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La nécropole de Saint-Denis

Jean de France, St-Denis | Anecdotrip.com
Basilique Saint-Denis

La basilique Saint-Denis, tombeau géant des rois de France... Anecdotrip vous propose une petite balade dans le temps avec leurs gisants ! Pour une visite comme si vous y étiez, avec anecdotes, mystères et légendes.

SOMMAIRE

1 – Quelques rois et reines de France et leurs gisants 2 - Petites histoires pendant la Révolution 3 - Alexandre Lenoir : le sauveteur de Saint-Denis !  

La nécropole des rois de France à Saint-Denis

De Dagobert à Louis XVIII, tous les rois de France (ou presque !) se font enterrer à Saint-Denis. Lors du grand chambardement de la Révolution, les tombeaux se font saccager, détruire, les restes jetés dans des fosses communes.

Lenoir parvient à sauver les plus beaux tombeaux et les expose à Paris au musée des Petits-Augustins, futur musée des Monuments Français. Les gisants et les tombeaux feront leur grand retour à la basilique en 1816, grâce à Louis XVIII... On compte aujourd'hui 79 gisants, bien évidemment vides depuis la fureur révolutionnaire...

Quelques rois et reines de France et leurs gisants

Louis III

Roi de Francie occidentale de 879 à 882, « fils de Louis II le Bègue » comme le dit l'inscription sur le gisant et arrière-arrière-petit-fils de Charlemagne. Saint Louis commande le gisant vers 1263. Ce Louis là fait partie des « morts pas vraiment glorieuses de l'Histoire de France »...

Si, si : il meurt alors qu'il poursuit une jeune fille à cheval. La bougresse résiste à ses avances, Louis doit sacrément cavaler pour la rattraper. C'est là qu'il heurte violemment un linteau de porte trop bas et se fracasse le crâne... Gourgandin, va !

On ne sait pas si ça s'est vraiment passé comme ça, hein. Une autre version, avancée par Alexandre Lenoir dans son Musée royal des monuments français ou Mémorial de l'histoire de France et de ses monuments, dit qu'il meurt :

« d'un coup qu'il se donne dans la poitrine en poussant par plaisanterie, dans une porte, le cheval qu'il montait pour se rendre à Tours. »

Bah, d'une façon ou d'une autre, il s'est salement cogné à cheval... Celui qui doit lui succéder, Carloman, n'a pas plus de chance : il se tue à 18 ans, à la chasse...

Philippe et Louis

Philippe, c'est le frère de saint Louis né en 1221, fils de Louis VIII et de Blanche de Castille. Il meurt très jeune. Louis de France, lui, est le fils aîné de saint Louis. Les tombeaux, de la moitié du 13e siècle, en pierre polychrome, se trouvent à la base à l'abbaye de Royaumont.

On remarque les deux visages, jeunes, imberbes, les cheveux courts. Un lévrier garde le sommeil de Louis, un lion celui de Philippe. Le niveau inférieur du tombeau montre des moines et des personnages dans des niches : nos fameux pleurants !

Blanche de France

Fille de saint Louis et de Marguerite de Provence. Le gisant date du 14e siècle et se trouvait dans l'église des Cordeliers à Paris. Blanche, elle, se retrouve mariée en 1269 à Ferdinand de Castille. Veuve en 1315, elle fonde le couvent des Cordelières à Paris, au faubourg Saint-Marcel.

Elle s'y retire jusqu'à sa mort en 1320...Saviez-vous qu'on peut voir des vestiges du couvent des Cordelières dans le Jardin de l'hôpital Broca ? Ca se passe dans le 13e arrondissement de Paris...

Jean et Blanche de France

Et bien voilà, je vous présente deux des enfants de saint Louis et de Marguerite de Provence ! Deux magnifiques gisants provenant de l'abbaye de Royaumont, réalisés par un atelier limousin vers 1250 en cuivre doré à « émaux champlevés ». Ils arrivent à Saint-Denis en 1820...

Clovis Ier

Roi des Francs de 481 à 511, fils de Childéric Ier et de Basine. Le gisant vient de l'église Sainte-Geneviève de Paris : en pierre, il date de 1230 environ. Regardez : il porte la couronne et parait-il le manteau de pourpre offert par Anastase, empereur d'Orient...

Saviez-vous que le prénom Clovis est à l'origine du prénom Louis ? De Chlod-Weg « célèbre pour ses combats », on passe au latin Hlodovicus puis Clodovicus, puis Clouis en françois. Clouis qui devient... Louis !

Childebert Ier

Roi de Paris de 511 à 558, fils de Clovis Ier et de Clotilde, c'est le gisant le plus ancien du Nord de la France ! En pierre, il date de 1163...

On l'inhume dans l'église Saint-Vincent qu'il avait fondée à Paris (aujourd'hui Saint-Germain-des-Prés). D'ailleurs, vous avez vu la tour qu'il tient dans sa main ? Il paraît que ça pourrait être le clocher de son église parisienne...

Philippe VI de Valois

Roi de 1328 à 1350, il meurt à 57 ans en 1350. A peine un an avant, il avait épousé la jeune Blanche de Navarre (17 printemps)...

Plus de son âge, ces choses là : il meurt d'épuisement, dit-on ! Son gisant est une réalisation d'André Beauneveu commandé en 1364 par Charles V, petit-fils de Philippe VI.

C'est Philippe qui fait l'acquisition du Dauphiné en 1349 d'Humbert, dauphin de Viennois. Depuis, les fils aînés des rois de France ont pris le nom de dauphin, avec le blason du Dauphiné !

Charles IV le Bel

Roi de France et de Navarre de 1322 à 1328, son gisant date des années 1327, commandé par sa femme Jeanne d'Evreux. Fiston du roi Philippe le Bel le bien nommé, il n'a aucune des qualités de son paternel !

Pire, sa moitié, Blanche de Bourgogne, le cocufie lors de l'affaire de la tour de Nesle... Encore un « roi maudit » !

Marguerite de Flandre

Fille de Philippe V le Long, femme de Louis II comte de Flandre. Veuve en 1346, elle porte d'ailleurs l'habit de deuil sur son gisant... Un superbe baldaquin gothique recouvrait le tombeau.

Vous savez quoi ? Ce baldaquin existe toujours, il surplombe aujourd'hui les reliques de Denis et ses deux compagnons dans la nécropole !

Pépin le Bref

Celui qu'on surnomme le Bref parce qu'il est petit a régné de 751 à 768. A sa demande, on l'enterre face contre terre, couché sur le ventre pour expier les fautes de son père Charles Martel (qui avait pris les biens de l'Eglise le vilain) !

Pire, sa tombe ne se trouvait pas dans la basilique, mais à l'extérieur, devant la porte...

Bertrand Du Guesclin

En 1389, à l'occasion du service célébré à Saint-Denis pour l'âme de Du Guesclin, demandé par Charles VI, on amène en offrandes 4 chevaux de l'écurie royale ! Rien n'est trop beau pour un aussi fier guerrier, si fidèle au roi...

Le gisant, achevé en 1397, se fait commander par Charles V : l'architecte royal Raymond du Temple se charge du dessin et les « imagiers » de Paris Thomas Privé et Robert Loisel taillent le gisant.

Un gisant assez conforme au portrait du Breton, avec sa :

« taille médiocre et ramassée, ses épaules larges, le col court, les joues bouffies, le front grand, les yeux sortants, les jambes grosses et mal tournées... »

Dans le genre mort foudroyante, Bertrand ne fait pas dans la dentelle : il meurt d'une pneumonie ou d'une dysenterie après avoir bu trop d'eau glacée et combattu en plein cagnard. De l'eau qui venait d'une fontaine au lieu-dit La Glauze, près du village d'Albuges (48)...

Louis de Sancerre

« Vaillant homme et hardi chevalier » dit Froissart, mais aussi maréchal de France et compagnon d'arme de Du Guesclin et d'Olivier de Clisson.

Sancerre n'a pas un physique facile : il a un terrible strabisme, comme le dit sa description dans les documents de l'époque « facie dispicabili et oculis aliquantulum obliquis » ! Du coup, vous avez vu ? Ce détail physique n'a pas échappé au sculpteur, qui l'a reproduit dans son gisant commandé par Charles VI au début du 15e siècle ! Pauvre Sancerre, avec sa coquetterie dans l’œil pour l'éternité...

Quand on ouvre son tombeau en 1793, Alexandre Lenoir rapporte que Sancerre a encore autour de la tête de « longs cheveux partagés en deux grandes tresses longues d'environ 40 centimètres » !

Berthe au grand pied

Née Bertrade de Laon, épouse de Pépin le Bref et mère de Charlemagne, la Chronique de Saint-Denis la décrit comme « une dame pleine de bonnes mœurs et de douce mémoire ».

Mais d'où lui vient son surnom ?! Le poète Adenet en fait déjà mention en 1270, avec Li roumans de Berte au grand pié.

Peut-on y voir une analogie avec les reines pédauques, ces femmes portant couronne, affublées de pieds palmés (pedde d'auca, pattes d'oie), célèbres à Toulouse et en Bourgogne ?

Alexandre Lenoir dit dans son Musée royal des monuments français ou Mémorial de l'histoire de France et de ses monuments que souvent on représentait Berthe avec une patte palmée, car des chroniques disaient qu'elle « était accouchée d'un oison et que pour cette raison on l'a représentée avec une patte d'oie à la place de l'un de ses pieds »...

Louis XVI et Marie-Antoinette

Voici le roi (1774-1791) et sa moitié représentés en orants en marbre blanc, celui du roi sculpté par Edme Gaulle, celui de la reine par Pierre Petitot...

Des statues commandées en 1816 par Louis XVIII ! Ce qui frappe, c'est bien l'anachronisme complet des costumes ; comme Louis avec sa culotte bouffante style Henri IV...

Le style troubadour dans toute sa splendeur, où comment on a revisité le Moyen-Age au 19e siècle... C'est pas joli joli. Et déjà à l'époque, on déteste ces statues : trop lourdes, trop raides, pas ressemblantes du tout...

Louis et Philippe

Ben, des Louis et des Philippe, on en connaît une tripotée, parmi les grands du royaume de France... Alors, qui se cache derrière ces prénoms passe-partout et ce grand monument funéraire ? Les fils du comte d'Alençon, morts tout jeunot !

C'est un moulage, l'original (qui se trouvait à la base à l'abbaye de Royaumont) se voit aujourd'hui au musée du Moyen-Age à Paris. Les détails sont savoureux... Regardez ! On remarque tous ces petits personnages, ces végétaux, ce chien qui tient un lapin dans sa gueule...

Louis X le Hutin

Roi de France de 1314 à 1316. Il meurt en 1316 à Vincennes dans le sous-sol du château, après un effort violent couplé à un verre d'eau glacée (il jouait au jeu de paume).

Hydrocution, disent certains, empoisonnement pour d'autres, le Hutin s'était fait des ennemis en poursuivant les usuriers, les » loups dévorants » comme il disait... Inhumé à Saint-Denis le troisième jour après sa mort, nous dit Guillaume de Nangis dans ses Chroniques, on réalise le gisant vers 1327.

Mais dites donc, on a un des rois Maudits, là ! Oui, le Hutin, c'est le mari cocufié de Marguerite de Bourgogne, qui s'est bien amusée dans les orgies de la tour de Nesle avec les deux frères d'Aulnay...

Un cinq-à-sept révélé par la fille du roi Philippe le Bel en 1314... qui reconnaît à la taille des deux beaux galants les aumônières qu'elle avait offertes à ses belles-sœurs.

Les deux galants se font châtrer, écorcher vif puis pendre, les 3 infidèles se font enfermer à Château-Gaillard. La femme du Hutin finira étouffée dans sa prison le jour du sacre de son mari... Hasard ?

Philippe V le Long

Pourquoi le Long ? A cause de sa grande taille, tiens ! Roi de France et de Navarre de 1316 à 1322, son gisant en marbre a été réalisé vers 1327. Il meurt en 1322 à l'abbaye de Longchamp : il laisse son corps à Saint-Denis, son cœur aux Cordeliers, ses entrailles aux Jacobins.

Pendant sa maladie, Philippe vient souvent à Saint-Denis prier les reliques. On le croit guéri mais... c'est la rechute ! Nangis rapporte que le roi disait :

« Je sais que j'ai été guéri par les mérites et les prières de saint Denis. Ma rechute vient de ce que j'ai manqué de prudence... »

On notera que Philippe, c'est un des « rois maudits », mari cocu de Jeanne de Bourgogne, compromise dans l'affaire de la tour de Nesle... La moins compromise des trois, néanmoins, qui devient même reine de France !

Charles V le Sage

Roi de France de 1364 à 1380, il commande son gisant de son vivant en 1364 au sculpteur Beauneveu.

Achevé 10 ans plus tard, c'est un portrait fidèle, tout comme celui de sa femme Jeanne de Bourbon : celle-ci a un « gisant d'entrailles » (milieu du 14e siècle) venant de l'église des Célestins à Paris. Le gisant d'entrailles ? ! Oui, regardez ! La statue tient un sac de peau de bête contenant ses viscères, parce que le tombeau renfermait lesdites entrailles... d'où le nom !

Charles souffre de tuberculose, d'une maladie aux reins et de la goutte...

Du coup, il meurt en 1380 à seulement 43 ans... Jeanne, sa douce Jeanne qu'il aimait tant, sa « belle lumière » comme il l'appelle, l'avait précédé en donnant naissance à leur fille : ayant voulu se baigner malgré l'avis des médecins, elle attrapa « le mal de la mort », dit Froissart.

Jean Ier le Posthume

C'est un enfant qu'on a là, dont le règne a duré... 5 jours ! Guillaume de Nangis rapporte :

«Le 15e jour du mois de novembre de l'an 1316, la nuit qui précéda dimanche, la reine Clémence (de Hongrie, ndlr), travaillée de la fièvre quarte, mit au monde à Paris, dans le château du Louvre, un enfant mâle, premier fis du feu roi Louis... »

Son gisant en marbre date du premier tiers du 14e siècle : Jean reposait autrefois sur le même tombeau que son père...

Mais savez-vous la meilleure ?La légende veut que le petit roi ne soit pas mort, mais ai survécu. Philippe le Long l'aurait amené en Italie pour l'élever dans le secret sous le nom de Gianni Guccio. Louis de Hongrie assure même dans une lettre que le fils de sa tante est bien vivant et qu'il faut le reconnaître comme le rejeton du roi Louis X ! Un mystère de plus...

Louis XII

Sa moitié, Anne de Bretagne, meurt en 1514 : Louis (1498-1515) se retrouve veuf à 52 ans... Il a la goutte, des hémorroïdes...

Autant dire que ça ne va pas fort. On lui présente la jeune Mary, la sœur du roi anglais Henri VIII. Elle a 16 ans, elle est beeelle... Louis a de nouveau 20 ans ! Ils se marient en 1514. C'est sa « poupée anglaise » comme on la surnomme et ce ne sont que banquets et fêtes interminables et intenses...

L'historien Bayard disait que le roi, à cause de sa moitié, avait littéralement changé sa manière de vivre : il voulait dîner à 8 heures ? Elle voulait à midi ! Il voulait se coucher à 6 heures le soir ? Elle à minuit au plus tôt ! Et voilà : en 1515, Louis meurt de trop d'excès... Lui qui aimait dire que « l'amour est le roi des jeunes gens et le tyran des vieillards »...

Le tombeau de Louis et d'Anne est bien sûr l'un des plus beaux de Saint-Denis : commandé en 1515 par François Ier, réalisé en marbre de Carrare par des artistes italiens, les Juste, on voit les 12 apôtres et les 4 vertus cardinales ; sur les bas-reliefs, des épisodes des guerres d'Italie.

Ducs d'Orléans

Louis XII, petit-fils du duc d'Orléans Louis (fils de Charles V), fait ériger pour son aïeul ce tombeau en 1504 dans l'église des Célestins.

Il y fait aussi inhumer Valentine de Milan (ou Visconti), son père Charles d'Orléans, son oncle Philippe, comte de Vertus. 24 statues se tiennent dans les niches dans la partie supérieure, 8 apôtres et deux saints, Laurent et Vincent.

On remarque un petit furet accompagnant Philippe de Vertus : mais, c'est qu'il paraît vivant, aux aguets, prêt à bondir... de l'autre côté, on a un petit porc-épic accompagnant le père de Louis XII, Charles !

Le tombeau a été réalisé par les italiens Michele d'Aria, Girolamo Viscardo et Benedetto de Rovezzano. Démonté par Lenoir à la Révolution, le tombeau se retrouve divisé en 3 parties pour être exposé au musée des Monuments Français. Il gagne Saint-Denis en 1816.

Henri II et Catherine de Médicis

D'abord, voici les deux gisants, qui font un peu office d'effigies. Approchez-vous ! On les doit à Germain Pilon qui les sculpte en 1583.

Regardez un peu ces détails... Là, les plis des vêtements, ici, la texture des différents textiles, là encore, les pierres précieuses, tellement vraies... En plus, les têtes des souverains sont des portraits fidèles !

Ensuite, voilà le tombeau monumental avec les transis à l'intérieur (on n'oubliera pas que le transi de Catherine à la base était nettement plus effrayant), les priants à l'étage supérieur, les vertus cardinalices aux angles (force, justice, prudence, tempérance) et les vertus théologales (foi, charité, espérance) sur les bas-reliefs. On doit ce magnifique monument aux Italiens Primatice, Ponce Jacquio ainsi qu'à Germain Pilon, qui ont travaillé dessus entre 1560 et 1573...

Pour la petite anecdote, on sait comment Henri II a passé l'arme à gauche : le tournoi, le choc, des éclats de lance fichés dans l’œil et le crâne, la lente agonie... bref ! Mais Catherine ? Ca s'est passé comment, pour elle ? Son astrologue préféré, Ruggieri, lui avait prédit qu'elle mourrait près de Saint-Germain.

Alors, la reine évite soigneusement Saint-Germain-en-Laye et le palais des Tuileries (il dépend de Saint-Germain-l'Auxerrois) pour se faire construire un hôtel où se trouve aujourd'hui encore la colonne astronomique, près des Halles, à Paris.

Mais... quand le destin vous rattrape, on n'y peut rien... Catherine, malade, se retire à Blois en 1588. Là, quelques mois plus tard, sentant son heure venir, elle fait venir un jeune abbé, tout nouveau ici. Elle lui demande son nom : il s'appelle Julien de Saint-Germain...

Catherine meurt peu après. Saviez-vous que Catherine avait une superbe jambe gauche ? En 1793, au cours des profanations de Saint-Denis, un certain Bruley, receveur des domaines, la lui coupe au niveau du genou... Sa jambe momifiée se trouve aujourd'hui au musée Tavet-Delacour à Pontoise !

Eh bien oui, qu'on se le dise : Catherine avait de belles gambettes, qu'elle montrait dans de beaux bas de soie ! On dit qu'elle a inventé le fait de monter à cheval « à la planchette », c'est-à-dire en amazone, en posant les pieds sur une planche fixée au niveau de l'étrier. Plus pratique, elle permet aux femmes une meilleure stabilité ! Les mauvaises langues disent que la Médicis avait lancé cette mode rien que pour exhiber ses jambes...

François Ier

Un des plus beaux tombeaux de Saint-Denis, monumental, grandiose... une tombe de roi, quoi ! Philibert de l'Orme en a fait le dessin, Pierre Bontemps a sculpté la campagne du roi qui se termine par Marignan dans la partie inférieure, Jean Goujon le roi et la reine, Germain Pilon les 8 génies, Ambroise Perret les 4 évangélistes.

On remarque surtout les deux transis, dont on aperçoit les pieds, et là, je ne sais pas vous... mais on se pose une question : combien mesurait François Ier ? Lenoir dans son Musée royal des monuments français ou Mémorial de l'histoire de France et de ses monuments dit qu'en 1793, il a l'occasion de mesurer l'os de la cuisse du roi :

« Je trouvais qu'il portait près de 2 pieds, en prenant depuis la tête de l'os jusqu'à sa partie inférieure c'est à dire, l’extrémité des condyles ; proportions qui doit porter le sujet à une taille de 6 pieds environ (2 m, ndlr). C’est sans doute pour cette raison que ce prince est représenté très grand sur son tombeau, tandis que sa femme Claude est d'une petite taille. »

Claude de France, la moitié de François, meurt à l'âge de 24 ans, après 7 marmots. Fille d'Anne de Bretagne et de Louis XII, elle n'a ni la beauté, ni la grâce, ni... pas grand chose, en fait ! On l'appelle la Bonne reine, pourtant, à cause de douceur et de sa grande piété. Bon, la reine Claude...

Boiteuse comme sa mère, petite, laide (on dit que les traits de son visage ressemblent à ceux de son père, lui aussi pas bien gâté par la nature), assez grosse, elle se marie à 14 ans en 1514 au futur François Ier. Celui-ci dira de sa femme : « Rien en la personne de cette fille de roi ne me séduit, je l'estime mais je ne pourrai jamais l'aimer »... O.K., là, c'est clair ! Claude ne va servir qu'à pondre des enfants, 7 enfants presque coup sur coup... Au septième, la reine meurt. Nous sommes en 1524...

Petites histoires pendant la Révolution

Dès 1793, c'est le chaos à Saint-Denis (Franciade comme elle a été rebaptisée). Il faut détruire tous ces symboles royaux, tout, tout, et fissa !

Les détails des exhumations ont été consignés et on les découvre aujourd'hui, entre horreur et étonnement... Tout commence en octobre 1793, lorsqu'on ouvre le caveau des Bourbon, dans la crypte.

On commence par le corps d'Henri IV : tiens, très bien conservé, le Vert-Galant, son visage aussi !

On trouve dans son crâne scié, à la place du cerveau, de l'étoupe imbibée d'aromates, qui sent horriblement fort...

On l'expose plusieurs jours dans son suaire debout contre un mur, avant de le placer dans une fosse. Les gens en profite pour le frapper, lui, là, le roi, le tyran ! Un soldat lui coupe quelques mèches de sa barbe, se la met en guise de moustache et rigole que maintenant, il est roi, lui aussi...

On continue ensuite avec les autres Bourbons : Louis XIII paraît bien conservé (il a toujours sa moustache), Louis XIV aussi mais il est tout noir ! Pour Louis XV, à peine sorti, il tombe en une « poussière nauséabonde » à tel point qu'il faut tirer des coups de fusil pour assainir l'air !

Des ouvriers tombent même malades... manquerait plus qu'une malédiction à la Toutankhamon sur Saint-Denis !On continue le boulot, pourtant. Pour François Ier et les siens, c'est autre chose ; on rapporte qu'une eau noire coulait des cercueils !

Sans parler de l'odeur, insupportable... On retrouve dans le cercueil de Charles V une couronne, un sceptre et une main de justice, dans celui de sa femme Jeanne de Bourbon un anneau doré, un fuseau de quenouille, des chaussures « à la poulaine ». De quoi se mettre de sympathiques petits souvenirs dans la poche...

Bref, tous ces corps exhumés finissent dans deux grandes fosses communes creusées à côté de la basilique, dont le fond a été recouvert de chaux vive. On les inhume, d'accord, mais vous pensez bien qu'on récupère le plomb des cercueils !Et oui, donné à des préposés du gouvernement appelés « commissaires aux accaparements », on va le fondre pour en faire des armes et des munitions...

Rien ne se perd, oui : même chose pour les noms des rois, écrits sur des plaques en cuivre, qu'on vend et qu'on retrouve plus tard chez des marchands chaudronniers... pour en faire des casseroles ! (vu dans Promenades aux sépultures royales de St Denis)

Alexandre Lenoir : le sauveteur de Saint-Denis !

La Révolution ! 1793 : on est en ébullition. Il faut à tout prix détruire tout ce qui rappelle la royauté, la religion, on supprime les abbayes, les couvents, on ferme les églises.

Toutes les œuvres d'arts, devenues bien nationaux, vont être détruites à jamais... Et à Saint-Denis, on a du boulot, avec tous ces tombeaux de rois... Un homme refuse : Lenoir !

Remercions-le, ce monsieur, parce que sans lui, on n'aurait plus aucun gisant à Saint-Denis... Il va diriger les destructions de la nécropole, décider de ce qui sera gardé où non pour les exposer dans un lieu donné : le musée des Monuments Français (1795-1816).

Il doit même mentir pour sauver certaines pièces, comme avec le tombeau d'Henri Ier de Bourbon, prince de Condé : les figures en bronze du mausolée, signées Jacques Sarazin, doivent partir à la fonte... non, lui vivant, jamais !! 

Lenoir recouvre donc les personnages avec « une couleur blanche délayée à la colle », avoue-t-il dans son Journal. Une ruse qui aurait pu le conduire direct à l’échafaud...

Une fois la tourmente passée, il lave la colle et hop, les statues se retrouvent dans son musée. Aujourd'hui, elles se trouvent au château de Chantilly (60)...Alexandre fait des émules ! Son fils Albert crée le musée du Moyen-Age (Cluny) à Paris à la fin du 19e siècle, musée qu'il dirigera des années durant...

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !