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La Roche-Bernard et sa maison du Canon : le jour où L'Inflexible a coulé !

Quand : 20 novembre 1759 - 1 janvier 1760

La maison | ©Fab5669 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA
Maison Guerre de Sept Ans Bataille Maison du Canon

Le canon d'un bateau naufragé

C’est sur le mur de cette maison du milieu du 16e siècle, appelée Maison du Canon, dans le centre-ville de La Roche-Bernard, que se dresse, patiné par le temps... un canon.

Par n’importe lequel !

Celui du navire L’Inflexible, échoué dans l’estuaire de la Vilaine à Arzal, après la bataille des Cardinaux, en pleine guerre de Sept Ans !

Canon de l'Inflexible

Canon de l'Inflexible | ©Thérèse Gaigé / Wikimedia Commons / CC-BY-SA

Une défaite cuisante !

Une des plus grandes claques, une des plus belles défaites de la marine française, ce 20 novembre 1759 !

Aussi connue sous le nom de « journée de M. de Conflans », du nom de l’amiral français Hubert de Brienne, comte de Conflans et ses 21 navires : ridiculisé par l’amiral anglais Edward Hawke et ses 32 vaisseaux !

  • Au total, 2500 Français perdent la vie, 6 navires coulent ou sont faits prisonniers.
  • Comment s’en sort la Royal Navy ? « Seulement » 300 hommes tués, et 2 navires perdus !
Edward Hawkes

Edward Hawke | ©Rijksmuseum / CC0

Le contexte : la guerre de Sept Ans

Elle se déroule entre 1756 et 1763, et dure, non pas 7 ans, mais... 6 ans et 9 mois.

Elle oppose la France alliée à la Russie, la Suède et l’Autriche, contre l’Angleterre aidée de la Prusse.

Les historiens la considèrent comme la toute première guerre mondiale : on se bat en Europe, mais aussi en Inde et en Amérique !

Mais pourquoi se bat-on, au fait ? L’impératrice d’Autriche Marie-Thérèse veut récupérer la Silésie, qu’elle avait dû céder au roi de Prusse en 1748, au terme de la guerre de Succession d’Autriche.

Mais ce n’est pas dans les plans de la Prusse, qui s’allie à l’Angleterre.

À l’issue du conflit, la France perdra quasiment toutes ses colonies au Canada et en Inde, au profit des Anglais...

Bataille de Quiberon (P. Canot, 1761)

Bataille des Cardinaux (P. Canot, 1761) | ©Rijksmuseum / CC0

Résumé de la bataille des Cardinaux

Le rocher des Cardinaux

Et nous voilà pendant la bataille des Cardinaux, qui tient son nom de quatre rochers à l’est de l’île d’Hoedic, dans la baie de Quiberon !

Ils sont orientés dans la position des quatre points cardinaux, d’où le nom.

L’arrière-garde de la flotte de l’amiral de Conflans s’y fait attaquer par la flotte anglaise de l’amiral Hawke.

Les 21 bateaux français portent de bien jolis noms : Le Soleil Royal, Le Formidable, L’Intrépide, Le Magnifique, Le Héros, Le Robuste, Le Thésée, Le Sphinx, L’Inflexible

Quasiment tous sont coulés ou faits prisonniers !

De l'eau dans les cales

Et puis il y a cette bourde monumentale... Le Thésée, qui venait secourir Le Soleil Royal, doit virer de bord à cause d’un violent coup de vent.

Son capitaine, pris au dépourvu, n’a pas le temps de faire fermer les sabords, ces ouvertures servant de passage aux bouches des canons : oups, l’eau envahit les cales…

Le rafiot coule soudain à pic, devant les yeux médusés des marins des deux camps !

Et hop, 700 victimes, au fond de la mer, dont le capitaine !

La Vilaine à Arzal

La Vilaine à Arzal | ©Thomas Corbillé / Public domain

Acculés dans la Vilaine

Sept vaisseaux et quatre frégates échappent à l’ennemi, « sans avoir reçu un seul coup de canon. »

Ils trouvent refuge dans l’embouchure de la Vilaine, avec à sa tête L’Inflexible.

Mais ils y restent coincés ! À cause de l’escadre anglaise qui est venue mouiller à l’entrée de la rivière, pardi !

Finalement, le 1er janvier 1760, une violente tempête fait se fracasser L’Inflexible sur les rochers.

Les autres navires ? Après un interminable blocus de presque deux ans, imposé par les Anglais dans l’estuaire, ils regagnent tous Brest ou Rochefort.

Point de chute !

Les navires réfugiés dans la Vilaine s’étaient, dans leur fuite, délestés d’une partie de leur canon. Leur point de chute a été enregistré. C’est ainsi que le canon de L’Inflexible a été récupéré…

Sources

  • Louis Dussieux. Les grands faits de l’Histoire de France. 1879.
  • Claude Merle. Dictionnaire des grandes batailles dans le monde européen. Pygmalion, 2009.
  • Notice sur le chevalier d’Arsac de Ternay. Revue maritime et coloniale (tome 73). 1882.
  • Pierre de La Condamine. Le combat des Cardinaux. Éditions Alizés, 1999.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !