La mort de Louis XVIII, le roi-fauteuil obèse et gangréné

Louis XVIII (J.-B. J. Augustin, 1822)Louis XVIII (J.-B. J. Augustin, 1822) | ©The Cleveland Museum of Art / CC0

Le roi Louis XVIII, l'un des frères de Louis XVI, meurt le 16 septembre 1824 à l’âge de 68 ans. La cause ? Gangrène sénile... Il repose à Saint-Denis.

Le « roi fauteuil »

Louis XVIII souffre de diabète « en évolution depuis l’adolescence », accompagné d'une goutte chronique dégénérant en gangrène.


Résultat : il ne se déplaçait plus, les dernières années de sa vie, qu’en fauteuil roulant. D'où son surnom étonnant de « roi-fauteuil. »


À cela s’ajoutent varices, maladies de peau, ulcères à l’estomac... et obésité presque morbide, car il ne fait pas d’exercice et a un bon coup de fourchette !

Un discours... lamentable !

Dès le mois de mars 1824, Louis XVIII montre des signes de faiblesse. Notamment lors du discours de l’ouverture de la session des Chambres.


Louis « avait ânonné et bredouillé d’une façon lamentable. » Comme sa vue a baissé, on avait pourtant pris soin d’écrire son discours en très grosses lettres !


Le speech est long, interminaaable ! Tout le monde est soulagé quand il se termine.

Mort de Louis XVIIIMort de Louis XVIII | ©Paris Musées - Musée Carnavalet / CC0

Sa tête a heurté le bureau !

La santé du roi empire de jour en jour. Un jour, à Saint-Cloud, on le retrouve affaissé sur son bureau, tête pendante. Le gentilhomme de service l’appelle, puis lui touche le bras, avant de le secouer. Rien !


Les médecins accourent : le pouls est faible, ils constatent que la tête a heurté le bureau. Cela a entraîné un traumatisme et une plaie sanguinolente !


Au moment où l'on se décide à le saigner, le roi reprend connaissance : mécontent, il chasse tout le monde de son bureau...

Un roi qui part... en morceaux

La situation continue d’empirer : voila maintenant la gangrène qui gagne un pied et le bas de la colonne vertébrale.


Le valet de chambre,

« en retirant les bas de sa Majesté, trouve des fragments de doigts du pied gauche : l’orteil et un autre doigt sont presque tombés. Les chairs sont comme molles et insensibles. Il est vraiment épouvantable de le voir s’en aller tout vivant par morceaux... »

L'horreur ! Les chaussures de cuir lui étant devenues insupportables, il a dû adopter des bottes en velours qu’il ne quittera plus.

Tombe de Louis XVIII, Saint-DenisTombe de Louis XVIII, Saint-Denis | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

Œil qui coule et gangrène galopante

Le 11 septembre, le roi perd la mémoire. Le 12, il s’alite, pour ne plus jamais se lever. La fièvre le gagne. Il est agité, il a trop chaud, soif, des douleurs aux jambes...


Le 14, il « perd un œil qui coule et tout le corps se décompose insensiblement. » Le 15, la gangrène se propage. La respiration est difficile depuis quelques jours, déjà.


Il « conserve sa connaissance, il veut ouvrir la bouche mais ne fait entendre que des sons inarticulés. »

Une odeur pestilentielle

La nuit qui précède la mort, on entend un râle plus fort, soudain. On pense que c’est fini… En fait, non ! « C’était ce pauvre M. d’Havré (proche de Louis XVIII, ndlr) qui s’était endormi et qui ronflait ! »


La mort du roi ne tarde pourtant pas. On approche un bougeoir de son visage. « Il était noir et jaune, la bouche ouverte, une figure effrayante. » L’odeur près du lit est « à renverser »… Il est 4 heures du matin.

Tombe de Louis XVIII, Saint-DenisTombe de Louis XVIII, Saint-Denis | ©Anecdotrip / CC-BY-NC-SA

Le dernier roi inhumé à Saint-Denis

Louis XVIII est le tout dernier roi de France à avoir été inhumé dans la nécropole royale de la basilique Saint-Denis.


Oui ! Son frère et successeur le roi Charles X, mort en exil en 1836, a été enterré... en Slovénie !


Louis XVIII repose dans la crypte, aux côtés des corps des rois de France exhumés en 1793 par les révolutionnaires puis entassés dans des fosses communes voisines de la basilique. En 1817, c'est lui qui fait rechercher les os et les fait inhumer dans la crypte. Pour s'y faire enterrer à son tour !

Sources

Augustin CabanèsLes morts mystérieuses de l’HistoireAlbin Michel, 1910

Georges BordonoveLouis XVIIIPygmalion, 2010

Daniel de MontplaisirLa mort de Louis XVIIIPerrin, 2014