Le Versailles du Gévaudan, Q.G. des battues
C'est dans les sombres bois voisins de ce beau château (surnommé le « Versailles du Gévaudan », rien que ça) que se déroulent, à l’automne 1764, les battues pour tenter d'attraper la mythique bête du Gévaudan.
La demeure, alors propriété du comte de Peyre Jean-Henri Moret de Grolée, grand seigneur du Gévaudan, devient aussi le quartier général des chasseurs.
La Bête rôde près du château de la Baume...
Début octobre 1764, la bête se fait traquer plusieurs fois près du château de la Baume. Mais elle parvient à chaque fois à s'enfuir, pour s'enfoncer dans la forêt, sans que l'on parvienne à suivre sa trace.
Le 8 octobre, un jeune berger garde son troupeau près du château de la Baume. La Bête apparaît, prête à attaquer. Le berger se réfugie au milieu de ses vaches, qui parviennent à faire reculer la Bête, qui continuera à roder autour.
À peine une heure plus tard, une battue d'une centaine de paysans tombe sur la Bête guettant le berger. 3 fois, 3 tirs la touchent, la blessent. Mais elle se relève, s'enfuit à chaque fois. Increvable ! Elle plonge dans les bois où l'on perd sa trace.
Le 9, on reprend la battue des environs du château au petit matin : 200 hommes sont réquisitionnés. On ne désespère pas... la Bête a été touchée 3 fois, dont 2 fois quasi à bout portant : on sait même qu'elle boîte ! Pourtant, pas moyen de mettre la main dessus… Normal, elle est déjà loin : quelques heures plus tard, on la signalera à 5 km de là, attaquant un berger de 12 ans !
Le saviez-vous ? On rivalise d’idées bizarres, pour attraper la Bête !
Pour capturer cette maudite Bête, lors de ces battues, toutes les idées de pièges sont bonnes ! En voici quelques-unes (véridiques) :
- déguiser des dragons en femmes (victimes préférées de la Bête) et leur faire garder un troupeau ; mais on craint que d'autres hommes se travestissent en femmes et en profitent pour approcher des jeunes filles, avec la peur que l'on accuse les dragons d'agression ;
- fabriquer des « femmes artificielles », avec des vessies de cochon pour la tête et les seins ; la peau et les boyaux d'un mouton sont « assaisonnés » avec du poison. Sur un linge posé sur le visage, on dessine les traits d'une femme. On met le tout debout sur des piquets ;
- déguiser des moutons en jeunes filles ;
- déposer des veaux morts reliés à des fusils.
Sources
Michel LouisLa Bête du Gévaudan : l'innocence des loupsPerrin, 2001
Jean-Marc MoriceauLa Bête du Gévaudan : mythes et réalitésTallandier, 2021
Jean-Marc MoriceauL'homme contre le loup : une guerre de 2 000 ansFayard, 2013