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Le château de Druyes, entre Bourgogne et Orient

Quand : 1216

Tour-porche du château | ©Christophe.Finot / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Château Château de Druyes

Pierre II de Courtenay, comte d’Auxerre et de Nevers, reçoit chez lui à Druyes les barons venus lui donner la couronne d’empereur de Constantinople…

Un palais princier

Pierre II de Courtenay est le cousin du roi de France Philippe Auguste.

Puissant comte d’Auxerre, de Nevers et de Tonnerre, Druyes est son fief : un château-fort construit au 12e siècle par ses ancêtres.

Un palais princier : Pierre en a fait l'une de ses résidences principales.

Château philippien

La forteresse de Druyes est un château de style dit philippien (de Philippe Auguste) :

  • plan régulier carré ou rectangle ;
  • à chaque angle, des tours circulaires ;
  • une cour intérieure carrée.

À noter, il n’y a pas de donjon ! Mais une grosse tour-porche massive.

À l’intérieur de la cour se trouvait le palais de Pierre II, aujourd’hui disparu, car les pierres ont été pillées pendant la Révolution.

Le château

Le château | ©Daniel Jolivet / Flickr / CC-BY

Trouver un successeur à l'empereur

Pierre de Courtenay reçoit donc, dans ce château, la couronne d’empereur de Constantinople.

Mais késaco ? Un titre qui naît après la quatrième croisade, en 1204, et la prise de Constantinople.

Un concile choisit alors le comte de Flandre Beaudouin IX pour diriger le territoire conquis, l’empire latin de Constantinople.

Le règne de Beaudouin dure un an.

Le beau-frère de Pierre de Courtenay, Henri de Hainaut, lui succède.

Or, il vient de mourir sans descendance, en 1216, après 10 ans de règne. Empoisonné, murmure-t-on, bref...

Il y a bien son neveu, André de Hongrie, mais que nenni, il refuse le trône !

Alors… alors on propose à Pierre, d’où la délégation de barons venue d’Orient, qui déboule un beau matin en Bourgogne, dans le soleil et la poussière d’un long voyage.

La cour du château

La cour du château | ©Patrick89 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

La suite ? Cap sur Constantinople !

Pierre se rend à Rome se faire couronner par le pape, puis file vers son nouveau royaume d’or et de soleil, avec une toute petite armée de 6000 hommes.

Il demande des bateaux à la république de Venise, pour le transport de son armée.

Celle-ci accepte, à la condition de les aider à assiéger la cité de Durazzo, occupée par le despote et ennemi des Croisés Théodore Commène Doukas.

Le siège est un échec, une défaite cuisante ! Et les Vénitiens, devant cette claque monumentale, refusent de convoyer l’armée de Pierre à Constantinople.

Pierre décide donc de rejoindre Thessalonique par les terres : il doit pour cela négocier le passage avec Théodore. Oui, le despote !

Celui-ci promet de le laisser passer, s’il baisse les armes. Ça sent le piège à plein nez !

Tout juste : il l’attaque, décime son armée et le tient prisonnier deux ans, jusqu’à sa mort en 1218.

Pierre de Courtenay ne sera jamais arrivé à Constantinople.

Yolande de Hainaut, son épouse, elle, y était parvenue : leur fils Robert s’y fait sacrer empereur en 1221 ; leur fille Marie épouse Théodore Lascaris, empereur des Grecs d’Asie...

Le château

Le château | ©Daniel Jolivet / Flickr / CC-BY

Bourgogne-Orient, l'histoire continue !

Saviez-vous qu’une réplique du château de Druyes existe en Grèce, dans le Péloponnèse ? Il s’agit du château d’Androussa !

C’est Yolande de Hainaut, la veuve de Pierre de Courtenay, devenue impératrice, qui fait construire la réplique de leur château bourguignon, après la mort de sa moitié.

Des liens troublants existent entre Grèce et Bourgogne, voyez plutôt : le bulletin n° 18 d’octobre 2012 de l’association France-Grèce de l’Yonne, Ikona, évoque l’existence de la cité d’Androussa, dans l’ancienne Morée (actuelle Péloponnèse).

Autrefois, elle avait pour nom Druges.

Druyes s’appelait autrefois quant à elle Drogia, comme on peut le lire dans Recherches historiques et statistiques sur Auxerre (E. Davau, 1871) !

Une ressemblance de noms troublante, non ? Les habitants de Druyes s’appellent d’ailleurs les Drogiens...

Sources

  • E. Davau. Recherches historiques et statistiques sur Auxerre. 1871.
  • Collin de Plancy. Fastes militaires des Belges. 1835.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !