Ronsard est né au manoir familial de La Possonnière. Rencontre avec le grand poète dans les premiers moments de sa vie !
Le fils de Jeanne Chaudrier et Louis de Ronsard
Pierre est le dernier des 5 enfants de Louis de Ronsard et de Jeanne Chaudrier, né au château de la Possonnière, le 11 septembre 1525 :
« L’an que le roi François fut pris devant Pavie, Le jour d’un samedi, Dieu me prêta la vie, L’onzième de septembre... »
Pierre a 5 frères et sœurs, dont deux meurent à la naissance :
- Claude, gentilhomme de l’Hôtel ;
- Charles, l'homme d’Église ;
- Louise, la fille d’honneur de la reine Éléonore d'Autriche.
Ses aïeux sont du Vendômois : une vieille famille de gardes-forestiers (« sergents-fiéffés ») de la verte forêt de Gastine, qui finissent par entrer au service personnel du roi.
- Son grand-père, Olivier de Ronsard, devient échanson de Louis XI !
- Son père, Louis, sert bravement 3 rois, se bat en Italie aux cotés de Louis XII.
Il épouse Jeanne, en 1515 : il a 47, elle 35... c’est un remariage !
Les origines de la dame sont à chercher dans le Sud-Ouest : elle aime raconter à ses enfants l'histoire de cet ancêtre ayant repris le port de La Rochelle aux Anglais, en 1372...
De son père, le petit Pierre apprend les faits d’armes, la fidélité sans failles au roi. De sa mère, les grands faits de l’Histoire de France à travers ceux de sa famille.
Baptême… champêtre !
À peine le petit Pierre né, que ses parents veulent le faire baptiser !
Vite, vite, on l’emmaillote et on le porte à l’église toute proche de l’actuelle commune de Vallée-de-Ronsard.
On emprunte un raccourci à travers champs.
Dictionnaire historique et critique (Pierre Bayle, 1697) raconte :
« La femme qui le portait, traversant un pré, le laissa tomber par mégarde sur l’herbe et les fleurs, qui le reçurent plus doucement ; et eut encore cet accident une autre rencontre, qu’une demoiselle qui portait un vaisseau plein d’eau de roses, pensant aider à recueillir l’enfant, lui renverse sur le chef une partie de l’eau de senteur : qui fut un présage des bonnes odeurs dont il devait remplir toute la France de ses écrits. »
La destinée de Pierre
Cinq années...
De sa naissance jusqu’à ses 5 ans, son paternel est en Espagne : il est le maître d’hôtel des enfants de France, alors gardés en otage en Espagne contre la liberté de leur père, François Ier.
Le petit Pierre est élevé par sa mère jusqu’au retour du père.
Un temps béni. À galoper dans les herbes hautes, la tête remplie des pépiements d'oiseaux et du bruissement de l'eau fraîche des ruisseaux...
Au retour du père, on destine Pierre à une carrière de robe. On le place sous l’aile de son oncle Jean, chanoine du Mans.
Mais il meurt en 1535... Pierre est alors envoyé 6 horribles mois au collège de Navarre, à Paris, ce qui le vaccine à vie contre les études. Il ne voudra plus jamais en entendre parler (pour le moment) !
Il revient alors à La Possonnière et ses rêveries solitaires.
Une carrière d'ambassadeur ?
Devant le peu d’enthousiasme de Pierre face aux études, le père se résout « à le dédier à la profession des armes pour laquelle il voyait qu’il avait le corps bien composé. »
Il pense à l’envoyer comme page ou valet d’écurie à la cour du roi. Un début, qui pouvait mener à une carrière d’ambassadeur ou de capitaine ! Louis est ravi.
Pierre quitte La Possonnière pour les bords du Rhône, où se trouve la cour, il a 11 ans.
D’abord au service du dauphin François qui meurt brutalement à Tournon, il passe à celui du 3e fils de François Ier, futur Henri II... avant de connaître la gloire en tant que poète.
Mais ça, c'est une autre histoire !
L’enfant de la région
Ronsard ne reviendra qu’à de rares occasions à la Possonnière, mais chantera dans ses strophes la région de son enfance :
« Terre, qui première, En tes bras m’as reçu, Quand la belle lumière Du monde j’aperçus. Et toi, Braye, qui roule En tes eaux fortement, Et toi, mon Loir, qui coule Un peu plus lentement... »
Sur le Loir, il écrit dans ses Odes (1550-1552) :
« Source d’argent toute pleine, Dont le beau cours éternel Fuit pour enrichir la plaine De mon pays paternel. Sois toute orgueilleuse et fière de le baigner de ton eau, Nulle Françoise rivière N’en peut laver un plus beau... Ciel, air et vents, plaines et monts découverts, Tertres vineux et forêts verdoyantes, Rivages tors et sources ondoyantes, Taillis ras et bocages verts... Loir, dont le cours heureux distille Au sein d’un pays si fertile, Fait bruire mon renom D’un grand son en tes rives, Qui se doivent voir vives par l’honneur de mon nom... L’été je dors ou me repose Sur ton herbe, où je compose, Caché sous tes saules verts... »
Sa région, Pierre l’a dans la peau. À tel point qu’il accolera plus tard à son nom le qualificatif de « gentilhomme Vandômois» !
Sources
- Pierre Champion. Ronsard et son temps. 1926.
- Achille de Rochambeau. La famille de Ronsard : recherches généalogiques, historiques et littéraires. 1868.
- Henri Longnon. Pierre de Ronsard : essai de biographie. 1912.