Célèbre ? Pourquoi ?
Voici la seule tombe des catacombes : celle de Françoise Géllain, d’abord enterrée au cimetière de Vaugirard.
Sur la pierre, on lit :
« À la mémoire de Françoise Gellain dame Legros, couronnée par l’Académie Française en 1784, morte le 12 décembre 1821 à 73 ans. »
Elle a eu une vie peu banale...
Cette dame fait sortir de prison le plus célèbre prisonnier de la Bastille : Henri Latude.
35 ans de captivité, en tout ! Et un nombre incalculable d’évasions.
Le gars Latude
Ce gars du Languedoc né en 1725, apprenti chirurgien militaire, s’installe à Paris à 24 ans.
Et entre autres bêtises, il veut attirer l’attention de la maîtresse du roi Louis XV, La Pompadour.
Ne me demandez pas pourquoi...
Il imagine de lui expédier un paquet rempli de poudre soi-disant empoisonnée, pour ensuite filer à Versailles la prévenir qu’un truc se trame contre elle !
On le récompense, d’abord.
Mais on ne prend pas le chef de la police pour une andouille ! On l’arrête, et même s’il nie son implication, hop, à la Bastille, en 1749.
Françoise intervient
Latude réussit 4 évasions.
Sa plus célèbre ? En 1755, où il se glisse le long du mur avec une échelle de corde, aujourd’hui au musée Carnavalet...
On le ré-enferme, avec des conditions de détention nettement moins drôle. Il tombe malade.
C’est là que Françoise intervient : cette jeune mercière de 35 ans s’émeut du sort de Latude.
Elle s’acharne à le faire sortir, va jusqu’à mettre son argent en jeu, supplie la reine et quelques gros bonnets, pour intervenir.
On finit par l’écouter, début 1784. Latude est libre. Françoise a tout donné pour cet inconnu. Elle devient célèbre, on lui décerne une médaille.
Le roi lui donne une pension, la reine un logis à la cour.
Mais la Révolution fait tout perdre à Françoise. Elle n’a plus rien, doit vendre sa médaille et se résigner à la misère, sans jamais se plaindre...
Latude lui, meurt en 1805 à 80 ans.
Sources
- Paul Perrey. Les Catacombes de Paris. 1867.
- Mémoires authentiques de Latude, écrits par lui au donjon de Vincennes et à Charenton, avec une introduction de M. Funck-Brentano. 1800.