La place des exécutions
Un lieu sinistre
On se trouve ici dans le plus ancien quartier de Nantes, mentionné à la fin du 10e siècle, lorsque le comte de Rennes Conan Ier, surnommé le Tors, fait construire le château du Bouffay.
Il devient la résidence des ducs de Bretagne, plus tard supplanté par l'actuel château ducal.
La forteresse du Bouffay se transforme alors en prison et en palais de justice.
La place va servir de cadre aux exécutions :
- celle de l'ex favori de Louis XIII accusé de crime de lèse-majesté, Chalais ;
- les « penderies » de 1675 évoquées par madame de Sévigné ;
- l’exécution en 1720 du marquis de Pontcallec et de ses 3 acolytes, accusés de conspiration ;
- l’exécution de Gilles de Rais.
Sodomie et sorcellerie
Regardez-le, celui-là ! Le reconnaissez-vous ?
Fier maréchal de France, courageux compagnon d'armes de Jeanne d'Arc, voilà Gilles de Rais !
Nous sommes en octobre 1440. Il ne va pas tarder à mourir sur le bûcher...
Enfermé au château du Bouffay depuis quelques jours, on l'a accusé de pacte avec le diable, de sodomie et d'homicide !
Le massacre des sœurs
À la Révolution, les exécutions continuent de plus belles.
On a même fait peindre l'échafaud et la guillotine en rouge, à cause des plaintes des habitants, qui ne supportaient plus de voir tout ce sang !
Summum de l'horreur avec l’exécution de Jean-Baptiste Carrier et des sœurs La Métairie.
Le premier en 1794, que l'on avait dépêché à Nantes pour en chasser les royalistes et arrêter les réfractaires au moment des guerres de Vendée.
Voilà qu'il envoie ses prisonniers à la noyade dans la Loire...
Un massacre ! Lui aura la tête tranchée sur la place.
Les sœurs, en décembre 1793, pauvres victimes de la Révolution, 4 jeunes femmes arrachées à leur famille, que la haine pousse sur l'échafaud...
La plus jeune avait 17 ans, l’aînée 28 ans.
La tradition nantaise veut que leur bourreau se suicide quelques jours après leur exécution...
L'aménagement de la place
Au milieu du 19e siècle seulement, la prison a cessé de fonctionner...
Pourtant, dès le début du 18e siècle, on avait bien réaménagé la place.
Son aspect médiéval avait été gommé, les murailles de la ville qui l'entouraient avaient disparu tout comme le mur de la vieille forteresse des ducs.
L’architecte Jean-Baptiste Ceineray avait ouvert la place sur la Loire et avait proposé de construire plusieurs hôtels sur le même modèle.
On en construit... un seul !