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La mort de George Sand à Nohant

Quand : 8 juin 1876

Tombe de George Sand, Nohant | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA
Maison Lieu de sépulture George Sand Maison de George Sand

George Sand s'éteint à Nohant, le 8 juin 1876, à 71 ans, au cœur du domaine acheté par sa grand-mère, en 1793.

Son refuge, son paradis : « Combien de fois Nohant m'a-t-il sauvée de Paris? » confie-t-elle dans Histoire de ma vie.

« Laissez... verdure »

C'est dans cette petite chambre bleue, au premier étage de la maison berrichonne, que George passe les dernières années de sa vie. Elle s'y éteint le 8 juin 1876.

George souffre depuis un moment de douleurs d'estomac. Sans rien dire, sans rien laisser paraître, elle continue d'écrire, travaille d'arrache-pied.

Le 30 mai, elle se sent vraiment trop mal, fait appeler le médecin de famille. « Paralysie des entrailles », diagnostique celui-ci, blême.

George entame une agonie de 8 jours. Un long calvaire qui la fait soupirer : « Ne pourrait-on me faire mourir plus vite ! »

Elle ne se plaindra pas. Jamais. Autour d'elle, son fils adoré Maurice, ses précieuses petites-filles Aurore et Gabrielle.

« - Ah, mes chéries, que je vous aime ! » Et son regard les dévorait, un regard avide et profond, un regard qui semblait dire « Je veux bien vous voir, car bientôt je ne vous verrai plus. »

La dernière nuit, une heure avant de rendre l'âme, George souffle ses derniers mots (vu dans Le Rappel du 13/06/1876) :

« Elle a ouvert les yeux et d’une voix faible mais distincte elle a dit : « Adieu ! adieu ! je vais mourir. » Puis elle a repris : « Verdure. Laissez verdure. » Ses enfants ont cru d'abord que le délire la prenait ; mais, après une pause, elle a répété : « Laissez verdure ! » Et ces mots ont été les derniers qu'elle a prononcés. On s'est souvenu alors qu'elle n'avait pas été contente qu'on mît sur la tombe de ses petits-enfants une croix et une pierre, et on a compris que celle qui a si bien aimé et si bien traduit la nature demandait qu'on laissât, pour tout monument, la verdure venir sur sa tombe. »
Chambre de Sand à Nohant (V. Santaolaria)

Chambre de Sand à Nohant (V. Santaolaria) | ©Paris Musées - Musée de la Vie romantique / CC0

Pas de messe pour George ?

George n'a jamais voulu de prêtre à son chevet, pendant son agonie. Elle ne s'est pas confessée, elle, l'anticléricale, la républicaine !

Ce qui a failli poser problème pour l’enterrement. Pas de prêtre, pas d'église ? Impossible !

Le Rappel du 13/06/1876 rapporte que la chose « ne serait pas comprise dans un village, et que les paysans s'étonneraient et s'indigneraient que leur bonne dame, comme ils appellent Mme Sand, fût portée au cimetière sans passer par la chapelle. »

Solange, la fille de George, expédie une demande expresse à l'archevêque de Bourges, pour « permettre à M. le curé de Nohant-Vic de l’enterrer religieusement. »

Permission accordée ! Pfiou, on a frôlé la catastrophe...

Le petit cimetière du domaine de Nohant

Le petit cimetière du domaine de Nohant | ©Anecdotrip.com / CC-BY-NC-SA

Pluie et ciel gris

Les amis fidèles ont fait le long voyage depuis Paris.

Renan, Flaubert qui « pleure comme un veau » (ses propres mots)… et Dumas fils, qui a passé une nuit blanche à rédiger un discours pour rien... Victor Hugo l'avait devancé !

C'est Paul Meurice qui lit sur la tombe de George ce texte envoyé depuis Paris par le grand romancier, qui commence par le mythique : « Je pleure une morte, et je salue une immortelle... »

Le quotidien Le Rappel du 13/06/1876 raconte :

« Les obsèques de George Sand ont eu lieu samedi à midi. Il avait plu toute la matinée ; mais, quand le cercueil est sorti du château, il ne tombait plus que quelques gouttes et il n'en tombait plus du tout au cimetière ; seulement, le ciel était gris et morne. Le cercueil a été porté à bras jusqu'à la petite chapelle paysanne de Nohant. Il n'y a pas eu de service religieux, il n'y a pas eu de messe. Le curé de Vicq a simplement dit l’absoute. Le cercueil, que couvraient entièrement deux grandes couronnes de pensées et d'œillets blancs, a été ensuite porté au cimetière qui touche à la chapelle. »

Le Siècle du 12 juin 1876 ajoute :

« La bière couverte de larges couronnes de fleurs, a été apportée à bras dans l’église par quatre paysans en blouse bleue. Des femmes marchaient derrière en assez grand nombre. »
George Sand par Nadar, 1864

George Sand par Nadar, 1864 | ©Eleanor Jaekel / Public domain

Les adieux à la Bonne dame de Nohant

Gens de lettres, bourgeois, paysans de Nohant et des environs, tous viennent dire au revoir à leur bonne dame. Enfants comme vieillards pleurent à chaudes larmes.

George a toujours eu une tendresse particulière pour les gens de Nohant : elle accueille « affectueusement les villageois qui l'entourent, les reçoit à sa table, les écoute, les encourage, les console dans leurs chagrins, dans leurs maladies. »

Profils intimes, nouvelles indiscrétions parisiennes (Adrien Marx, 1880) raconte :

« J’ai aperçu des vieillards qui, pendant trois heures, ont reçu ce déluge sur leur tête nue. L’eau plaquait leurs cheveux blancs, contre leurs tempes flétries, et coulait de leur front sur leurs joues où elle se confondait avec leurs larmes. »

Avant d'ajouter :

« On eût pu lui faire des funérailles plus pompeuses, il était impossible de lui en faire de plus touchantes. George Sand est plus grande au fond de cette fosse étroite et dans ce modeste champ de repos que sous un mausolée du Père-Lachaise entre deux monuments célèbres. »

Sources

  • Adrien Marx. Profils intimes, nouvelles indiscrétions parisiennes. 1880.
  • Eugène de Mirecourt. Les contemporains : George Sand. 1856.

À propos de l'auteure

Vinaigrette
Passionnée par les balades et par l'Histoire, grande ou petite... pleine de détails bien croustillants, si possible !