Rendez-vous dans la salle des Caryatides, au plus près de la Nymphe de Fontainebleau de Cellini, qui trône au-dessus de l'ancienne tribune des musiciens...
De Fontainebleau au Louvre
À la base, Cellini réalise cette nymphe pour orner le château de Fontainebleau. Je dirais même plus, sa Porte Dorée, l’entrée principale du palais !
Mais peu après l’achèvement de la Nymphe, en 1542, Cellini quitte la France, ses relations avec son mécène, le roi François Ier, s'étant détériorées.
Un roi qui meurt en 1547 : la nymphe n’a probablement jamais été placée au-dessus de la porte du château de Fontainebleau, car on la retrouve très vite à l’entrée du château d’Anet. Elle se trouve encore là en 1780 !
En 1806, quand la salle des Caryatides du Louvre est restaurée par Percier et Fontaine et que la tribune des Musiciens de Jean Goujon, jusqu'alors restée inachevée, se fait couronner d’une balustrade, on y ajoute le bas-relief de la Nymphe.
En 1849, on décide d'en faire un moulage et d’exposer le bronze original dans un endroit du musée où il sera mieux mis en valeur.
C'est à dire dans l'aile Denon, escalier Mollien, endroit où il se trouve encore aujourd'hui !
Le maître parle !
Cellini écrit dans ses Mémoires à propos de sa Nymphe :
« Dans le cintre, j'avais placé une femme étendue, dans une belle attitude, son bras gauche était placé sous le cou d'un cerf, animal qui comptait parmi les emblèmes du roi. D'un côté, j'avais représenté en demi-relief des chevreuils, des sangliers et d'autres animaux sauvage moins relevés en bosse ; de l'autre côté, des chiens braques et des lévriers de plusieurs espèces ; le tout rappelait les productions de la magnifique forêt où naît la fontaine. J'avais ensuite renfermé toute cette composition dans un carré oblong, dont chacun des angles supérieurs abritait une Victoire en bas-relief, tenant dans sa main ce flambeau que les anciens lui ont donné. Au-dessus du sujet principal, j'avais placé la salamandre, emblème particulier du roi, avec une foule d'autres ornements appropriés à l'architecture de l'ouvrage, dont le dessin était emprunté à l'ordre ionique. Dès que le roi eut jeté les yeux sur ce modèle, la joie parut sur son visage, et il oublia les propos fastidieux qu'il subissait depuis plus de deux heures. »
Une nymphe, un chien... une légende !
La nymphe de Fontainebleau a le bras gauche nonchalamment appuyé sur des vases d’où s’échappe une source : un clin d’œil à la légende de la fondation de Fontainebleau... liée à un chien assoiffé !
Un jour que le roi saint Louis chassait, un de ses lévriers préférés, Blau, se fait la belle.
Ventre à terre, le bougre avait détalé la truffe au vent, attiré par l'odeur de quelque quadrupède à cornes ou à moustaches...
Après de longues recherches, qui font craindre le pire, on trouve le chien près d'une source, lapant l'eau à grandes lampées sonores.
Rassuré, le roi fait construire à cette place une fontaine que l'on appela Blau, comme le lévrier.
Puis, on construit un petit pavillon de chasse... futur château de Fontainebleau, le bien nommé !