De qui s'agit-il ?
Jean-Baptiste Alphonse Baudin est médecin et député de l'Ain à l'Assemblée législative de 1849.
Il naît à Nantua dans l’Ain, le 23 octobre 1811 : voilà pourquoi sa ville natale lui a dédié une statue !
Son père occupe le poste de chirurgien des armées de la République, son grand-père paternel a été marchand à Lyon.
Baudin reste plus célèbre pour sa mort tragique sur les barricades, que pour sa carrière médicale !
Sa statue à Nantua
La statue actuelle, signée Henri Collomb, date de 1953 : elle remplace un monument en bronze inauguré en 1888, fondu en 1942 par les Allemands.
L’inscription dit : « À Alphonse Baudin représentant du peuple mort en défendant le droit et la loi le 3 décembre 1851. »
Le Nantuatien est représenté peu avant sa mort, sur la barricade parisienne, la main gauche sur son cœur.
Tout ce que vous devez savoir sur Baudin, en deux mots !
En plein choléra
Médecin au Val-de-Grâce en 1830, il se trouve à Paris quand le choléra frappe, en 1832. Il est d’une dévotion exemplaire !
Il écrit :
« Nous avons traité 148 cholériques et nous en avons perdu 20, cependant dépourvus des moyens les plus nécessaires. J’attribue nos succès à ce que nous étions là jour et nuit. »
Dévoué aux plus pauvres
Dans les années 1840, Baudin est médecin à Montmartre pour les plus pauvres des ouvriers, à qui il est dévoué corps et âme.
Il écrit à son frère :
« Je n’ai plus un sou pour vivre, mais cela ne m’inquiète pas le moins du monde. »
Expert au procès d'une célèbre empoisonneuse
Médecin spécialisé dans les maladies de l'estomac, Baudin est appelé à comparaître, en tant qu’expert, au procès de la célèbre empoisonneuse en série bretonne Hélène Jégado.
Un procès qui s'ouvre le 6 décembre 1851... c'est donc un rendez-vous manqué, Baudin étant mort 3 jours avant !
La mort de Baudin (une histoire de 25 francs)
Baudin meurt le 3 décembre 1851 à l'âge de 40 ans, sur la barricade parisienne du faubourg Saint-Antoine.
Une révolte a éclaté après le coup d’État du prince Bonaparte (futur Napoléon III), le 2 décembre.
Baudin tente de s'opposer au coup d’État : avec d'autres députés républicains, il essaie de soulever les Parisiens.
Des ouvriers, sur la barricade où il se trouve pour les enrôler, lui lancent alors : « Croyez-vous que nous allons nous faire tuer pour vous conserver vos 25 francs par jour ? » (25 francs, le salaire journalier des députés.)
Baudin répond : « Vous allez voir comment on meurt pour 25 francs ! »
Dans l’agitation générale, une balle est tirée en direction des soldats, venus pour disperser la foule. La riposte est immédiate. Baudin tombe, mortellement touché.
Victor Hugo lui rend hommage
Victor Hugo a popularisé la mort du médecin-député dans Histoire d'un crime (1877), qui rapporte les évènements du coup d’État de 1851.
Hugo était rentré en France en 1870 d’un exil de presque 20 ans, causé par son opposition… à ce même coup d’État de 1851 !
Le seul médecin du Panthéon
Le très beau gisant de Baudin, signé Aimé Millet, au Père-Lachaise, le représente mortellement blessé, à terre.
Mais Baudin ne repose plus au Père-Lachaise, puisque transféré au Panthéon en 1889, pour le centenaire de la Révolution française.
Il est le seul médecin inhumé au Panthéon.
Sources
- A. Camelin. Quelques aspects méconnus de la vie d'Alphonse Baudin. Communication présentée à la séance du 20/12/1975 de la Société d'Histoire de la Médecine.
- Monique Broussais. Alphonse Jean-Baptiste Baudin, député des barricades. In Bulletin de l'Académie du Var. 2008.