudal, Auray | ©Jean-Marie ZANONI / Flickr / Public domain

Le mausolée de Cadoudal à Auray

En 1824, une souscription est ouverte pour construire le mausolée actuel, de style néo-classique, à Auray.

Hop ! En 1830, le coffret de bois inhumé dans le Marais à Paris ressort, et prend le chemin du Morbihan, direction Auray.

Le héros est accueilli en grande pompe par toute la ville. Le mausolée, lui n’était pas achevé : il le sera en 1852.

Construit sur la colline de Kerléano, il se trouve tout près de sa maison natale (qui existe encore)...

Un an après, les restes de Cadoudal sont enfin inhumés dans la construction.

En 1879, surprise ! Un collègue chouan, Pierre Mercier, se fait inhumer auprès de lui.

Sources

  • Henri Sanson. Sept générations d’exécuteurs. 1862.
  • Clémentine Portier-Kaltenbach. Histoires d'os et autres illustres abattis. J.-C. Lattès, 2007.
  • Gaston Lenôtre. Georges Cadoudal. 1929.