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Le château provençal du Grand-Pré, chez l'inventeur du précieux remède universel

De 1674 à 1756

Château du Grand-PréChâteau du Grand-Pré | ©_Serge_Robert_ / Flickr / Public domain

Le remède universel du docteur d'Ailhaud

Le nom de Jean d'Ailhaud (1674- 1756) ne dit plus rien à personne... le château du Grand-Pré, en Lubéron, c'est chez lui ! Il y fabriquait un précieux élixir, dont il gardait la recette top secrète...


Car ce petit chirurgien, originaire de Cadenet dans l'actuel Vaucluse, met au point une poudre purgative, qu'il baptise poudre d'Ailhaud. Ou très modestement, « remède universel » !


À la base, c'est lui et sa santé faiblarde qu'il entend soigner. Grande nouveauté à l'époque, d'Ailhaud est contre les saignées, que l'on pratiquait alors à tout va : lui préconise les purgatifs. Car « ce n'était pas du sang que venaient les maladies, mais des humeurs qui le dérèglaient », explique-t-il.


Il teste donc sa poudre, s'en trouve bien mieux, et écrira plus tard :

« Prenez ma poudre, usez-en sans crainte, et suivez mon exemple : quoique dès ma naissance faible et infirme, j'ai eu le bonheur d'arriver à l'âge de 81 ans plein de santé, père d'une nombreuse et forte famille. »

Un succès phénoménal !

D'Ailhaud en vend d'abord aux petites gens de son bourg natal de Cadenet. Puis, confiant, il se met à écouler son élixir à grands coups de publicités, dans les journaux.


Il publie également un Traité de l'origine des maladies, dans lequel il explique (très modestement) que tous les maux du monde n'avaient qu'un remède... le sien !


Le succès est énorme. Il vend sa poudre dans le monde entier, tant et si bien que des contrefaçons circulent bientôt. Puis, des hordes de clients satisfaits lui envoient des mots de remerciements. Toutes les strates de la société...  des princes les plus prestigieux aux plus modestes valets ! Le docteur s'amuse à les compiler... et les publie en plusieurs volumes !

Le château du Grand-Pré, l'une des premières usines pharmaceutiques de France

Riche, célèbre, d'Ailhaud est nommé secrétaire du roi Louis XV. Lui manquait-il quelque chose ? Oui. Il achète, entre autres domaines, le château du Grand-Pré, à Vitrolles-en-Lubéron.


C'est dans cette bâtisse, construite en 1678, que d'Ailhaud installe sa pharmacie : petite pièce revêtue de boiseries (elle existe toujours), où chaque armoire correspond à une plante médicinale.


Son élixir était d'ailleurs mis au point dans une fabrique attenante au château : l'une des toutes premières usines pharmaceutiques de France, semble-t-il.


D'Ailhaud, au faîte de sa gloire, s'éteint dans son château provençal, en 1756. Et après 200 ans de réussite, sa poudre d’Ailhaud allait tomber dans l’oubli, à la fin du 19e siècle...

Sources

Louis Mayeul ChaudonDictionnaire universel, historique, critique, et bibliographique (tome 1)Imprimerie de Mame Frères, 1810

Robert CailletLe remède universel du docteur AilhaudRevue d'histoire de la pharmacie (42ᵉ année, n°141, 1954)

Cécile Mette« Le remède universel » : le trésor oublié d’une pharmacie du XVIIIe siècle redécouvert dans un châteauFrance3 Provence-Alpes-Côte-d'Azur, france3-regions.franceinfo.fr, 20/04/2025