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La statue de Greuze à Tournus, peintre des « têtes d'expression » et des scènes moralistes

Statue de Greuze, Tournus | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA
Statue Statue de Jean-Baptiste Greuze

De qui s'agit-il ?

Le peintre et dessinateur Jean-Baptiste Greuze naît le 21 août 1725 à Tournus : voilà qui méritait bien une statue dans sa ville natale !

Grand peintre de scènes de genre moraliste, talentueux portraitiste de personnages de la noblesse, ré-inventeur des célèbres « têtes d'expression », héritées du 17e siècle, qui ont fait sa marque de fabrique...

Sa statue à Tournus

Inaugurée en 1868, la statue en marbre du peintre bourguignon est dû au sculpteur natif de Tournus Benoît (dit Bénédict) Rougelet.

Statue de Greuze, Tournus : détail

Statue de Greuze, Tournus : détail | ©Patrick - Morio60 / Flickr / CC-BY-SA

Greuze en deux mots !

Tu seras architecte, mon fils

Son père Jean-Louis Greuze, maître couvreur, voulait faire de son fils un architecte ; mais très tôt, le petit couvre carnets et murs de sa chambre de dessins, inspirés par Rembrandt et Van Dyck.

Le père, fâché, le reprend à chaque fois et lui fait faire des ornements architecturaux, à la place.

Mais le petit persévère, lui montre tout son talent et convainc le paternel de sa passion !

Envoyé étudier auprès du grand peintre d'histoire Grandon à Lyon, il part pour Paris en 1750, se former dans l'atelier du grand peintre Natoire. Il devient le protégé de Pigalle.

Le premier succès

Greuze se fait repérer pour la première fois avec sa peinture Lecture de la Bible (Louvre), commande d'un riche collectionneur qui a remarqué ses premiers travaux.

C'est un immense succès. Greuze sort de l'ombre !

Greuze le soupe-au-lait

D'abord encensé (notamment par Diderot qui parle de son « âme délicate et sensible »), reconnu par les plus grands (Catherine II de Russie, via Diderot, achète sa Piété filiale une petite fortune), Greuze est vite rejeté... pour son caractère orgueilleux et arrogant.

Il se rêve peintre d'Histoire ! Alors, quand en 1769 l'Académie royale de peinture et de sculpture ne le reçoit que comme peintre de genre, il enrage, remet en question le jugement.

Diderot comme d'autres s'éloignent, agacés par « l’énorme présomption qu’il a de son talent. »

Mort oublié

Au tout début du 19e siècle, c'est la mode de l'antique ! La peinture de Greuze ne séduit donc plus.

Il sombre dans l'oubli et meurt à Paris en 1805, à l'âge de 79 ans.

Sa fille Anna Greuze, elle aussi peintre de portraits et de scènes de genre, l'a soutenu jusqu'au bout.

Greuze

Greuze | ©Rijksmuseum / CC0

Greuze en 5 œuvres

Les scènes de genre : « Les Œufs cassés » (1756)

Où voir le tableau ? Metropolitan Museum of Art.

Une toile typique des scènes morales, « édifiantes » de Greuze, qui ont fait sa renommée !

On y voit un jeune homme houspillé par une femme, pour avoir cassé les œufs ramenés par sa jeune servante.

Un critique en 1757 déclare que l'attitude de la jeune femme indique qu'elle a perdu sa virginité, symbolisée par les œufs cassés.

Un thème ambigu, repris dans les classiques de Greuze Jeune fille qui pleure son oiseau mort ou La Cruche cassée.

Les Oeufs cassés ()

Les Oeufs cassés (1756) | ©Metropolitan Museum of Art / CC0

Les portraits féminins : « Portrait de jeune femme » (1760)

Où voir le tableau ? Rhode Island School of Design Museum.

Il s'agit probablement du portrait de l'épouse de Greuze, croquée au début de leur mariage.

Les yeux brillants, l’expression vivante, les cheveux poudrés... Greuze s'est inspiré de l'apparence de la favorite du roi Louis XV Mme de Pompadour, faisant ainsi référence aux hautes aspirations sociales auxquelles aspirait son épouse.

Portrait ()

Portrait de jeune femme (1760) | ©Rhode Island School of Design Museum / CC0

Les portraits masculins : « Charles Claude de Flahaut, comte d'Angiviller » (1763)

Où voir le tableau ? Metropolitan Museum of Art.

Tout le génie et la maîtrise de Greuze se trouvent dans ce tableau représentant le directeur des Bâtiments du Roi !

Remarquez l'expression colorée de l'homme, l'utilisation subtile des couleurs, le jeu de textures dans le gilet mélangeant moire, métal et dentelles.

Portrait du comte d'Angiller

Portrait du comte d'Angiviller (1763) | ©Metropolitan Museum of Art / CC0

Les têtes d'expression : « Tête de jeune femme » (1780)

Où voir le tableau ? Metropolitan Museum of Art.

Voici un bel exemple des célèbres « têtes d'expression » de Greuze !

Des têtes isolées, des portraits particulièrement expressifs, d'où leur nom.

Très populaires du vivant du peintre, elles se diffusent via leur reproduction massive sur gravures : elles servent notamment de modèles dans les écoles des Beaux-Arts, créant un genre à part entière.

Tête de jeune femme ()

Tête de jeune femme (1780) | ©Metropolitan Museum of Art / CC0

Les enfants : « Petit Garçon au gilet rouge » (1775)

Où voir le tableau ? Musée Cognacq-Jay.

Avec ses portraits de personnes âgées, de jeunes femmes ou d'enfants, Greuze inaugure un genre nouveau, inédit, où la représentation de sentiments, comme l'innocence ou l'insouciance, est particulièrement mise en avant.

Des portraits qui connaissent un grand succès, de son vivant !

Enfant au gilet rouge ()

Enfant au gilet rouge (1775) | ©Paris Musées - Musée Cognacq-Jay / CC0

Sources

  • Claude Manceron. La Révolution française : dictionnaire biographique. Éditions Renaudot, 1989.
  • Les Œufs cassés. Metropolitan Museum of Art, metmuseum.org.
  • Monument à Jean-Baptiste Greuze. À nos grands hommes, anosgrandshommes.musee-orsay.fr.
  • Morwena Joly-Parvex. Un portrait d’enfant de Jean-Baptiste Greuze. Centre des Monuments Nationaux, monuments-nationaux.fr.
  • Jean-Baptiste Greuze - Portrait of a Young Woman. Rhode Island School of Design Museum, risdmuseum.org.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !