Le château de Ménars, le joujou de La Pompadour

De 1760 à 1767

Vue aérienneVue aérienne | ©Starus / CC-BY-SA

La Pompadour et ses joujoux

Sacrée collection !

1760. Ménars devient la propriété de la marquise de Pompadour. La Pompadour... Devenue impopulaire, elle n'est même plus la maîtresse officielle du roi Louis XV. Elle reste tout de même proche de lui.


Cela tombe bien, Louis lui donne une belle petite pension : avec ça, elle dépense sans compter pour ses châteaux qu'elle a nombreux. Elle délaisse son beau domaine de Champs-sur-Marne (77) et va s'occuper de son nouveau joujou, Ménars.


Aaah, elle en a des jouets cassés dont elle ne veut plus, la marquise : les châteaux de Crécy, La Celle, Bellevue, les pavillons de Compiègne et de Fontainebleau... Sans oublier ses hôtels particuliers, comme l'hôtel d’Évreux... futur Élysée ! Elle collectionne les belles maisons comme les chaussures !

Des projets plein la tête

Mais à Ménars, elle se démène sans compter. L'architecte Gabriel s'occupe de tout. Sauf que la marquise va mourir en 1764... et comme son château ne sera achevé qu'en 1762, il lui reste à peine 2 ans pour profiter de son château au bord de la Loire. À peine 2 ans... plusieurs projets ne verront pas le jour de son vivant. Par exemple la grande terrasse plantée de tilleuls ou la machine hydraulique pour alimenter le château en eau, actionnée par un manège...

Rocaille et guirlandes

Mais ce qui intéresse La Pompadour plus que tout, c'est la décoration intérieure. Les inventaires mentionnent des tapisseries « au petit point sur fond rouge avec des guirlandes de fleurs dans le « grand salon rouge. »


Un petit « salon de compagnie » avec ses boiseries rocailles dessinées par Gabriel lui-même, ses hautes glaces et ses 4 tapisseries, les Enfants jardiniers d'après Lebrun. Sans oublier le mobilier recouvert de tapisseries des Gobelins ou de damas rayé vert et blanc...


La marquise collectionne les meubles « à la grecque », ce mobilier néoclassique tout nouveau, tout beau : elle en est fan ! Sans oublier le mobilier à motif japonisant, les porcelaines de Sèvres...

Chic jusqu'au bout des rideaux

Dans la « salle du dais » ou grand salon, elle a placé un portrait de Louis XV que surmonte un dais flanqué des armes de la marquise.


Dans la « chambre de la Pompadour », une cheminée en sarrancolin (un beau marbre rouge des Pyrénées), des murs, un lit et des fauteuils sur fond de perse blanc et vert. Pour les rideaux, même accord de couleur !


Un vestibule, au centre, fait office de point de départ à la formidable enfilade de pièces. On a aussi le boudoir, très intime, avec ses rideaux en gourgouran vert, ses murs tapissés de fleurs sur fond blanc, sa collection de 88 porcelaines de Chine... Sans oublier la « chambre bleue » avec son lit et ses fauteuils recouverts de moire bleue.


On compte 20 appartements composé chacun d'une antichambre, d'une chambre et d'une garde-robe. On doit toutes les étoffes à Godefroy, LE tapissier de la marquise.

Un Poisson, ses tilleuls, ses dépenses

Le frère a du goût

Donc, quand la marquise meurt, tout n'est pas vraiment terminé.

Heureusement, voilà son petit frère, Abel Poisson, marquis de Marigny ! Directeur des Bâtiments du Roi, il hérite de Ménars en 1764.


C'est lui qui s'occupe de l'allée de tilleuls voulue par sa sœur, mais aussi de l'aménagement de l'orangerie, de la nymphée et de la rotonde. C'est l'architecte du Panthéon qui s'y colle, Soufflot.


À l'intérieur, Marigny ne touche presque pas à la décoration de sa sœur. On sait qu'il ajoute la « salle des rois » décorée des portraits de Louis XV, Gustave de Suède et Christian de Danemark, offerts par ces rois en personne, dit Marigny...

Il achète à Londres un « billard anglais. »

Des tables animées !

Il fait aussi reprendre la machine hydraulique par l'ingénieur Loriot, célèbre à la cour pour avoir inventé ces tables animées qui montent et descendent les plats, à travers un trou dans le plancher de la salle à manger du Petit Trianon.


La machine devient objet de curiosités et les invités se pressent pour la voir ! Des invités qui repartent enchantés...

Triste ironie du sort

Tenez, Dufort de Cheverny dit dans ses Mémoires :

« Il n'était question dans le pays que de son faste et de ses dépenses. Construisant en intendant des Bâtiments, il faisait des choses superbes. [...] M. le marquis, millionnaire de la fortune de sa femme, dépensait son revenu en embellissements magnifiques, et en bonne chère avec les passants de Paris et de Versailles et quelques courtisans qu'il s'était fait à Blois. »

Sa femme ? Oui, Marigny épouse en 1767 Julie-Marie Filleul, une ravissante demoiselle qui se trouve être la fille... de Louis XV et d'une de ses maîtresses, Irène du Buisson de Longpré ! Une des nombreuses donzelles qui succèdent à la Pompadour... Ironie du sort ?

Source

  • Madame de Pompadour et les arts. Connaissance des arts (hors série n°173). 2002.